"Instinct de survie": le requin est une caricature selon les scientifiques et les ONG

Par AFP/Nautisme.com

Plus de 40 ans après "Les dents de la mer", le requin est le héros terrifiant du thriller "Instinct de survie", au grand dam de scientifiques et d'ONG qui dénoncent une vision caricaturale de cet animal moins meurtrier que les accidents de selfies.

Plus de 40 ans après "Les dents de la mer", le requin est le héros terrifiant du thriller "Instinct de survie", au grand dam de scientifiques et d'ONG qui dénoncent une vision caricaturale de cet animal moins meurtrier que les accidents de selfies.

Ce film signé Jaume Collet-Serra, en salles à partir de mercredi, relate l'attaque d'une jeune surfeuse (Blake Lively) par un grand requin blanc. "Hollywood, très certainement à la recherche d'un succès d'audience et financier, ressort une recette éculée: montrer le grand requin blanc comme un affreux chasseur de chair humaine", déplore Robert Calcagno, directeur général de l'Institut océanographique de Monaco.

Il y a 41 ans, quand est sorti le film de Steven Spielberg, "notre connaissance de la biologie des requins et des équilibres dans les océans était moins élaborée", rappelle-t-il. Aujourd'hui, "c'est vraiment caricaturer sciemment, en toute connaissance de cause, une espèce animale".

L'année 2015 a certes connu un nombre record d'attaques (98) mais elles n'ont fait que six morts, selon l'Isaf (International Shark Attack File), une banque de données basée à l'Université de Floride. Le précédent record était de 88 attaques, en 2000.

En moyenne, les attaques de requins, toujours très médiatisées, font une dizaine de morts par an.

A titre de comparaison, les crocodiles tuent chaque année un millier de personnes et les serpents 50.000, rappelle l'Institut océanographique. "Il y a eu plus de morts en 2014 à cause des selfies qu'à cause des requins: 14 contre 12", ironise Denis Ody, responsable du pôle Océans au WWF.

Seules cinq espèces de requins sur 500 sont dangereuses pour l'homme, dont le grand requin blanc, le requin-tigre et le requin-bouledogue, à l'origine de la plupart des accidents.

En fait, "le requin a plus peur de l'homme que le contraire, il n'a aucun intérêt à l'attaquer, ce n'est pas une proie", souligne M. Ody.

Surfeur ou otarie ?

Les requins se nourrissent essentiellement de poissons, contribuant ainsi à réguler leurs populations, et complètent éventuellement leur menu avec des crustacés, des mollusques, voire des tortues et des mammifères marins.

Quand un requin attaque un baigneur ou un surfeur, c'est souvent "une méprise", explique M. Ody. Il aura par exemple pris le surfeur sur sa planche pour une tortue ou une otarie.

Si les accidents se multiplient, c'est parce qu'"il y a de plus en plus d'amoureux des sports nautiques", ce qui augmente statistiquement le risque de rencontres entre le requin et l'homme, souligne Catherine Vadon, océanographe et maître de conférence au Muséum d'histoire naturelle. En outre, il n'est "pas sûr que les consignes de sécurité soient toujours respectées".

Selon Georges Burgess, de l'Université de Floride, cette augmentation du nombre d'accidents pourrait aussi s'expliquer par la hausse des températures des océans due au changement climatique: elle a contribué à ce que les requins élargissent les zones où ils vivent et se nourrissent.

Reste que dans le rapport homme-requin, les squales paient le plus lourd tribut: environ 100 millions de requins sont pêchés tous les ans, notamment pour leurs ailerons, utilisés pour une soupe très prisée en Asie, rappelle M. Calcagno. "De très nombreuses espèces ont vu leur population diminuer de 70-80%". "Si elle continue, la surpêche va nous mener dans quelques années à une extinction de plusieurs espèces de requin", avertit Mme Vadon. Ils "existent dans l'océan depuis 400 millions d'années, en quelques décennies, on va les faire disparaître".

Selon l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), un quart des requins sont menacés d'extinction. Le requin-tigre, recherché pour ses dents vendues comme trophées, et le requin-marteau figurent parmi les plus menacés, précise Mme Vadon.

Il est urgent d'apprendre à "vivre avec les requins", résume M. Calcagno.


