L’océan profond, au-delà de 1000 m de profondeur, représente 79% du volume de la biosphère marine. C’est le plus grand écosystème de la planète, mais c’est un environnement difficile d’accès, l’un des moins bien connus de la planète. Pourtant, il pourrait être concerné à moyen terme par des activités humaines, étant donné l’intérêt suscité par les ressources minérales profondes.
Dans ce contexte, il importe de mieux connaître ces milieux, en particulier pour les préserver. L’Ifremer pilote la campagne en mer BICOSE2 (Biodiversité, interactions, connectivité et symbioses en milieux extrêmes) en collaboration avec l’UPMC (Université Pierre et Marie Curie), le Muséum national d’histoire naturelle et l’Institut océanographique méditerranéen, campagne qui se déroulera sur la dorsale atlantique.
Le premier volet de cette campagne, mené début 2014, a permis de cartographier avec une grande précision la zone d’étude, mais aussi d’effectuer pour la première fois des prélèvements microbiologiques sur des sites hydrothermaux inactifs. La campagne BICOSE2, qui aura lieu du 27 janvier au 11 mars, permettra d'une part de compléter les données acquises en 2014 en termes de caractérisation des habitats et de biodiversité associée et d'autre part de répondre à de nouvelles questions émergentes sur les espèces observées, comme la crevette Rimicaris exoculata. Ces questions portent notamment sur le cycle de vie des espèces profondes et leur capacité de dispersion - colonisation.
L’étude de la biodiversité des grands fonds présente de nombreux intérêts. Elle permet de comprendre une origine possible de la vie et les limites de fonctionnement d'écosystèmes méconnus de notre planète. De plus, elle ouvre la voie vers l’utilisation de cette biosphère extrême pour produire de nouvelles molécules d’intérêt économique et sociétal (enzymes, médicaments ou antibiotiques par exemple).