Mini-Transat La Boulangère : rentrer dans le rythme au plus vite

Par Nautisme.com

C'est une drôle de période que les premières vingt-quatre heures d'une course comme la Mini-Transat La Boulangère. On a beau dire et beau faire, il faut un temps d'adaptation avant de recouvrer la totalité de son potentiel et de goûter pleinement le plaisir d'être en mer. D'autant que la météo n'est pas vraiment de la partie : ciel gris, mer agitée, navigation au près. Pour trouver la plénitude, il va falloir se faire (un peu) violence.

C'est une drôle de période que les premières vingt-quatre heures d'une course comme la Mini-Transat La Boulangère. On a beau dire et beau faire, il faut un temps d'adaptation avant de recouvrer la totalité de son potentiel et de goûter pleinement le plaisir d'être en mer. D'autant que la météo n'est pas vraiment de la partie : ciel gris, mer agitée, navigation au près. Pour trouver la plénitude, il va falloir se faire (un peu) violence.

Les premières vingt-quatre heures sont maintenant dans le sillage de la flotte de la Mini-Transat La Boulangère. Pour autant, la bascule d'un monde à l'autre ne se fait pas sans quelques difficultés entre petits soucis de préparation et de prise de marques des solitaires.

Insidieuse naupathie

Premier ennemi, le mal de mer. Dans ce domaine, on ne peut pas parler d'égalité des chances. Une infime minorité peut se targuer d'ignorer ces états nauséeux où la paresse gagne, où chaque manœuvre demande un effort, où la volonté initiale se dilue petit à petit dans la ligne d'horizon qui ne cesse de bouger de haut en bas, de droite et de gauche. D'autres savent que c'est un mal récurrent qui, quoi qu'il advienne, va les atteindre. Il peut aller parfois jusqu'à annihiler leur volonté, mettre à plat le plus joyeux des gaillards. Enfin pour la grande majorité des coureurs, les effets de la naupathie seront minimes : manque d'appétit, difficulté à passer en phase active, légère perte de lucidité des coureurs, tentation de parer au plus facile au détriment du plus efficace. A la vacation de ce matin, ils sont quelques-uns à avoir avouer être atteints tels Julien Bozzolo (Mariolle.fr), François Denis (So-Boat.com) ou bien encore Arnaud Etchandy (Ipar Hego). On peut gager, sans grand risque de se tromper, qu'ils sont bien plus nombreux au sein de la flotte à en ressentir les effets, mais en tête de flotte on évite d'ores et déjà de donner des informations qui feraient office d'aveu de faiblesse, régate oblige.

Bobos techniques

Les premières heures de course sont aussi celles des mauvaises surprises. A l'inverse des skippers professionnels, un Ministe ne dispose que rarement d'un préparateur dédié. Les copains, font office de, quand ce n'est pas le coureur lui-même qui met la main à la pâte pour faire que le bateau soit fin prêt dans les délais. Dans ces conditions, difficile d'être totalement affuté et certains déplorent des petits soucis, qui sans être dramatiques, pourrissent la vie du navigateur dans ces premières heures de course. Ainsi Julien Héreu (Poema Insurance) tentait de résoudre un souci de groupe électrogène, bien utile dans ces conditions nuageuses, quand Marc Miro (Alfin) signalait des difficultés à faire fonctionner son AIS. Mais il n'est pas forcément nécessaire d'être victime de soucis techniques pour reculer au classement. L'Irlandais Thomas Dolan (Offshoresailing.fr), a dû quant à lui, rebrousser chemin après s'être rendu compte qu'il n'avait pas respecté les marques de parcours de la porte du parcours côtier. C'est en revanche fort compromis pour Matteo Rusticali (Spot) qui partait à la barre du plus vieux bateau de la course, un plan Lang construit pour la Mini-Transat de 1991. Après avoir démâté, Matteo a annoncé son intention de rallier La Rochelle sous gréement de fortune. Il semble, au vu de sa route, qu'il ait plutôt choisi l'embouchure de la Gironde comme point d'atterrage.

