Transa Café L'Or : Toujours sur le départ !
Lointaine promesse la semaine passée, la Martinique devient un objectif bien réel, palpable dans la moiteur des cockpits et ils sont presqu’aussi nombreux qu’au Havre à pouvoir l’emporter à Fort de France !
ULTIM : Pot-au-Noir, l’éternel recommencement
L’attaque de Sodebo Ultim 3 qui a multiplié les empannages à travers les îles et le passage dans l’Est d’Actual Ultim 4 ont animé la cartographie de la course toute la journée d’hier mais elles sont été neutres, voire défavorables au classement pour ces deux chasseurs. A l’heure où le Maxi Banque Populaire XI sort à son tour de l’archipel du Cap Vert qu’il a traversé en plein milieu, les différentes options ont surtout conforté SVR-Lazartigue dans son décalage Ouest, là où, dans les livres, le Pot-au-Noir est le moins actif. Qu’en sera-t-il aujourd’hui ? « Ça ne commence pas très bien ! répondait Tom Laperche ce matin d’une voix un peu lasse. On a bien passé les premiers grains, mais là, on est complètement arrêté et les voiles font flip flap... » Un oeil sur les cadrans, un autre sur les positions qui montraient au moment de la vacation une entrée plus facile de Sodebo dans la Zone de Convergence Intertropicale, on sentait le skipper de SVR Lazartigue préoccupé : « On regarde les images satellite bien sûr mais les nuages se forment tellement vite que c’est très aléatoire. C’est comme savoir où éclatera la première bulle dans la casserole qui boue ! » De fait, Sodebo s’est montré presque deux fois plus rapide sur les quatre dernières heures avec 15 noeuds de moyenne en rapprochement au but contre moins de 9 pour SVR Lazartigue...
Garder son sang froid dans la moiteur et avoir un peu de réussite seront les clefs pour s’extirper au plus vite de ce Pot au Noir assez copieux. C’est le sixième passage de Tom Laperche, Franck Cammas ne les compte plus et les deux hommes ont sans doute l’ULTIM le plus agile pour se déhaler dans le vent faible. Mais comme ces machines démarrent à 30 noeuds dès que la brise est revenue, les écarts peuvent se faire et se défaire très vite.
Avec 100 milles de décalage latéral, les leaders savent qu’il leur faut conserver le maximum d’avance car le bord de reaching qui les attend ensuite vers San Pedro et San Paolo sera plus favorable aux concurrents positionnés dans l’Est qui jouiront d’un meilleur angle. Bientôt à mi-parcours de cette TRANSAT CAFÉ L’OR, le match des ULTIM est loin d’être joué.
IMOCA : Haut les filles !
Elles assurent les skippeures en IMOCA ! Avec 11th Hour Racing toujours en tête et Team Snef - Teamwork qui se hisse sur le podium, voilà donc deux femmes à la tête d’équipages mixtes aux premières loges de la TRANSAT CAFÉ L’OR. Une première dans les annales de la course au large à ce stade de la compétition.
Et compétition il y a ! Avec le regroupement en entrée de dorsale, les 9 premiers se tiennent en 30 milles. Après 2000 milles de course, les IMOCA ouvrent le deuxième chapitre de leur transat collés serrés. La tête de flotte est passée du bon côté de la dorsale et navigue ce matin dans un petit flux de Nord-Est d’une dizaine de noeuds, cap au Sud. Le Sud, c’est le sésame sur cet Atlantique perturbé par de multiples passages de front qui prennent l’alizé à rebrousse-poil et mettent la pagaille dans les champs de vent comme l’explique Will Harris : « Nous avons 24 heures de vent devant nous où on s’attend à ce que ça pousse fort derrière. On va continuer à descendre Sud car l’alizé va être perturbé ensuite par une dépression dans notre Nord. Ça fera tampon mais on pourrait aussi redémarrer plus vite, let’s see ! »
En tête depuis 36 heures sur 11th Hour Racing, le britannique garde la tête froide et ne veut surtout pas changer ses habitudes : « Avec Francesca, on reste sur le même rythme, comme on a fait depuis le début. Elle travaille beaucoup sur les réglages et la marche du bateau, je suis plus focalisé sur la stratégie et la route. On se connait bien et ça fonctionne ! »
Derrière ce couple de leaders qui navigue avec 20 milles d’avance sur le groupe de poursuivants, les favoris n’ont pas dit leur dernier mot, mais tout est à refaire. C’est le cas pour Charal et Macif Santé Prévoyance alors que Allagrande Mapei doit ronger son frein dans ces conditions mollassonnes, pas celles que préfèrent les plans Koch Finot Conq.
