Week-end atypique : cinq phares où dormir…
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Il fait face à l’Irlande, mais est bel et bien ancré sur la spectaculaire côte écossaise. Sur ce site enchanteur marquant l’extrémité Nord-Ouest des Rhinns de Galloway, les tempêtes font partie de l’exceptionnel paysage, et ne perturbent en rien le phare de Corsewall construit en 1815. Toujours en fonction, il abrite pourtant depuis peu un petit hôtel-restaurant au charme romantique absolument unique. La vingtaine d’hectares de terres qui l’entourent permettent de varier les points de vue, tous plus spectaculaires les uns que les autres, sur la péninsule du Kintyre, l’île d’Arran, le Firth of Clyde, Ailsa Craig et parfois la côte irlandaise dont on peut même apercevoir certains phares par temps clair.
À environ 120 milles au Nord de Bergen, au milieu des montagnes se jetant dans la mer en formant autant de fjords, la petite ville d’Ålesund célèbre pour son architecture art-nouveau, recèle une perle moins connue. Même en arrivant par la mer, délaisser sa cabine favorite le temps d’une nuit et descendre à l’hôtel Brosundet est un impératif. Réserver est cependant cependant plus que recommandé car la chambre N°47 est la seule qu’il vous faut vraiment. Pour la rejoindre, il convient de quitter l’hôtel principal pour s’avancer sur la jetée qui protège le port de la houle d’Ouest. A son extrémité, le phare construit il y a 150 ans continue de guider les navires, notamment le mythique express côtier. Mais au rez-de chaussée et au premier étage, sur seulement trois mètres de diamètre, architectes et charpentiers ont réussi à intégrer une véritable suite, à la fois sobre et confortable. Autant dire que la vue est unique, sur les îles de Godøya, Giske et Valderøya qui lui font face bien sûr, mais aussi sur les eaux de la Mer de Norvège, et ce quel que soit le temps.
En France, c’est l’un des très rares phares habités. Derrière Port Louis, à la sortie de la rade de Lorient, le phare de Kerbel offre une vue panoramique sur la côte Bretonne. Groix, Belle-île et en arrière-plan, la baie de Quiberon. Si la maison du gardien du phare fait office de gîte principal depuis 2007, 125 marches de granit donnent accès à LA chambre dont tout le monde rêve. À 25 mètres de hauteur, un lit double a remplacé le système optique. La rotonde entièrement vitrée permet de profiter du soleil du lever au coucher depuis le mini-studio malicieusement aménagé.
Il y a aussi des phares sur les rivières. Alors, exceptionnellement, la centaine de miles (150 km) qui séparent Saugerties de New-York sont impériaux, pas marins. Emblématique de l’Hudson River, son phare est une vénérable aide à la navigation depuis 1869. Cette construction de briques rouges récemment restaurée abrite un Bed & Breakfast, meublé comme il pouvait l'être au début du XXe siècle. Après avoir visité le musée attenant, les images des paquebots à vapeur d’époque se superposent sur les paysages environnants. Il faut dire que la tour du phare, toujours opérationnel, offre une vue panoramique sur la vallée du fleuve Hudson et les Catskill Mountains. On peut même y accoster sa propre unité, un petit quai étant disponible pour les plaisanciers de passage.
À l’opposé de l’immensité américaine, ce sont les vagues de l’océan Pacifique que vous entendrez depuis votre chambre du phare d’Heceta, une expérience forcément inoubliable. Le lieu est qui plus est chargé d’histoire, portant le nom du commandant espagnol qui découvrit le site en 1775. Il fallut du temps pour ériger un phare et sécuriser les navires empruntant la route de l’or entre côte Est et Ouest du pays des pionniers, via le cap Horn. Mais depuis 1894, les rayons du phare d’Heceta éclairent les eaux pacifiques. Classé monument historique par le département des eaux et forêts américains, la transformation des bâtiments publics en Bed & Breakfast a été confiée à Mike et Carol Korgan en 1995. Depuis, on peut se prendre à rêver être gardien de phare sous un ciel étoilé, profitant le jour de l’infinité de sentiers proposés par l’Oregon.