Transa Café L'Or : Toujours sur le départ !

Par Le Figaro Nautisme
carte de la course Transat Café L\'Or

Le café continue de chauffer sur les fourneaux de l’Atlantique. Voilà bientôt une semaine que la TRANSAT CAFÉ L’OR Le Havre Normandie a quitté le Havre et les skippers sont encore tous sur le départ. C’est le grand jour à La Corogne pour les Class40 qui vont s’élancer à 13 heures pour 3200 milles vers Fort de France. Les Ocean Fifty contournent leur dernière marque de parcours avant de foncer dans l’alizé vers les Caraïbes. Les IMOCA redémarrent doucement du côté de Fuerteventura, l’île canarienne qui ne porte pas encore très bien son nom. Quant aux ULTIM, ils rentrent dans le Pot au Noir, l’occasion rêvée pour contester le leadership de SVR-Lazartigue depuis Ouessant.

Lointaine promesse la semaine passée, la Martinique devient un objectif bien réel, palpable dans la moiteur des cockpits et ils sont presqu’aussi nombreux qu’au Havre à pouvoir l’emporter à Fort de France !


ULTIM : Pot-au-Noir, l’éternel recommencement

L’attaque de Sodebo Ultim 3 qui a multiplié les empannages à travers les îles et le passage dans l’Est d’Actual Ultim 4 ont animé la cartographie de la course toute la journée d’hier mais elles sont été neutres, voire défavorables au classement pour ces deux chasseurs. A l’heure où le Maxi Banque Populaire XI sort à son tour de l’archipel du Cap Vert qu’il a traversé en plein milieu, les différentes options ont surtout conforté SVR-Lazartigue dans son décalage Ouest, là où, dans les livres, le Pot-au-Noir est le moins actif. Qu’en sera-t-il aujourd’hui ? « Ça ne commence pas très bien ! répondait Tom Laperche ce matin d’une voix un peu lasse. On a bien passé les premiers grains, mais là, on est complètement arrêté et les voiles font flip flap... » Un oeil sur les cadrans, un autre sur les positions qui montraient au moment de la vacation une entrée plus facile de Sodebo dans la Zone de Convergence Intertropicale, on sentait le skipper de SVR Lazartigue préoccupé : « On regarde les images satellite bien sûr mais les nuages se forment tellement vite que c’est très aléatoire. C’est comme savoir où éclatera la première bulle dans la casserole qui boue ! » De fait, Sodebo s’est montré presque deux fois plus rapide sur les quatre dernières heures avec 15 noeuds de moyenne en rapprochement au but contre moins de 9 pour SVR Lazartigue...

Garder son sang froid dans la moiteur et avoir un peu de réussite seront les clefs pour s’extirper au plus vite de ce Pot au Noir assez copieux. C’est le sixième passage de Tom Laperche, Franck Cammas ne les compte plus et les deux hommes ont sans doute l’ULTIM le plus agile pour se déhaler dans le vent faible. Mais comme ces machines démarrent à 30 noeuds dès que la brise est revenue, les écarts peuvent se faire et se défaire très vite.

Avec 100 milles de décalage latéral, les leaders savent qu’il leur faut conserver le maximum d’avance car le bord de reaching qui les attend ensuite vers San Pedro et San Paolo sera plus favorable aux concurrents positionnés dans l’Est qui jouiront d’un meilleur angle. Bientôt à mi-parcours de cette TRANSAT CAFÉ L’OR, le match des ULTIM est loin d’être joué.

IMOCA : Haut les filles !

Elles assurent les skippeures en IMOCA ! Avec 11th Hour Racing toujours en tête et Team Snef - Teamwork qui se hisse sur le podium, voilà donc deux femmes à la tête d’équipages mixtes aux premières loges de la TRANSAT CAFÉ L’OR. Une première dans les annales de la course au large à ce stade de la compétition.

Et compétition il y a ! Avec le regroupement en entrée de dorsale, les 9 premiers se tiennent en 30 milles. Après 2000 milles de course, les IMOCA ouvrent le deuxième chapitre de leur transat collés serrés. La tête de flotte est passée du bon côté de la dorsale et navigue ce matin dans un petit flux de Nord-Est d’une dizaine de noeuds, cap au Sud. Le Sud, c’est le sésame sur cet Atlantique perturbé par de multiples passages de front qui prennent l’alizé à rebrousse-poil et mettent la pagaille dans les champs de vent comme l’explique Will Harris : « Nous avons 24 heures de vent devant nous où on s’attend à ce que ça pousse fort derrière. On va continuer à descendre Sud car l’alizé va être perturbé ensuite par une dépression dans notre Nord. Ça fera tampon mais on pourrait aussi redémarrer plus vite, let’s see ! »

En tête depuis 36 heures sur 11th Hour Racing, le britannique garde la tête froide et ne veut surtout pas changer ses habitudes : « Avec Francesca, on reste sur le même rythme, comme on a fait depuis le début. Elle travaille beaucoup sur les réglages et la marche du bateau, je suis plus focalisé sur la stratégie et la route. On se connait bien et ça fonctionne ! »

Derrière ce couple de leaders qui navigue avec 20 milles d’avance sur le groupe de poursuivants, les favoris n’ont pas dit leur dernier mot, mais tout est à refaire. C’est le cas pour Charal et Macif Santé Prévoyance alors que Allagrande Mapei doit ronger son frein dans ces conditions mollassonnes, pas celles que préfèrent les plans Koch Finot Conq.

