En naviguant à travers îles vierges et lagons turquoises, la première croisière saoudienne vise à développer le tourisme malgré les craintes liées au coronavirus et à présenter des mégaprojet prévus le long de la mer Rouge.
Le Silver Spirit propose depuis août un circuit le long d'une côte sauvage que le royaume veut transformer en paradis touristique et en pôle économique pour réduire sa dépendance au pétrole. "Nous voulons faire connaître la mer Rouge au monde entier", a déclaré le ministre du Tourisme, Ahmed al-Khatib, à l'AFP à bord du bateau de luxe affrété par une société du Fonds d'investissement public (FIP).
Durant quatre jours, le bateau a navigué à travers des sites de développement clés, dont le projet de la mer Rouge, conçu comme une destination de style Maldives, et Amaala, un projet de tourisme de luxe. Il a aussi jeté l'ancre au large de deux îles, dont Sindala, qui font partie de NEOM, une mégapole de 500 milliards de dollars qui aura la taille de la Belgique.
Les croisiéristes ont visité la minuscule île bordée de récifs coralliens, naguère interdite au public, en voiturettes de golf et ont pris un dîner préparé par un chef étoilé. Des influenceurs invités ont posé pour des séances photo dans des eaux turquoises peu profondes et sur des plages de sable blanc.
Les sceptiques mettent en doute la viabilité de ces projets géants dans un contexte de recul des recettes publiques dû à un ralentissement de l'économie provoqué par la crise sanitaire et une chute des prix du pétrole.
Le projet de la mer Rouge a donné lieu à des contrats de cinq milliards de riyals (1,33 milliard de dollars) jusqu'ici et d'autres contrats d'une valeur de 3,5 milliards de riyals vont suivre d'ici la fin de l'année, selon le Middle East Economic Digest (MEED). "Les nouveaux projets sur la côte de la mer Rouge avancent malgré le Covid-19 et la faiblesse des prix du pétrole", a déclaré à l'AFP Colin Foreman, rédacteur au MEED.
La croisière en mer Rouge a pour prix de base 6.000 riyals (1.600 dollars) et vise les touristes nationaux qui ont les moyens, dans un contexte de stagnation du tourisme.
Fin août, le bateau a fait demi-tour à la suite d'une alerte au coronavirus et le personnel a été mis en quarantaine pendant deux semaines.
Depuis, les croisières ont repris et les passagers sont désormais soumis, avant d'embarquer, à un double test de dépistage.
En plus de suites spacieuses et de majordomes privés, la traversée offre des libertés vestimentaires. Les abaya (robes noires) obligatoires pour les femmes saoudiennes étaient presque entièrement absentes.
Toutefois, pour préserver l'intimité des passagers, les téléphones portables sont placés dans des pochettes scellées lors des escales sur les îles. Et les bars du navire ne proposent que du champagne, du vin et de la bière sans alcool.
Le Silver Spirit est parti de la cité roi Abdallah, un projet de plusieurs milliards de dollars, à proximité de la ville de Jeddah, un exemple de projets gigantesques voulus par les Saoudiens.