Les professionnels du tourisme français se retrouvent pour la première fois depuis deux ans au salon IFTM Top Resa, leur grand rendez-vous qui commence mardi et fera l'état des lieux d'un secteur au redémarrage progressif, bouleversé par la pandémie de Covid-19.
Du 5 au 8 octobre à la Porte de Versailles, sont attendus, sur présentation du pass sanitaire, quelque 34.000 professionnels -croisiéristes, agents de voyage, représentants de compagnies aériennes et d'offices du tourisme.
Après un salon exclusivement digital en 2020, ces acteurs d'un secteur très éprouvé par la crise sanitaire se réunissent avec un "optimisme mesuré", indique Jean-Pierre Mas, président des Entreprises du Voyage. "On entrevoit la sortie du tunnel avec la fin de la 4ème vague de l'épidémie et surtout le rétablissement de la mobilité mondiale grâce à la vaccination et au pass sanitaire", dit-il.
"Globalement, tout le monde a résisté à 18 mois de crise, grâce au soutien efficace du gouvernement", avec à la clef "le niveau de dépôts de bilan le plus faible qu'on ait jamais connu", résume M. Mas, président d'honneur du salon. Mais parmi les entreprises aujourd'hui, "les marques à forte notoriété redémarrent mieux que les autres".
La reprise s'annonce "d'une très grande disparité en fonction des secteurs d'activité: les spécialistes de l'Asie ou de l'île Maurice ne repartent pas, ceux des voyages scolaires et des déplacements d'enfants à l'étranger sont à l'arrêt", souligne M. Mas.
Si les voyagistes et agences de voyages accusent une baisse d'activité de l'ordre de "70 à 80%" depuis janvier, "sur les réservations, ça va mieux depuis environ deux semaines", dit à l'AFP Jean-François Rial, vice-président du Syndicat des entreprises du tour-operating (Seto) et président de Voyageurs du monde.
Pour la Toussaint, "toute l'Europe - Italie, Islande, Grèce, Corse... - mais aussi l'Egypte ou le Mexique" ont le vent en poupe, et "les gens dépensent un peu plus: ils ont été frustrés, ils veulent se faire plaisir" avec une préoccupation écologique "encore secondaire, à mon grand regret", poursuit M. Rial, qui est aussi depuis mars le président de l'Office du tourisme et des congrès de Paris.
En septembre, l'activité des voyages d'affaires a fondu de moitié comparé à 2019 et "certaines habitudes aujourd'hui enracinées" -télétravail, réunions à distance, réduction des déplacements pour faire des économies...- alliées au souci de l'impact carbone des voyages "font penser qu'on ne retrouvera jamais les niveaux d'avant-crise", explique M. Mas.
Si les aides versées par le fonds de solidarité ont pris fin le 30 septembre, le gouvernement a promis du "sur-mesure" pour les entreprises à l'activité encore affectée par la crise sanitaire.
Parmi les tendances du marché mises en avant au salon Top Resa: le tourisme culturel, gastronomique, sportif, de luxe, insolite... ou encore le tourisme "médical" qui avait déjà son espace dédié en 2019.
Signe d'une tendance imposée par la crise, avec des voyages moins lointains et vers des destinations sûres au plan sanitaire, les territoires français sont mis en avant, en particulier la Corse qui accueille chaque été 2,5 millions de touristes, et où le secteur représente 31% de la production de richesses.
"Comment gérer une crise systémique en créant des opportunités", "Comment surfer sur les nouvelles exigences des consommateurs", "Le temps de la résilience individuelle et collective" ou encore "Les destinations françaises sous pression environnementale": les thèmes des débats illustrent les défis qui se posent au secteur.
En France, le tourisme a rapporté 57 milliards d'euros en 2019 (soit 7,5% du PIB) et représenté 2,87 millions d'emplois. En 2020, avec la crise sanitaire, les recettes ont été divisées par deux.