Joyeux anniversaire au canal du Midi qui fête ses 350 ans !

Par AFP/Nautisme.com

Lancé il y a 350 ans grâce à l'acharnement d'un visionnaire, le canal du Midi doit aujourd'hui concilier un succès touristique dopé par le classement à l'Unesco il y a 20 ans avec le souci de préservation du patrimoine.

Lancé il y a 350 ans grâce à l'acharnement d'un visionnaire, le canal du Midi doit aujourd'hui concilier un succès touristique dopé par le classement à l'Unesco il y a 20 ans avec le souci de préservation du patrimoine.

Le 7 octobre 1666, "Louis, par la grâce de Dieu, Roy de France", ordonne la construction d'un "moyen de désenclaver le Languedoc et d'apporter une certaine richesse liée à un meilleur résultat pour le transport des marchandises et des passagers": c'est ainsi que le roi Soleil lance l'un des plus grands chantiers de l'Histoire pour relier "les deux mers Océane et Méditerranée" et réaliser l'ambition d'un homme, Pierre-Paul Riquet. L'ingénieur est alors "fermier des gabelles" : il recouvre la taxe sur le sel pour le compte du roi. L'or blanc, récolté aux bords de la Méditerranée, est à l'époque laborieusement transporté par voie terrestre sur des centaines de kilomètres. Riquet, "un très bon homme d'affaires", voit dans un canal le moyen de "gagner plus d'argent", résume Samuel Vannier, archiviste aux Voies navigables de France (VNF), qui gèrent le canal du Midi.

L'idée d'une jonction des deux mers ressurgit régulièrement depuis 1539, et le père de Riquet, un notable de Béziers, avait lui-même rejeté en 1618 un projet jugé irréalisable. Car le rêve de relier Toulouse à Sète (Hérault) se heurte à la difficulté de trouver l'eau pour maintenir une voie maritime. Pierre-Paul Riquet trouve la solution : il propose d'utiliser les cours de la Montagne noire, située à l'extrémité sud-ouest du Massif central. Le riche propriétaire du domaine de Bonrepos, près de Toulouse, offre en outre d'avancer les frais de construction. Les travaux débuteront en janvier 1667 pour ne s'achever qu'en juillet 1684, après six ans de retard et de nombreuses péripéties.

Un gouffre financier

Car le projet a bien failli ne pas aboutir. Fin 1678, au moment où Riquet aurait dû annoncer la fin des travaux, il doit reconnaître qu'il reste d'importants ouvrages à bâtir, en particulier un tunnel qu'il s'entête à vouloir creuser à travers une colline héraultaise. Ses détracteurs annoncent son échec, persuadés que ce bien nommé tunnel du Malpas (pour "mauvais passage") ne peut être percé. Colbert, qui gère les finances du roi, ordonne l'arrêt des travaux mais Riquet effectue malgré tout le percement et met Colbert devant le fait accompli : il a réussi. Le canal a cependant dépassé le budget initial de 70%. "Riquet va y investir sa fortune", explique M. Vannier, co-auteur du livre "Le Canal du Midi" (éditions Loubatières). Riquet meurt le 1er octobre 1680 à la tête de la seigneurie du canal du Midi mais il est ruiné, sans même avoir vu son rêve achevé. Car ce n'est qu'en 1681 que l'inauguration - encore partielle - aura lieu. Ses fils, eux, réussiront à faire fortune jusqu'à la venue du chemin de fer, au milieu du XIXe siècle.
L'Etat rachète le canal menacé d'abandon, en 1898. L'inauguration de l'Autoroute des deux mers, en 1979, achèvera de le rendre obsolète en tant que moyen de transport.

Aujourd'hui, "le canal du Midi est devenu une image, celle du rêve, du soleil, du patrimoine, encore renforcée par le classement à l'Unesco en 1996, qui a porté sa renommée au niveau international", explique Jacques Noisette, directeur de la communication aux VNF. Le tourisme fluvial a bondi de 40% de 1996 à 2000 mais "la coupe n'est pas encore pleine", assure M. Noisette, même si on atteint une limite. "Oui, le canal est victime de son succès", reconnaît-il.

