LA QUARANTE-SIXIÈME NUIT. Coincé dans le pot au noir, Armel le Cléac’h voit filer Thomas Coville, qui gagne du terrain sur Charles Caudrelier, à quai encore quelques heures. Dans le sud, Anthony Marchand regarde dans son rétroviseur la progression d’Éric Péron, qui a les yeux rivés sur son rival.
Sacré pot au noir, qui a fait croire à Armel le Cléac’h qu’il allait lui ménager une petite porte pour faciliter sa traversée, l’a laissé avancer, puis a fermé l’Atlantique à double tour, d’est en ouest. À six nœuds à peine ce vendredi matin, le skipper du Maxi Banque Populaire XI devrait, selon les routages effectués par la direction de course, passer l’équateur en tout début de soirée. Prisonnier du pot au noir, Armel Le Cléac’h aura vu Thomas Coville se faire la malle. Plus de six cents milles séparent les deuxième et troisième ce vendredi matin, et l’écart ne va cesser de se creuser, l’évadé de Sodebo Ultim 3 cavalant dans les alizés, et ce pendant au moins 48 heures encore. Armel Le Cléac’h, lui, touchera du vent dans environ une journée. Pour les deux, c’est une arrivée tonique qui semble s’annoncer. Une dépression semble décider à venir muscler les conditions d’accès au golfe de Gascogne.
En dessous, Anthony Marchand ronge son frein. Si le skipper de Actual Ultim 3 avance à une moyenne convenable (500 milles parcourus sur 24 heures), sa progression n’est pas confortable. Anthony Marchand est en passe de se faire rattraper par une dépression qui vient du sud-ouest et qui va le pousser vers le nord. Le hic, c’est que cette dépression apporte un cadeau inattendu, en tout cas pas espéré. Calé dans ce flux qui fait office d’ascenseur, Éric Péron gagne du terrain sur son concurrent.
Ce soir, peut-être, demain matin probablement, Charles Caudrelier remettra ses bottes, son ciré, le casque lourd. Il endossera son amure pour reprendre sa route vers Brest. Ses 1200 milles à parcourir se feront commenceront par une petite phase sans vent et avec de la mer et, très rapidement… tout s’accélérera, sur une mer démontée. Il va y avoir des manœuvres, à bord du Maxi Edmond de Rothschild ; des bords à tirer, des dents à serrer. Il faudra de la maîtrise dans les stigmates du passage des dépressions qui ont déferlé ces dernières heures sur le golfe de Gascogne. Son arrivée à Brest, lundi, se fera dans 25 nœuds de vent de nord. Ceux qui comptent aller en mer pour l’arrivée dans le goulet de la rade devront bien choisir leur chandail…
Suivez l'actualité de la course dans notre dossier spécial.
Source : ARKEA ULTIM CHALLENGE - Brest