Des conditions qui devraient permettre à Association Petits Princes-Queguiner de ne pas trop perdre lors de leur pit-stop à Fuertevenura. Elodie Bonafous et Yann Eliès sont attendus là bas par leur équipe pour quatre heures minimum d’escale destinée à réparer correctement leur puits de quille qui ne leu permet pas de basculer l’appendice au delà de 18 degrés...

Ocean Fifty : Edenred 5, patron au Cap Vert

C’est le grand gagnant de la première semaine. Edenred 5, dernier Ocean fifty mis à l’eau, mené par un équipage novice en multicoque océanique, impose son rythme et creuse mille après mille sur ses concurrents. C’est Viabilis Oceans (Baptiste Hulin-Thomas Rouxel) qui s’accroche le mieux à 50 milles et derrière, l’écart doit s’apprécier au regard de la distance restant à parcourir vers Fort de France. 2200 milles, la route est encore longue mais le matelas d’Edenred 5 va leur permettre de contrôler dans un alizé qui commence à être établi et laissera peu d’options pour se démarquer. « On va quand même être obligés d’empanner après le dernier way-point pour se décaler un peu au Sud et éviter le dévent des îles les plus hautes » expliquait ce matin Manu Le Roch, très satisfait on s’en doute de la situation : « Hier, ça a bien glissé pour tout le monde et on voit qu’on est un peu plus rapide que les copains ce qui est de bon augure. Ça va nous permettre de contrôler sans prendre trop de risques, ni en conduite, ni en stratégie. Pour l’instant, Basile a fait un sans faute de ce côté là et on est confiant pour la suite. Rien ne nous empêche d’aller vite ! »

En avance sur les routages d’avant départ, les Ocean Fifty cavalent dans des conditions idéales pour des multicoques légers, portant medium et mer maniable. Attention toutefois aux excès de vitesse dans un alizé qui va forcir en milieu de semaine sur la route de Fort de France !

Class40 : 39 bateaux au départ, 1 tandem en ballotage

Les frères Courbon (RDT Logistic-Forvis Mazars) sont toujours à une centaine de milles des côtes espagnoles et ont 72 heures pour se présenter sur la ligne de départ de la deuxième étape qui sera donné aujourd’hui à 13 heures. Un départ à l’anglaise (route libre, pas de bouée de dégagement) pour les 39 Class40 amarrés à La Corogne, donné en bout de digue dans 10 noeuds de vent calé au Sud-Ouest. « La petite rotation de vent à droite en milieu d’après midi permettra aux concurrents de faire un petit bord de décalage vers le Nord avant de piquer à l’ouest » explique Pierre-Yves Guillerm qui scrute le passage des dépressions sur l’Atlantique qui pourraient concerner les concurrents même s’ils sont cantonnés au Sud des Açores.

« Les routages au Nord restent gagnants dit de son côté Yann Chateau de la Direction de course, mais si on dégrade un peu les polaires pour tenir compte de l’état de la mer sur la route directe, la route Sud devient gagnante. Bref, ça s’annonce très ouvert ! »

Avec des écarts assez faibles entre les leaders de la première étape - deux heures entre les 10 premiers -, c’est vraiment une nouvelle course qui s’ouvre pour tous, sachant que l’escale galicienne aura permis à chacun de remettre son bateau à 100% et qu’il reste 3200 milles à courir jusqu’à Fort de France. ETA des routages pour les premiers, le 14 novembre.

Pensez à consulter les prévisions sur METEO CONSULT Marine.