Casse-tête stratégique en vue

Pour l'heure, les solitaires tentent de composer avec le régime de vents d'ouest dominants. Les trajectoires de la plupart des concurrents oscillaient en fonction des variations, mais dans l'ensemble tout le monde avait choisi de naviguer tribord amure, sur le bord rapprochant vers le cap Ortegal et la pointe de la Galice. Avec le retour du vent à l'ouest, les premiers choix vont devoir se faire : prolonger son bord ou gagner dans le nord ? Les prévisions météo annoncent l'arrivée d'un front par le nord-ouest qui devrait générer à son arrière des vents de nord-est. Le dilemme est simple : en prolongeant son bord, on peut espérer avoir gagné sur la route de la pointe d'Espagne suffisamment pour tirer parti d'un vent qui s'établira progressivement au portant pour tout le monde. En gagnant dans le nord, on anticipe l'arrivée du front pour être les premiers à bénéficier de la bascule. En tête de flotte, on semble avoir choisi la deuxième solution, même si Romain Bolzinger (Spicee.com) n'avait pas encore pris la décision de virer à 17h (TU+2). En tête Erwan le Méné (Rousseau Clôtures) a repris l'avantage sur Ian Lipinski (Griffon.fr) mais les écarts sont infimes. Derrière les hommes de tête, ils sont trois à tenir la cadence : Aurélien Poisson (TeamWork) dans le coup depuis le début de course, Jorg Riechers (Lilienthal) et Charlotte Méry (Optigestion – Femmes de Bretagne), dont la culture de régatière fait merveille dès lors qu'il s'agit de trouver le bon timing de virements de bord.

En série, nombre de concurrents se méfiaient de Rémi Aubrun (Alternative Sailing – Constructions du Belon), même si le voilier de La Trinité-sur-Mer avait peu couru cette saison. Force est de constater qu'ils avaient raison puisqu'il est en train de mener la vie dure à Erwan Le Draoulec (Emile Henry), leader pour deux dixièmes de milles. Valentin Gauthier (Shaman – Banque du Léman) complète le podium. A noter la jolie performance du Tchèque Pavel Roubal (Pogo Dancer) qui ne pointe qu'à deux milles des leaders, malgré des conditions d'entraînement compliquées pour ce navigateur qui a partagé sa vie entre Brno et la Méditerranée. Avant la Mini-Transat, Pavel a coupé pour se ressourcer et passer l'été avec sa compagne et ses filles. La méthode semble avoir du bon…

Matteo Rusticali vient d'être pris en remorque par un bateau de pêche qui fait route vers Royan. Il accompagnera le skipper italien jusqu'à l'entrée des passes de la Gironde ou Matteo sera pris en charge par la vedette SNSM de Royan en coordination avec le CROSS Etel qui supervise l'opération. Tout va bien à bord pour le skipper italien qui devrait arriver à terre en fin de nuit.

Classement à 17h (TU+2)

Prototypes

1 Erwan le Mené – Rousseau Clôtures – à 1203,2 milles de l'arrivée

2 Ian Lipinski – Griffon.fr – à 1,1 milles

3 Romain Bolzinger – Spicce.com – à 2,2 milles

4 Aurélien Poisson – TeamWork – à 2,7 milles

5 Jörg Riechers – Lilienthal – à 3,7 milles

Séries

1 Erwan Le Draoulec – Emile Henry – à 1208,9 milles de l'arrivée

2 Rémi Aubrun – Alternative Sailing – Constructions du Belon – à 0,2 milles

3 Valentin Gauthier – Shaman – Banque du Léman – à 0,9 milles

4 Pierre Chedeville – Blue Orange Games – Fair Retail – à 1,5 milles

5 Clarisse Crémer – TBS – à 1,8 milles

 

