Cet hiver a des faux airs d’automne avec une succession d’épisodes tempétueux et des températures supérieures aux normales de saison. Le mois de janvier bat ainsi des records de douceur, du nord au sud de la France.
L’hiver 2013-2014 n’est pas prêt de revêtir son manteau blanc en raison de la prédominance de flux d’ouest perturbés qui favorisent les épisodes tempétueux, sous des masses d’air douces et humides venues de l’océan. « Les nuits étoilées combinées à l’absence de vent furent peu nombreuses donc cela n’a pas permis de refroidissement important en plaine », explique Cyrille Duchesne, chargé des bilans mensuels pour Météo Consult. Les jours de gelées en décembre et janvier sont donc nettement inférieurs à la normale calculée sur la période 1981-2010. Il n’y a eu aucun jour de gel à Ajaccio contre 5 habituellement, 3 jours à Paris pour une moyenne de saison de 14 et seulement 8 sur une moyenne de 22 jours à Lille. La situation est encore plus marquante pour la neige où les flocons ne sont tombés que dans le nord-est de la France : une journée à Metz et Dijon alors que les moyennes sont de 11 jours dans ces deux villes. La moyenne des jours de neige pour janvier et décembre est de 5 jours à Paris et 2 à Brest ou Toulouse, trois villes qui n'ont vu aucun tapis blanc cet hiver. Il faut remonter à 2007 pour retrouver une telle absence de neige en plaine. « Mais la situation s’améliore pour les stations de ski, nuance Cyrille Duchesne. Si la neige a fait défaut en montagne en première partie d’hiver, elle a fait son retour à basse altitude et les sols blanchissent désormais dès 600 à 800 mètres sur la plupart des reliefs. »
Il n’est donc pas surprenant de retrouver des courbes de températures largement supérieures aux normales de saison, exception faite des 15 premiers jours de décembre, sous des conditions anticycloniques persistantes. Au final, nous retrouvons un excédent de température de 0,8°C pour le dernier mois de 2013 sur l’ensemble de la France. Pendant les fêtes de fin d’année, toute l’Europe de l’Ouest et du Nord a collectionné les records de douceur. Et ce mois de janvier est classé dans le peloton de tête des plus doux depuis le début des observations météo en France. Ainsi, 2014 arrive en troisième position à Paris avec une moyenne de 7,8°C, juste après 1988 (7,9°C) et 2007 (8,2°C). Un peu plus au sud, la ville de Bordeaux monte aussi sur la troisième marche. A Toulouse, la première quinzaine de janvier a même été la plus douce depuis le début des relevés météorologiques, il y a 65 ans.
Une fin d’hiver qui ne dépareille pas
Les prévisions saisonnières pour la fin de l’hiver, synthèse des différents modèles internationaux, tablent sur la poursuite du flux océanique sur l'Europe de l'Ouest en février, de telle sorte que les températures resteront supérieures aux moyennes. Ce flux perturbé pourrait toutefois être potentiellement ralenti par la reconstitution des masses d’air froid sur la Scandinavie et la Russie. « Mais dans un contexte où l’hiver est plus froid que la moyenne en Amérique du Nord, il est logique que des masses d’air plus douces remontent vers l’Europe de l’Ouest par effet de vases communicants », observe Régis Crépet, spécialiste des prévisions saisonnières pour Météo Consult. Le mois de mars pourrait toutefois amener un froid humide et tardif.