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Nathalie Moreau
Nathalie Moreau
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Nathalie Moreau est l’atout voyage et évasion de l’équipe, elle est passionnée de croisières et de destinations nautiques. En charge du planning rédactionnel du site figaronautisme.com et des réseaux sociaux, Nathalie suit de très près l’actualité et rédige chaque jour des news et des articles pour nous dépayser et nous faire rêver aux quatre coins du monde. Avide de découvertes, vous la croiserez sur tous les salons nautiques et de voyages en quête de nouveaux sujets.
Gilles Chiorri
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Gilles Chiorri
Associant une formation d’officier C1 de la marine marchande et un MBA d’HEC, Gilles Chiorri a sillonné tous les océans lors de nombreuses courses au large ou records, dont une victoire à la Mini Transat, détenteur du Trophée Jules Verne en 2002 à bord d’Orange, et une 2ème place à La Solitaire du Figaro la même année. Il a ensuite contribué à l’organisation de nombreux évènements, comme la Coupe de l’America, les Extreme Sailing Series et des courses océaniques dont la Route du Rhum et la Solitaire du Figaro (directeur de course), la Volvo Ocean Race (team manager). Sa connaissance du monde maritime et son réseau à l’international lui donnent une bonne compréhension du milieu qui nous passionne.
Il collabore avec les équipes de METEO CONSULT et Figaro Nautisme depuis plus de 20 ans.
Sophie Savant-Ros
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Sophie Savant-Ros, architecte de formation et co-fondatrice de METEO CONSULT est entre autres, directrice de l’édition des « Bloc Marine » et du site Figaronautisme.com.
Sophie est passionnée de photographie, elle ne se déplace jamais sans son appareil photo et privilégie les photos de paysages marins. Elle a publié deux ouvrages consacrés à l’Ile de Porquerolles et photographie les côtes pour enrichir les « Guides Escales » de Figaro Nautisme.
Albert Brel
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Albert Brel, parallèlement à une carrière au CNRS, s’est toujours intéressé à l’équipement nautique. Depuis de nombreuses années, il collabore à des revues nautiques européennes dans lesquelles il écrit des articles techniques et rend compte des comparatifs effectués sur les divers équipements. De plus, il est l’auteur de nombreux ouvrages spécialisés qui vont de la cartographie électronique aux bateaux d’occasion et qui décrivent non seulement l’évolution des technologies, mais proposent aussi des solutions pour les mettre en application à bord des bateaux.
Jean-Christophe Guillaumin
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Journaliste, photographe et auteur spécialisé dans le nautisme et l’environnement, Jean-Christophe Guillaumin est passionné de voyages et de bateaux. Il a réussi à faire matcher ses passions en découvrant le monde en bateau et en le faisant découvrir à ses lecteurs. De ses nombreuses navigations il a ramené une certitude : les océans offrent un terrain de jeu fabuleux mais aussi très fragile et aujourd’hui en danger. Fort d’une carrière riche en reportages et articles techniques, il a su se distinguer par sa capacité à vulgariser des sujets complexes tout en offrant une expertise pointue. À travers ses contributions régulières à Figaro Nautisme, il éclaire les plaisanciers, amateurs ou aguerris, sur les dernières tendances, innovations technologiques, et défis liés à la navigation. Que ce soit pour analyser les performances d’un voilier, explorer l’histoire ou décortiquer les subtilités de la course au large, il aborde chaque sujet avec le souci du détail et un regard expert.
Charlotte Lacroix
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Charlotte est une véritable globe-trotteuse ! Très jeune, elle a vécu aux quatre coins du monde et a pris goût à la découverte du monde et à l'évasion. Tantôt à pied, en kayak, en paddle, à voile ou à moteur, elle aime partir à la découverte de paradis méconnus. Elle collabore avec Figaro Nautisme au fil de l'eau et de ses coups de cœur.
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Max est tombé dedans quand il était petit ! Il a beaucoup navigué avec ses parents, aussi bien en voilier qu'en bateau moteur le long des côtes européennes mais pas que ! Avec quelques transatlantiques à son actif, il se passionne pour le monde du nautisme sous toutes ses formes. Il aime analyser le monde qui l'entoure et collabore avec Figaro Nautisme régulièrement.
Denis Chabassière
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Naviguant depuis son plus jeune âge que ce soit en croisière, en course, au large, en régate, des deux côtés de l’Atlantique, en Manche comme en Méditerranée, Denis, quittant la radiologie rochelaise en 2017, a effectué avec sa femme à bord de PretAixte leur 42 pieds une circumnavigation par Panama et Cape Town. Il ne lui déplait pas non plus de naviguer dans le temps avec une prédilection pour la marine d’Empire, celle de Trafalgar …
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Après une carrière internationale d’ingénieur, Michel Ulrich navigue maintenant en plaisance sur son TARGA 35+ le long de la côte atlantique. Par ailleurs, il ne rate pas une occasion d’embarquer sur des navires de charge, de travail ou de services maritimes. Il nous fait partager des expériences d’expédition maritime hors du commun.
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Titulaire d'un doctorat en Climatologie-Environnement, Cyrille est notre expert METEO CONSULT. Après avoir enseigné la climatologie et la géographie à l'université, il devient l'un des météorologues historiques de La Chaîne Météo en intégrant l'équipe en 2000. Spécialiste de la météo marine, il intervient également en tant qu'expert météo marine pour des courses de renommée mondiale, comme la Route du Rhum, la Solitaire du Figaro, la Transat Paprec...
Irwin Sonigo
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Capitaine 200 et ancien embarqué dans la Marine nationale, Irwin Sonigo a exploré toutes les facettes de la navigation. Des premiers bords sur un cotre aurique de 1932 à la grande plaisance sur la Côte d’Azur, en passant par les catamarans de Polynésie, les voiliers des Antilles ou plusieurs transatlantiques, il a tout expérimenté. Il participe à la construction d’Open 60 en Nouvelle-Zélande et embarque comme boat pilote lors de la 32e America’s Cup. Aujourd’hui, il met cette riche expérience au service de Figaro Nautisme, où il signe des essais et reportages ancrés dans le réel.