Au Mont-Saint-Michel dimanche, seuls les cris des oiseaux et les cloches de l'abbaye troublaient le silence. Privée de ses nombreux touristes et commerces pour cause de coronavirus, la "Merveille de l'Occident", l'un des monuments les plus fréquentés de France, est quasiment déserte.
A l'entrée de la longue passerelle qui permet d'accéder au rocher, des gendarmes filtrent l'accès. Mis à part les rares habitants, commerçants ou artisans, personne ne peut accéder au Mont alors que les parkings sont fermés et que la navette ne fonctionne plus.
Après avoir franchi le mur d'enceinte, absolument tous les rideaux des crêperies, hôtels, restaurants, magasins de souvenirs de la Grande rue sont baissés. Un paysage méconnaissable et surréaliste dans ce qui est en temps normal l'une des voies les plus engorgées de France.
"C'est désormais une ville fantôme, il n'y a plus du tout de vie...Ça fait tout drôle alors que le Mont est si vivant d'habitude!", soupire Géraldine Faguais, qui tient depuis vingt ans une boutique près de l'église paroissiale.
Et si les hommes semblent avoir déserté le Mont-Saint-Michel, les goélands et mouettes, eux, semblent s'être multipliés, tournant autour de la statue de l'archange par nuées, poussant leur cri entêtant, dans une atmosphère digne des "Oiseaux" de Hitchcock.
Tout en haut des marches, l'abbaye, où d'ordinaire des touristes doivent patienter pour visiter l'église et admirer l'immensité de la baie, une affichette est désormais visible sur la porte: "En raison de l'épidémie, il n'y a pas d'office public à l'abbaye. Les frères et soeurs continuent de prier pour chacun".
En descendant la grand'rue, la porte d'une maison s'ouvre, une situation qui devient presque incongrue. Jean-Yves Lebrec, un des rares habitants à l'année, découvre un Mont-Saint-Michel totalement transformé...le jour. "Car le soir en réalité, il n'y a pas tellement de monde, les commerçants repartent chez eux", dit cet artiste peintre. Mais ne lui demandez pas si le brouhaha et le flot de touristes lui manquent. "On n'est pas du tout triste par l'absence de monde. Le Mont a besoin aussi de se reposer de temps en temps, il est très sollicité!", sourit-il. Et, même si on habite dans une île, protégée par des remparts et quasi déserte, on n'échappe pas aux arrêtés limitant la circulation. "Même ici, on est tous confinés et il n'y a pas de raison qu'on ne respecte pas!".