Les palmiers de la Croisette ne ployaient point sous les coups de butoir d’une brise fort évanescente ! Car le soleil qui dardait ses rayons chaleureux au large des îles de Lérins, était aux abonnés absents sur les reliefs cannois recouverts d’une chape nuageuse plus menaçante qu’active. Mais ce contraste céleste se répercutait sur le plan d’eau : le vent thermique non seulement tardait à s’installer, mais s’avérait plus souffreteux que régulier… Et c’est ainsi qu’il fallut au Comité de Course enchaîner plusieurs tentatives avant de pouvoir lancer une première manche pour les monotypes dans le golfe Juan.
De fait, Éole ne daignait s’éveiller que d’un œil puisqu’il ne balayait le plan d’eau que d’un zeste asthmatique entre cinq et sept nœuds sur une mer à peine ridée par ce souffle du Levant. Et finalement après bien des tergiversations, la flotte des quarante-quatre Dragon s’élançait sous pavillon noir (tout bateau pris au-dessus de la ligne de départ avant le coup de canon était automatiquement disqualifié) pour un parcours banane. Et les habitués russes des Régates Royales s’en donnaient encore une fois à cœur joie : Anatoly Loginov et ses équipiers (Annapurna) devançaient ainsi Igor Goikmberg et ses hommes (Zenith) quand l’Allemand Michaël Schettun (Chi) s’octroyait la troisième marche du podium. Mais cette première manche n’était qu’un apéritif ! Il fallait ensuite enchaîner un nouveau parcours dans une brise encore plus instable…
Et la deuxième manche du jour redistribuait quelque peu les cartes : les Russes descendaient de leur Himalaya pour terminer dans le ventre mou de cette flotte représentant onze nations, quand les Anglais et les Allemands accédaient au Nirvana… Résultat, le Britannique Yvan Bradbury (Blue Haze) vainqueur de ce deuxième round, prenait le commandement devant le Germanique Michaël Schettun (Chi) et son compatriote Jonathan Brown (Storm), reléguant ainsi Annapurna à la cinquième place et Zenith à la huitième ! Notons la belle performance de Jean Bréger (Ulysse) épaulé par Christian Gout et Gaëtan Aunette, premier équipage français à la septième place quand l’équipage turc de Ibrahim Arkun Demircan (Monday) intégrait le top ten pour sa première venue à Cannes !
Et ce vent poussif ne découragea point les yachts classiques qui profitaient de ces conditions un peu aléatoires pour peaufiner leurs derniers réglages avant la première confrontation aujourd'hui mardi. 12mJI ou ketchs du siècle dernier, yawls centenaires ou cotres relookés, ils furent nombreux à se caler en tirant des bords dans cette brise thermique peu soutenue, ce qui entraînait quelques bordées cahin-caha au gré de risées éphémères… Mais ils seront près d’une centaine à en découdre sur plusieurs parcours selon leur catégorie : la brise qui devrait rester au secteur Est, devrait ainsi prendre un peu plus de coffre, surtout en début d’après-midi grâce à un soleil plus généreux sur toute la baie de La Napoule.
Le tout avec des températures toujours aussi agréables et proches des normales saisonnières : 20-23° C dès le milieu de la matinée. Et la suite s’annonce aussi fort souriante pour toutes les Régates Royales de Cannes –Trophée Panerai puisque le vent devrait toujours se renforcer sous les coups de midi jusqu’à samedi prochain, sans devenir ni tempétueux ni voilé par une masse cotonneuse… Les Royales s’affichent impériales !