L'équipe
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau
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Nathalie Moreau est l’atout voyage et évasion de l’équipe, elle est passionnée de croisières et de destinations nautiques. En charge du planning rédactionnel du site figaronautisme.com et des réseaux sociaux, Nathalie suit de très près l’actualité et rédige chaque jour des news et des articles pour nous dépayser et nous faire rêver aux quatre coins du monde. Avide de découvertes, vous la croiserez sur tous les salons nautiques et de voyages en quête de nouveaux sujets.
Gilles Chiorri
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Associant une formation d’officier C1 de la marine marchande et un MBA d’HEC, Gilles Chiorri a sillonné tous les océans lors de nombreuses courses au large ou records, dont une victoire à la Mini Transat, détenteur du Trophée Jules Verne en 2002 à bord d’Orange, et une 2ème place à La Solitaire du Figaro la même année. Il a ensuite contribué à l’organisation de nombreux évènements, comme la Coupe de l’America, les Extreme Sailing Series et des courses océaniques dont la Route du Rhum et la Solitaire du Figaro (directeur de course), la Volvo Ocean Race (team manager). Sa connaissance du monde maritime et son réseau à l’international lui donnent une bonne compréhension du milieu qui nous passionne.
Il collabore avec les équipes de METEO CONSULT et Figaro Nautisme depuis plus de 20 ans.
Sophie Savant-Ros
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Sophie Savant-Ros, architecte de formation et co-fondatrice de METEO CONSULT est entre autres, directrice de l’édition des « Bloc Marine » et du site Figaronautisme.com.
Sophie est passionnée de photographie, elle ne se déplace jamais sans son appareil photo et privilégie les photos de paysages marins. Elle a publié deux ouvrages consacrés à l’Ile de Porquerolles et photographie les côtes pour enrichir les « Guides Escales » de Figaro Nautisme.
Albert Brel
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Albert Brel, parallèlement à une carrière au CNRS, s’est toujours intéressé à l’équipement nautique. Depuis de nombreuses années, il collabore à des revues nautiques européennes dans lesquelles il écrit des articles techniques et rend compte des comparatifs effectués sur les divers équipements. De plus, il est l’auteur de nombreux ouvrages spécialisés qui vont de la cartographie électronique aux bateaux d’occasion et qui décrivent non seulement l’évolution des technologies, mais proposent aussi des solutions pour les mettre en application à bord des bateaux.
Jean-Christophe Guillaumin
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Journaliste, photographe et auteur spécialisé dans le nautisme et l’environnement, Jean-Christophe Guillaumin est passionné de voyages et de bateaux. Il a réussi à faire matcher ses passions en découvrant le monde en bateau et en le faisant découvrir à ses lecteurs. De ses nombreuses navigations il a ramené une certitude : les océans offrent un terrain de jeu fabuleux mais aussi très fragile et aujourd’hui en danger. Fort d’une carrière riche en reportages et articles techniques, il a su se distinguer par sa capacité à vulgariser des sujets complexes tout en offrant une expertise pointue. À travers ses contributions régulières à Figaro Nautisme, il éclaire les plaisanciers, amateurs ou aguerris, sur les dernières tendances, innovations technologiques, et défis liés à la navigation. Que ce soit pour analyser les performances d’un voilier, explorer l’histoire ou décortiquer les subtilités de la course au large, il aborde chaque sujet avec le souci du détail et un regard expert.
Charlotte Lacroix
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Charlotte est une véritable globe-trotteuse ! Très jeune, elle a vécu aux quatre coins du monde et a pris goût à la découverte du monde et à l'évasion. Tantôt à pied, en kayak, en paddle, à voile ou à moteur, elle aime partir à la découverte de paradis méconnus. Elle collabore avec Figaro Nautisme au fil de l'eau et de ses coups de cœur.
Max Billac
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Max est tombé dedans quand il était petit ! Il a beaucoup navigué avec ses parents, aussi bien en voilier qu'en bateau moteur le long des côtes européennes mais pas que ! Avec quelques transatlantiques à son actif, il se passionne pour le monde du nautisme sous toutes ses formes. Il aime analyser le monde qui l'entoure et collabore avec Figaro Nautisme régulièrement.
Denis Chabassière
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Naviguant depuis son plus jeune âge que ce soit en croisière, en course, au large, en régate, des deux côtés de l’Atlantique, en Manche comme en Méditerranée, Denis, quittant la radiologie rochelaise en 2017, a effectué avec sa femme à bord de PretAixte leur 42 pieds une circumnavigation par Panama et Cape Town. Il ne lui déplait pas non plus de naviguer dans le temps avec une prédilection pour la marine d’Empire, celle de Trafalgar …
Michel Ulrich
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Après une carrière internationale d’ingénieur, Michel Ulrich navigue maintenant en plaisance sur son TARGA 35+ le long de la côte atlantique. Par ailleurs, il ne rate pas une occasion d’embarquer sur des navires de charge, de travail ou de services maritimes. Il nous fait partager des expériences d’expédition maritime hors du commun.
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