Hudson au Canada : la baie subarctique abandonnée
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En 1610, Henry Hudson, chargé par la Compagnie néerlandaise des Indes orientales de trouver un passage nord-ouest vers la Chine, a été le premier navigateur occidental à découvrir la baie qui porte désormais son nom. Aujourd'hui, la baie d'Hudson est une mer presque oubliée du monde nautique. Seule une poignée de navires marchands approvisionnent les communautés cries et inuites le long de ses côtes de juillet à octobre et les pêcheurs et les chasseurs s’y déplacent occasionnellement eux aussi, à bord de leurs canots de fret de seulement 7 mètres.
D'une superficie de 470 000 milles carrés, la baie d'Hudson est la deuxième plus grande baie du monde, après la baie du Bengale. Le climat est subarctique - la baie est en partiellement gelée entre septembre et la mi-juin. Avec un trafic maritime aussi limité, les seules cartes que vous pourrez trouver sont à grande échelle, avec un minimum d'informations bathymétriques sur la côte. Par conséquent, une partie importante de votre planification consiste à identifier les ports sûrs qui ponctueront votre route (îles, baies profondes et estuaires de rivières).
Pour naviguer dans la baie James et la baie d'Hudson, il est également essentiel d'avoir un voilier à tirant d'eau variable, car le faible tirant d'eau permet non seulement la mise à l'eau mais aussi la navigation dans les eaux peu profondes que l'on trouve sur une grande partie de la côte, notamment dans les estuaires des rivières.
Gardez toujours à l’esprit qu'il n'y aura pas de couverture cellulaire dans la majeure partie de la région, il faudra vous prémunir d’appareils de communication satellite couplés à votre smartphone, qui vous permettra de recevoir les prévisions météorologiques METEO CONSULT Marine, un service particulièrement précis qui vous permettra de mieux appréhender la baie grâce aux prévisions des zones Grand Large, d’anticiper les jours de navigation difficiles (vent de plus de 20 nœuds, présence de brouillard etc…) et de planifier votre itinéraire en ce sens. Prévoyez de jeter l’ancre chaque nuit dans des criques protégées.
En route !
En plus d'être peu profondes, les eaux de la baie voisine « James » sont parsemées d'innombrables petits îlots allongés, composés principalement de roches rectangulaires aux couleurs contrastées. En continuant dans la baie d'Hudson, vous devrez cependant dire adieu à ces fabuleuses caractéristiques géographiques, que vous ne reverrez pas avant d'avoir parcouru 200 milles plus au nord, dans la région d'Umiujaq.
Après quelques jours, vous atteindrez la communauté de Kuujjuarapik, ou « Whapmagoostu ». La communauté porte deux noms car elle est habitée à la fois par des Cris et des Inuits. Ce bref séjour vous donnera une excellente occasion de découvrir le dynamisme d'une communauté nordique en autarcie. Le cargo Sarah Desgagne, qui s'amarre généralement directement au large, livre de la nourriture, du pétrole, des matériaux de construction et tout ce dont les villageois ont besoin.
En poursuivant votre route, vous passerez devant les îles Manitounuk, un joyau de la région de Kuujjuarapik qui s'étend sur près de 40 milles.
Vous arriverez finalement à l'embouchure du Goulet, une étroite étendue d'eau traversant un canyon rocheux qui relie le détroit de Nastapoka au lac Tasiujaq, également connu sous le nom de golfe Richmond, dans le parc Tursujuq Nunavik. Le courant y est fort, et vous devrez synchroniser votre passage avec la marée. Le Goulet offre également une entrée impressionnante dans le parc national, un site d'une grande beauté qui justifie à lui seul cette expédition. Les cuestas hudsoniennes - des collines en pente douce d'un côté et une falaise abrupte de l'autre - s'élèvent à près de 1 000 pieds, offrant des vues inoubliables.