Les dauphins roses menacés de disparition

Par AFP/Nautisme.com

Le dauphin blanc chinois, le "dauphin rose" à Hong-Kong est en danger : la population ne cesse de diminuer depuis des années.

Le dauphin blanc chinois, le "dauphin rose" à Hong-Kong est en danger : la population ne cesse de diminuer depuis des années.

Le dauphin blanc chinois (sousa chinensis), appelé à Hong Kong "dauphin rose" à cause de sa couleur, est admiré par les touristes qui vont les voir chaque jour au large de la côte septentrionale de l'île hongkongaise de Lantau. Ce dauphin est devenu en 1997 la mascotte officielle de la région semi-autonome lors de la cérémonie de rétrocession du territoire à la Chine. Mais bientôt, il n'y en aura plus, s'alarment les écologistes. La population de ces mammifères est depuis quelques dizaines d'années en "déclin rapide". Un projet de construction d'une troisième piste à l'aéroport Chek Lap Kok de Hong Kong pourrait être le coup de grâce.

"Si ce projet est mené à bien, le dauphin sera sans doute repoussé hors des eaux hongkongaises", affirme Samuel Hung, président de la Société de protection des dauphins de Hong Kong, qui se rend en mer au moins deux fois par semaine depuis 1997 pour étudier les cétacés. "C'est comme si on était en train de les acculer de plus en plus près de l'abîme et si on leur donne la pichenette finale, ils auront disparu à jamais. C'est le moment de réagir", dit-il. D'après Samuel Hung, il ne reste plus qu'une soixantaine d'individus dans les eaux de Hong Kong, contre 158 en 2003.

Destruction de l'habitat

"Le déclin du dauphin est dû à toute une série de facteurs, dont la surpêche et la pollution", souligne-t-il. Autre facteur important: "L'augmentation du trafic des ferries à grande vitesse." Les dauphins ont été repoussés vers les eaux de la Chine voisine ou sont morts, estime Samuel Hung. Les cétacés souffrent aussi de la construction depuis 2012 d'un pont de 50 kilomètres de long destiné à relier Hong Kong à Macao, capitale mondiale du jeu. Du village de Tai O, sur l'île de Lantau, point de départ des bateaux qui montrent aux touristes les fameux dauphins roses, on aperçoit l'immense ouvrage.

L'ONG environnementaliste WWF déploie depuis peu des volontaires sur ces bateaux afin de sensibiliser les touristes aux menaces qui pèsent sur les dauphins. "La pollution de l'air et de l'eau est assez grave, nous sommes inquiets pour la vie marine", commente Yeung Ka-yan, employée de banque de 30 ans. Elle revient d'une virée en mer infructueuse, un scénario qui pourrait se reproduire de plus en plus. "Nous sommes un peu déçus", dit son petit ami, un cuisinier de 26 ans.

Un nouveau désastre les attend

Wong Yung-kan, 67 ans, natif de Tai O où il a passé le plus clair de sa vie, pilote l'un de ces bateaux. Jadis, explique-t-il, les villageois n'aimaient pas les dauphins car ils se servaient dans les filets des pêcheurs, à une époque où la pêche était la plus grande ressource de Tai O.

"Maintenant, l'industrie de la pêche a reculé. Il a fallu qu'on se recycle et qu'on emmène les touristes voir les dauphins", dit-il. Ces expéditions représentent 10% des ressources touristiques de cette localité pittoresque. "Bien sûr que nous voulons qu'ils restent. Les touristes seront heureux et nous aussi", ajoute Wong Yung-kan. Il se veut moins pessimiste que les écologistes mais au cas où le pire deviendrait réalité, les habitants s'adapteront, juge-t-il.

"Si les dauphins s'éteignent, on ne pourra rien y faire. Nous trouverons un autre moyen pour survivre. Les gens savent s'adapter au changement."

