Près d'un chaudron qui bouillonne au bord d'une rivière sur la côte de la Baltique, une file d'attente s'étire pour venir goûter la spécialité lettone locale: un poisson parasite aux allures d'anguille, dénommé lamproie marine.
Les lamproies, qui se nourrissent en s'accrochant aux harengs et aux saumons pour en aspirer le sang, furent un plat très populaire au Moyen Âge avant de passer de mode dans une majeure partie de l'Europe.
En Lettonie, elles restent un met de choix célébré lors de nombreux festivals.
"Fumées ou bouillies dans une soupe, les lamproies ont un goût unique", s'enthousiasme Laura Berzina, venue assister au festival d'automne de Salacgriva.
Mme Berzina a parcouru une centaine de kilomètres avec sa famille pour goûter ce délice.
Nataliya Alexandrova, une comptable de Riga à la retraite, est née en Russie. "Mais vivre en Lettonie m'a fait apprécier ce plat fantastique", déclare-t-elle.
Un kilo de lamproies dans un supermarché letton coûte jusqu'à 30 euros, soit près de quatre fois plus qu'un kilo de boeuf.
Selon BIOR, l'Institut de sécurité alimentaire et de santé animale de Riga, environ 50 tonnes de lamproies sont capturées chaque année en Lettonie, pays de 1,9 million d'habitants.
Malgré son statut de parasite, la lamproie est devenue le symbole officiel de différentes villes côtières.
La Commission européenne l'a même incluse dans sa liste de produits alimentaires et de boissons bénéficiant d'une "appellation d'origine protégée", aux côtés du champagne français et de la feta grecque.
Au Royaume-Uni, la lamproie est étroitement liée à la famille royale. Un excès de lamproies aurait ainsi été la cause de la mort du roi Henri Ier en 1135, ce qui n'empêche pas qu'aujourd'hui encore, des tourtes à la lamproie sont servies lors des banquets royaux.