Elévation du niveau des océans : un constat alarmiste à nuancer
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Pour les chercheurs de l'Académie américaine des sciences (PNAS), qui ont analysé une multitude de données géologiques et d'indicateurs, le niveau des océans et des mers aurait augmenté de 14 cm entre 1900 et 2000 : bien plus en 100 ans que durant les 3 derniers millénaires. Causes majeures de cette hausse impressionnante selon cette étude : l'activité industrielle et la consommation des énergies fossiles.
La vision à long terme est pessimiste : si nous continuons dans cette voie, le niveau des océans va "probablement monter de 51 cm à 1,30 mètre durant ce siècle si le monde continue à dépendre dans une aussi large mesure des énergies fossiles".
Ce constat alarmiste est à nuancer selon Régis Crépet, notre expert. Effectivement, le réchauffement climatique lié aux activités humaines et industrielles est une des causes. Mais elle n'est pas la seule : la dilatation thermique (réchauffement des eaux de surface) est à prendre en compte. Cette dernière provoque une réaction naturelle d'élévation du niveau de l'eau puisque l'eau chaude est plus "légère" que l'eau froide. La fonte des glaciers rentre également en ligne de compte mais à moindre mesure avec un apport d'eau douce. Attention à ne pas créer d'amalgames : la fonte des banquises n'est pas responsable de l'élévation du niveau des océans car la banquise est de l'eau de mer sous forme de glace qui redevient liquide en fondant. Essayez le glaçon dans un verre d'eau et vous verrez... C'est le fameux principe d'Archimède !
Pour ce qui est des prévisions pour le siècle à venir, les chiffres annoncés par cette étude tiennent compte des différents scénarios de réchauffement planètaire d'ici à 2100 et sont basés sur les modélisations retenues par le GIEC (Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat) et présentées lors de la dernière COP21. Il n'y a aucune corrélation aussi directe avec l'élévation du niveau de la mer et les éléments présentés plus haut : à nuancer donc.
Il serait catégorique d'affirmer que l'élévation du niveau des océans n'a jamais été aussi rapide depuis 3000 ans car, comme nous le rappelle Régis Crépet, "nous sommes ici à l'échelle des temps géologiques". Cependant, ce n'est pas faux non plus car "le climat et les océans ont été remarquablement stables depuis la fin de la dernière période glaciaire (il y a 8000 ans). La planète est donc dans un interglaciaire en attendant la prochaine glaciation. Les fluctuations du niveau des océans sont donc assez minimes et se comptent en quelques centimètres".
Dernier point important : ces fluctuations sont inégalement réparties sur la surface du globe. Certaines zones s'élèvent tandis que d'autres s'affaissent selon les courants et la densité de l'eau. Cela est dû à la répartition non uniforme du contenu thermique de l'océan : les régions plus chaudes voient leur niveau de l'eau s'élever et inversement. La géomorphologie du littoral est à prendre en compte également : certaines zones s'ensablent comme la baie de Somme, et d'autres, à cause de l'érosion, reculent, comme en Normandie
Concrètement, que risque-t-on en France ? La Mer du Nord et le littoral atlantique risquent des inondations et la Méditerranée est sous le risque permanent d'un raz-de-marée. A noter que le phénomène des vagues géantes serait de plus en plus fréquent au large. Ces zones ont déjà été victimes de ce genre d'événements mais avec l'élévation globale du niveau des mers et des océans, la fréquence risque de s'accentuer.