A l'île d'Aix, les derniers pas de Napoléon sur le sol de France

Par AFP/Figaronautisme.com

"C'est ici que se termine l'épopée": sur l'île d'Aix, un petit buste de Napoléon accueille le visiteur à la descente du bateau. De cette île charentaise, où son souvenir vit encore, l'Empereur déchu s'est livré à l'Anglais, après avoir caressé un rêve d'Amérique.

A l'entrée de la petite île (1,2 km2 et 200 habitants permanents), située entre Oléron et Ré, il faut laisser l'hôtel Napoléon à droite, prendre la rue Napoléon bordée de petites maisons basses et blanches aux volets pastel et dépasser la rue Marengo pour trouver la maison où Bonaparte passa ses derniers moments sur le sol français.

Dans cette grande bâtisse un peu austère et surmontée d'un aigle en majesté, devenue musée, il est 17h49 à toutes les pendules. L'heure de la mort de Napoléon le 5 mai 1821.

Don à l'Etat d'un descendant du général Gourgaud, un des fidèles de l'Empereur, le lieu abrite une collection de bustes, gravures, tableaux napoléoniens, dont un aigle en bois doré qui "a servi à la cérémonie du couronnement de l'Empereur", explique Elisabeth Caude, sa directrice, qui dirige aussi les musées nationaux de Malmaison et de Bois-Préau et la maison Bonaparte à Ajaccio.

"Epuisé, démoralisé, un peu malade, profondément atteint" après Waterloo, Napoléon va y dicter la lettre par laquelle il se place "sous la protection" de la couronne britannique.

"Le matin du 15 juillet 1815, Il revêt l'habit vert de la garde impériale, épée au côté", dit Mme Caude. "Il va remettre les armes en militaire", sur un navire anglais mouillant au large.

Il ne sait pas que trois mois plus tard il débarquera sur une autre île, gros caillou de l'Atlantique sud qui sera son tombeau, Sainte-Hélène.

Napoléon "n'a pas le sentiment de se jeter dans la gueule du loup", il croit partir vers "un exil tranquille en banlieue de Londres", souligne Christophe Pincemaille, responsable scientifique des musées. "Il y a un déni de sa part de ce qu'il incarne comme ennemi absolu".

Arrivé à Rochefort le 3 juillet, en habit de bourgeois mais avec une suite d'une soixantaine de personnes - ses derniers fidèles avec femmes et enfants -, il tergiverse.

Deux frégates, la Saale et la Méduse (celle dont le naufrage en 1816 inspirera Géricault), l'attendent près de l'île d'Aix. Mais des navires de guerre britanniques aussi.

Il a un "vrai projet" de rallier l'Amérique, explique Christophe Pincemaille. "Un projet d'exploration scientifique, on en a des indications dans ses bagages".

Mais un sauf-conduit tarde à arriver. Or, reprend M. Pincemaille, "il ne veut pas partir en fugitif".

A la préfecture maritime, où il séjourne, "les Rochefortais sont nombreux à venir lui témoigner leur soutien, à tenter de l'apercevoir", explique Michel Basse, guide-conférencier. D'autres options se dessinent, notamment "d'embarquer dans un navire de transport d'eau-de-vie en se cachant dans un tonneau", raconte-t-il.

Le 8 juillet, Napoléon rejoint la côte charentaise à Fouras. De la plage, "un marin local le porte sur son dos" jusqu'à une chaloupe d'où il embarque sur la Saale, raconte le directeur du musée local Benoît Lacoste. Le 12 juillet, Bonaparte décide finalement d'aller patienter sur l'île d'Aix.

"S'il avait suivi le conseil du commandant de la Méduse de forcer le blocus naval, ça aurait pu fonctionner car la force anglaise n'était pas énorme", pense M. Lacoste.

"C'était un joueur de poker, il serait parti s'il n'avait pas eu sa suite avec lui", dit-il. "Mais il a pensé à ses gens".

Les atermoiements, peu caractéristiques de ce stratège, se poursuivent sur l'île où il écarte définitivement l'idée d'Amérique, malgré les supplications de son frère Joseph.

"A force d'hésitation, il ne lui reste qu'une option", dit M. Basse. Par écrit, Napoléon en appelle "au plus puissant, au plus constant et au plus généreux" de ses ennemis.

Mais sans jamais avoir débarqué en Grande-Bretagne, il sera envoyé à Sainte-Hélène. Là-bas, pensent les Britanniques, il ne pourra plus "nuire au repos du monde".

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Nathalie Moreau
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Gilles Chiorri
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Associant une formation d’officier C1 de la marine marchande et un MBA d’HEC, Gilles Chiorri a sillonné tous les océans lors de nombreuses courses au large ou records, dont une victoire à la Mini Transat, détenteur du Trophée Jules Verne en 2002 à bord d’Orange, et une 2ème place à La Solitaire du Figaro la même année. Il a ensuite contribué à l’organisation de nombreux évènements, comme la Coupe de l’America, les Extreme Sailing Series et des courses océaniques dont la Route du Rhum et la Solitaire du Figaro (directeur de course), la Volvo Ocean Race (team manager). Sa connaissance du monde maritime et son réseau à l’international lui donnent une bonne compréhension du milieu qui nous passionne.
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Sophie Savant-Ros, architecte de formation et co-fondatrice de METEO CONSULT est entre autres, directrice de l’édition des « Bloc Marine » et du site Figaronautisme.com.
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Jean-Christophe Guillaumin
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Journaliste, photographe et auteur spécialisé dans le nautisme et l’environnement, Jean-Christophe Guillaumin est passionné de voyages et de bateaux. Il a réussi à faire matcher ses passions en découvrant le monde en bateau et en le faisant découvrir à ses lecteurs. De ses nombreuses navigations il a ramené une certitude : les océans offrent un terrain de jeu fabuleux mais aussi très fragile et aujourd’hui en danger. Fort d’une carrière riche en reportages et articles techniques, il a su se distinguer par sa capacité à vulgariser des sujets complexes tout en offrant une expertise pointue. À travers ses contributions régulières à Figaro Nautisme, il éclaire les plaisanciers, amateurs ou aguerris, sur les dernières tendances, innovations technologiques, et défis liés à la navigation. Que ce soit pour analyser les performances d’un voilier, explorer l’histoire ou décortiquer les subtilités de la course au large, il aborde chaque sujet avec le souci du détail et un regard expert.
Charlotte Lacroix
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Charlotte est une véritable globe-trotteuse ! Très jeune, elle a vécu aux quatre coins du monde et a pris goût à la découverte du monde et à l'évasion. Tantôt à pied, en kayak, en paddle, à voile ou à moteur, elle aime partir à la découverte de paradis méconnus. Elle collabore avec Figaro Nautisme au fil de l'eau et de ses coups de cœur.
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Naviguant depuis son plus jeune âge que ce soit en croisière, en course, au large, en régate, des deux côtés de l’Atlantique, en Manche comme en Méditerranée, Denis, quittant la radiologie rochelaise en 2017, a effectué avec sa femme à bord de PretAixte leur 42 pieds une circumnavigation par Panama et Cape Town. Il ne lui déplait pas non plus de naviguer dans le temps avec une prédilection pour la marine d’Empire, celle de Trafalgar …
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Après une carrière internationale d’ingénieur, Michel Ulrich navigue maintenant en plaisance sur son TARGA 35+ le long de la côte atlantique. Par ailleurs, il ne rate pas une occasion d’embarquer sur des navires de charge, de travail ou de services maritimes. Il nous fait partager des expériences d’expédition maritime hors du commun.
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