Plage de l'Almanarre à Hyères, sur la Côte d'Azur française : paradis du kitesurf et de la planche à voile, et seul site archéologique sous-marin de France. Ici, quelques centimètres sous l'eau, une histoire vieille de 2.000 ans, celle du port de la cité romaine d'Olbia.
Par endroits, les blocs de calcaire sont parfaitement alignés. Ailleurs, ils gisent, épars, colonisés par les nacres, les oursins et les saupes, ces "vaches de mer" qui broutent les posidonies. Visible avec un simple masque et un tuba, l'ancienne jetée du port d'Olbia est là. Avant d'avoir été romaine, cette cité a d'abord été une colonie-forteresse grecque, fondée par des soldats-colons venus de Massalia (Marseille), au IVe siècle avant JC. Mais la prise de Marseille par César, en 49 avant JC, amorce la romanisation de la région. Au Ier siècle, les nouveaux maîtres d'Olbia bâtissent un véritable port, pour accueillir des bateaux plus importants.
Le niveau de la Méditerranée ayant monté de près d'un mètre en 2.000 ans, tout est noyé aujourd'hui. Quelques centimètres sous l'eau par endroits, et par 3 à 4 mètres de fond au maximum. Mais l'histoire est là : comme ces queues d'aronde encore visible sur les blocs, des rainures creusées pour les relier les uns aux autres, après y avoir coulé du plomb. Sur certaines pierres, le métal est d'ailleurs encore là.
A quelques mètres de cet ouvrage romain, une épave: celle d'une tartane, coulée par environ 5 m de fond avec sa cargaison de blocs de calcaire, au milieu des posidonies. Sans doute victime d'un coup de Mistral, ce bateau s'est échoué à la fin du XIXe sur le tombolo ouest de la Presqu'île de Giens, l'un des deux cordons de grès qui relient Hyères et Giens. Avec ses pierres, il transportait aussi tout un service en porcelaine bleu et blanc du modèle "Flora" fabriqué en 1865 à Creil Montereau, en région parisienne.
Libre d'accès pour tout nageur équipé d'un masque, ce sentier sous-marin peut aussi se visiter accompagné, avec les clubs de plongée locaux. Durant les mois de juillet et août, depuis 2014, il est fléché par trois panneaux sous-marins.