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Nathalie Moreau
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Nathalie Moreau est l’atout voyage et évasion de l’équipe, elle est passionnée de croisières et de destinations nautiques. En charge du planning rédactionnel du site figaronautisme.com et des réseaux sociaux, Nathalie suit de très près l’actualité et rédige chaque jour des news et des articles pour nous dépayser et nous faire rêver aux quatre coins du monde. Avide de découvertes, vous la croiserez sur tous les salons nautiques et de voyages en quête de nouveaux sujets.
Gilles Chiorri
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Associant une formation d’officier C1 de la marine marchande et un MBA d’HEC, Gilles Chiorri a sillonné tous les océans lors de nombreuses courses au large ou records, dont une victoire à la Mini Transat, détenteur du Trophée Jules Verne en 2002 à bord d’Orange, et une 2ème place à La Solitaire du Figaro la même année. Il a ensuite contribué à l’organisation de nombreux évènements, comme la Coupe de l’America, les Extreme Sailing Series et des courses océaniques dont la Route du Rhum et la Solitaire du Figaro (directeur de course), la Volvo Ocean Race (team manager). Sa connaissance du monde maritime et son réseau à l’international lui donnent une bonne compréhension du milieu qui nous passionne.
Il collabore avec les équipes de METEO CONSULT et Figaro Nautisme depuis plus de 20 ans.
Sophie Savant-Ros
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Sophie Savant-Ros, architecte de formation et co-fondatrice de METEO CONSULT est entre autres, directrice de l’édition des « Bloc Marine » et du site Figaronautisme.com.
Sophie est passionnée de photographie, elle ne se déplace jamais sans son appareil photo et privilégie les photos de paysages marins. Elle a publié deux ouvrages consacrés à l’Ile de Porquerolles et photographie les côtes pour enrichir les « Guides Escales » de Figaro Nautisme.
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Albert Brel, parallèlement à une carrière au CNRS, s’est toujours intéressé à l’équipement nautique. Depuis de nombreuses années, il collabore à des revues nautiques européennes dans lesquelles il écrit des articles techniques et rend compte des comparatifs effectués sur les divers équipements. De plus, il est l’auteur de nombreux ouvrages spécialisés qui vont de la cartographie électronique aux bateaux d’occasion et qui décrivent non seulement l’évolution des technologies, mais proposent aussi des solutions pour les mettre en application à bord des bateaux.
Jean-Christophe Guillaumin
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Journaliste, photographe et auteur spécialisé dans le nautisme et l’environnement, Jean-Christophe Guillaumin est passionné de voyages et de bateaux. Il a réussi à faire matcher ses passions en découvrant le monde en bateau et en le faisant découvrir à ses lecteurs. De ses nombreuses navigations il a ramené une certitude : les océans offrent un terrain de jeu fabuleux mais aussi très fragile et aujourd’hui en danger. Fort d’une carrière riche en reportages et articles techniques, il a su se distinguer par sa capacité à vulgariser des sujets complexes tout en offrant une expertise pointue. À travers ses contributions régulières à Figaro Nautisme, il éclaire les plaisanciers, amateurs ou aguerris, sur les dernières tendances, innovations technologiques, et défis liés à la navigation. Que ce soit pour analyser les performances d’un voilier, explorer l’histoire ou décortiquer les subtilités de la course au large, il aborde chaque sujet avec le souci du détail et un regard expert.
Charlotte Lacroix
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Naviguant depuis son plus jeune âge que ce soit en croisière, en course, au large, en régate, des deux côtés de l’Atlantique, en Manche comme en Méditerranée, Denis, quittant la radiologie rochelaise en 2017, a effectué avec sa femme à bord de PretAixte leur 42 pieds une circumnavigation par Panama et Cape Town. Il ne lui déplait pas non plus de naviguer dans le temps avec une prédilection pour la marine d’Empire, celle de Trafalgar …
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Après une carrière internationale d’ingénieur, Michel Ulrich navigue maintenant en plaisance sur son TARGA 35+ le long de la côte atlantique. Par ailleurs, il ne rate pas une occasion d’embarquer sur des navires de charge, de travail ou de services maritimes. Il nous fait partager des expériences d’expédition maritime hors du commun.
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