Le tribunal de commerce de Brest rendra le 22 février sa décision sur le préjudice économique et moral subi par la famille du patron du Sokalique, décédé en 2007 au large du Finistère après l'abordage de son bateau par le cargo turc Ocean Jasper, a-t-il annoncé ce vendredi au terme d'une audience «de principe» dédiée à l'affaire.
«L'armateur a très largement organisé son insolvabilité», a indiqué à la fin de l'audience Me René Gloaguen, avocat d'Yvette Jobard, veuve du patron du Sokalique, de ses trois filles et de ses sept petits-enfants, assurant qu'il s'agissait d'une «audience de principe».
«Mme Jobard s'attend à obtenir satisfaction, à savoir que ses droits soient consacrés par le tribunal de commerce, mais elle sait parfaitement que cette décision sera impossible à exécuter en Turquie», a expliqué l'avocat.
Celui-ci réclame pour le compte de la famille Jobard 450.000 euros pour la réparation du préjudice économique. Concernant le préjudice moral, il demande 30.000 euros pour Mme Jobard, 15.000 euros pour chacune de ses filles et 10.000 pour chacun de ses petits-enfants. A cela s'ajoute le préjudice d'armement, c'est-à-dire la réparation de la privation du navire, à savoir 350.000 euros, déduction faite des sommes déjà versées par l'assureur du Sokalique, a expliqué Me Gloaguen.
«Notre première optique était d'avoir un procès pénal, le procès du fric comme je l'appelle, c'est pas celui qui nous importait et c'est pas ça qui nous fera revenir mon mari hélas», a réagi au terme de l'audience Mme Jobard.
Bernard Jobard est décédé dans la nuit du 16 au 17 août 2007 au large du Finistère. Cette nuit-là, le caseyeur et le cargo étaient entrés en collision à 110 km au nord de l'île d'Ouessant, dans les eaux internationales. M. Jobard avait péri noyé, tandis que les six autres marins avaient pu être sauvés. L'Ocean Jasper avait poursuivi sa route sans leur porter assistance, ni prévenir les secours.