Des conditions qui devraient permettre à Association Petits Princes-Queguiner de ne pas trop perdre lors de leur pit-stop à Fuertevenura. Elodie Bonafous et Yann Eliès sont attendus là bas par leur équipe pour quatre heures minimum d’escale destinée à réparer correctement leur puits de quille qui ne leu permet pas de basculer l’appendice au delà de 18 degrés...
Ocean Fifty : Edenred 5, patron au Cap Vert
C’est le grand gagnant de la première semaine. Edenred 5, dernier Ocean fifty mis à l’eau, mené par un équipage novice en multicoque océanique, impose son rythme et creuse mille après mille sur ses concurrents. C’est Viabilis Oceans (Baptiste Hulin-Thomas Rouxel) qui s’accroche le mieux à 50 milles et derrière, l’écart doit s’apprécier au regard de la distance restant à parcourir vers Fort de France. 2200 milles, la route est encore longue mais le matelas d’Edenred 5 va leur permettre de contrôler dans un alizé qui commence à être établi et laissera peu d’options pour se démarquer. « On va quand même être obligés d’empanner après le dernier way-point pour se décaler un peu au Sud et éviter le dévent des îles les plus hautes » expliquait ce matin Manu Le Roch, très satisfait on s’en doute de la situation : « Hier, ça a bien glissé pour tout le monde et on voit qu’on est un peu plus rapide que les copains ce qui est de bon augure. Ça va nous permettre de contrôler sans prendre trop de risques, ni en conduite, ni en stratégie. Pour l’instant, Basile a fait un sans faute de ce côté là et on est confiant pour la suite. Rien ne nous empêche d’aller vite ! »
En avance sur les routages d’avant départ, les Ocean Fifty cavalent dans des conditions idéales pour des multicoques légers, portant medium et mer maniable. Attention toutefois aux excès de vitesse dans un alizé qui va forcir en milieu de semaine sur la route de Fort de France !
Class40 : 39 bateaux au départ, 1 tandem en ballotage
Les frères Courbon (RDT Logistic-Forvis Mazars) sont toujours à une centaine de milles des côtes espagnoles et ont 72 heures pour se présenter sur la ligne de départ de la deuxième étape qui sera donné aujourd’hui à 13 heures. Un départ à l’anglaise (route libre, pas de bouée de dégagement) pour les 39 Class40 amarrés à La Corogne, donné en bout de digue dans 10 noeuds de vent calé au Sud-Ouest. « La petite rotation de vent à droite en milieu d’après midi permettra aux concurrents de faire un petit bord de décalage vers le Nord avant de piquer à l’ouest » explique Pierre-Yves Guillerm qui scrute le passage des dépressions sur l’Atlantique qui pourraient concerner les concurrents même s’ils sont cantonnés au Sud des Açores.
« Les routages au Nord restent gagnants dit de son côté Yann Chateau de la Direction de course, mais si on dégrade un peu les polaires pour tenir compte de l’état de la mer sur la route directe, la route Sud devient gagnante. Bref, ça s’annonce très ouvert ! »
Avec des écarts assez faibles entre les leaders de la première étape - deux heures entre les 10 premiers -, c’est vraiment une nouvelle course qui s’ouvre pour tous, sachant que l’escale galicienne aura permis à chacun de remettre son bateau à 100% et qu’il reste 3200 milles à courir jusqu’à Fort de France. ETA des routages pour les premiers, le 14 novembre.
Pensez à consulter les prévisions sur METEO CONSULT Marine.