Le ministère hongkongais de l'Agriculture, de la pêche et de l'environnement a expliqué dans un mail que l'impact d'une troisième piste d'atterrissage sur la population des cétacés avait été "évalué et pris en compte correctement". Pour compenser "la perte permanente" de leur habitat provoquée par les travaux de remblaiement destinés à gagner de l'espace sur la mer, les autorités "proposent un nouveau parc marin d'environ 2.400 hectares dans les eaux situées au nord du projet de troisième piste". Les écologistes disent que ce parc ne sera créé au mieux qu'en 2023, date d'achèvement prévue pour les travaux de remblaiement. "On ne sait pas si le dauphin pourra survivre jusque-là", dit Samuel Hung. "Nous suivons certains dauphins depuis près de 20 ans, ce sont de vieux amis. Ils ne savent pas qu'un nouveau désastre les attend."



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Nathalie Moreau
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Nathalie Moreau est l’atout voyage et évasion de l’équipe, elle est passionnée de croisières et de destinations nautiques. En charge du planning rédactionnel du site figaronautisme.com et des réseaux sociaux, Nathalie suit de très près l’actualité et rédige chaque jour des news et des articles pour nous dépayser et nous faire rêver aux quatre coins du monde. Avide de découvertes, vous la croiserez sur tous les salons nautiques et de voyages en quête de nouveaux sujets.
Gilles Chiorri
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Associant une formation d’officier C1 de la marine marchande et un MBA d’HEC, Gilles Chiorri a sillonné tous les océans lors de nombreuses courses au large ou records, dont une victoire à la Mini Transat, détenteur du Trophée Jules Verne en 2002 à bord d’Orange, et une 2ème place à La Solitaire du Figaro la même année. Il a ensuite contribué à l’organisation de nombreux évènements, comme la Coupe de l’America, les Extreme Sailing Series et des courses océaniques dont la Route du Rhum et la Solitaire du Figaro (directeur de course), la Volvo Ocean Race (team manager). Sa connaissance du monde maritime et son réseau à l’international lui donnent une bonne compréhension du milieu qui nous passionne.
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Sophie Savant-Ros, architecte de formation et co-fondatrice de METEO CONSULT est entre autres, directrice de l’édition des « Bloc Marine » et du site Figaronautisme.com.
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Albert Brel, parallèlement à une carrière au CNRS, s’est toujours intéressé à l’équipement nautique. Depuis de nombreuses années, il collabore à des revues nautiques européennes dans lesquelles il écrit des articles techniques et rend compte des comparatifs effectués sur les divers équipements. De plus, il est l’auteur de nombreux ouvrages spécialisés qui vont de la cartographie électronique aux bateaux d’occasion et qui décrivent non seulement l’évolution des technologies, mais proposent aussi des solutions pour les mettre en application à bord des bateaux.
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Journaliste, photographe et auteur spécialisé dans le nautisme et l’environnement, Jean-Christophe Guillaumin est passionné de voyages et de bateaux. Il a réussi à faire matcher ses passions en découvrant le monde en bateau et en le faisant découvrir à ses lecteurs. De ses nombreuses navigations il a ramené une certitude : les océans offrent un terrain de jeu fabuleux mais aussi très fragile et aujourd’hui en danger. Fort d’une carrière riche en reportages et articles techniques, il a su se distinguer par sa capacité à vulgariser des sujets complexes tout en offrant une expertise pointue. À travers ses contributions régulières à Figaro Nautisme, il éclaire les plaisanciers, amateurs ou aguerris, sur les dernières tendances, innovations technologiques, et défis liés à la navigation. Que ce soit pour analyser les performances d’un voilier, explorer l’histoire ou décortiquer les subtilités de la course au large, il aborde chaque sujet avec le souci du détail et un regard expert.
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Naviguant depuis son plus jeune âge que ce soit en croisière, en course, au large, en régate, des deux côtés de l’Atlantique, en Manche comme en Méditerranée, Denis, quittant la radiologie rochelaise en 2017, a effectué avec sa femme à bord de PretAixte leur 42 pieds une circumnavigation par Panama et Cape Town. Il ne lui déplait pas non plus de naviguer dans le temps avec une prédilection pour la marine d’Empire, celle de Trafalgar …
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Après une carrière internationale d’ingénieur, Michel Ulrich navigue maintenant en plaisance sur son TARGA 35+ le long de la côte atlantique. Par ailleurs, il ne rate pas une occasion d’embarquer sur des navires de charge, de travail ou de services maritimes. Il nous fait partager des expériences d’expédition maritime hors du commun.
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