L'ouvrage de 240 km de long sur 50 m de large doit être partagé non seulement entre les quelque 10.000 bateaux qui l'empruntent chaque année mais aussi avec le million de visiteurs qui fréquentent ses berges. "C'est un système de double pédalage assez délicat entre le développement économique et la préservation car c'est un patrimoine mais qui sert encore", rappelle M. Noisette


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Nathalie Moreau
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Nathalie Moreau est l’atout voyage et évasion de l’équipe, elle est passionnée de croisières et de destinations nautiques. En charge du planning rédactionnel du site figaronautisme.com et des réseaux sociaux, Nathalie suit de très près l’actualité et rédige chaque jour des news et des articles pour nous dépayser et nous faire rêver aux quatre coins du monde. Avide de découvertes, vous la croiserez sur tous les salons nautiques et de voyages en quête de nouveaux sujets.
Gilles Chiorri
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Associant une formation d’officier C1 de la marine marchande et un MBA d’HEC, Gilles Chiorri a sillonné tous les océans lors de nombreuses courses au large ou records, dont une victoire à la Mini Transat, détenteur du Trophée Jules Verne en 2002 à bord d’Orange, et une 2ème place à La Solitaire du Figaro la même année. Il a ensuite contribué à l’organisation de nombreux évènements, comme la Coupe de l’America, les Extreme Sailing Series et des courses océaniques dont la Route du Rhum et la Solitaire du Figaro (directeur de course), la Volvo Ocean Race (team manager). Sa connaissance du monde maritime et son réseau à l’international lui donnent une bonne compréhension du milieu qui nous passionne.
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Sophie Savant-Ros
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Sophie Savant-Ros, architecte de formation et co-fondatrice de METEO CONSULT est entre autres, directrice de l’édition des « Bloc Marine » et du site Figaronautisme.com.
Sophie est passionnée de photographie, elle ne se déplace jamais sans son appareil photo et privilégie les photos de paysages marins. Elle a publié deux ouvrages consacrés à l’Ile de Porquerolles et photographie les côtes pour enrichir les « Guides Escales » de Figaro Nautisme.
Albert Brel
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Albert Brel, parallèlement à une carrière au CNRS, s’est toujours intéressé à l’équipement nautique. Depuis de nombreuses années, il collabore à des revues nautiques européennes dans lesquelles il écrit des articles techniques et rend compte des comparatifs effectués sur les divers équipements. De plus, il est l’auteur de nombreux ouvrages spécialisés qui vont de la cartographie électronique aux bateaux d’occasion et qui décrivent non seulement l’évolution des technologies, mais proposent aussi des solutions pour les mettre en application à bord des bateaux.
Jean-Christophe Guillaumin
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Journaliste, photographe et auteur spécialisé dans le nautisme et l’environnement, Jean-Christophe Guillaumin est passionné de voyages et de bateaux. Il a réussi à faire matcher ses passions en découvrant le monde en bateau et en le faisant découvrir à ses lecteurs. De ses nombreuses navigations il a ramené une certitude : les océans offrent un terrain de jeu fabuleux mais aussi très fragile et aujourd’hui en danger. Fort d’une carrière riche en reportages et articles techniques, il a su se distinguer par sa capacité à vulgariser des sujets complexes tout en offrant une expertise pointue. À travers ses contributions régulières à Figaro Nautisme, il éclaire les plaisanciers, amateurs ou aguerris, sur les dernières tendances, innovations technologiques, et défis liés à la navigation. Que ce soit pour analyser les performances d’un voilier, explorer l’histoire ou décortiquer les subtilités de la course au large, il aborde chaque sujet avec le souci du détail et un regard expert.
Charlotte Lacroix
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Charlotte est une véritable globe-trotteuse ! Très jeune, elle a vécu aux quatre coins du monde et a pris goût à la découverte du monde et à l'évasion. Tantôt à pied, en kayak, en paddle, à voile ou à moteur, elle aime partir à la découverte de paradis méconnus. Elle collabore avec Figaro Nautisme au fil de l'eau et de ses coups de cœur.
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Naviguant depuis son plus jeune âge que ce soit en croisière, en course, au large, en régate, des deux côtés de l’Atlantique, en Manche comme en Méditerranée, Denis, quittant la radiologie rochelaise en 2017, a effectué avec sa femme à bord de PretAixte leur 42 pieds une circumnavigation par Panama et Cape Town. Il ne lui déplait pas non plus de naviguer dans le temps avec une prédilection pour la marine d’Empire, celle de Trafalgar …
Michel Ulrich
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Après une carrière internationale d’ingénieur, Michel Ulrich navigue maintenant en plaisance sur son TARGA 35+ le long de la côte atlantique. Par ailleurs, il ne rate pas une occasion d’embarquer sur des navires de charge, de travail ou de services maritimes. Il nous fait partager des expériences d’expédition maritime hors du commun.
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