80 ans après l'opération "Danube Elf", la flotte nazie resurgit du Danube

Par AFP / Figaronautisme.com

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© OLIVER BUNIC / AFP

Le 6 septembre 1944, l'armée nazie pourchassée par l'armée rouge sabordait des centaines de navires dans le Danube. 80 ans plus tard, la flotte s'apprête à ressurgir des eaux - au grand dam des pêcheurs serbes qui jettent là leurs filets depuis des décennies.

L'Allemagne nazie, qui avait envahi les Balkans en 1941, se retrouve coincée à l'automne 1944 par l'avancée soviétique. Pour tenter de freiner l'avancée de l'armée rouge sur le Danube et éviter que leurs navires ne tombent aux mains de l'ennemi, les Allemands décident de couler leur propre flotte à hauteur des Portes de fer, une gorge du Danube aux confins orientaux de la Serbie.

L'opération, baptisée "Danube Elf", durera deux jours.

"Les Allemands reculaient face à l'armée rouge. Ils espéraient passer par les Gorges de Djerdap [un peu plus au nord, ndlr], mais quand ils ont réalisé que ce serait impossible, ils ont décidé de couler leurs navires", explique Miki Trailovic, un historien de la région. Selon lui, plus de 200 bateaux dont des barges et des torpilleurs ont été envoyés par le fond. Après la guerre, l'armée yougoslave décide de laisser les épaves au fond du fleuve. Elles y resteront 80 ans, forçant capitaines et marins d'eau douce à manoeuvrer avec prudence sur cette portion du Danube. "Ils doivent être particulièrement prudents et il n'est pas rare de voir des échouements", affirme Damir Vladic, le responsable du port de Prahovo, quelques centaines de mètres en aval. "Il suffit de dévier très légèrement de la route pour que les problèmes arrivent."

La présence des bateaux réduit de 180 à 80 mètres la largeur navigable du Danube à cet endroit fréquenté, où sont passées en 2023 plus de 1.000 tonnes de marchandises, selon les données du gouvernement serbe. Et les accidents ne sont pas rares. En seulement quelques heures fin août, alors que le niveau du Danube était particulièrement bas, deux cargos ont buté sur les épaves, a pu constater l'AFP.

Danger
"Chaque année, on les voit dès que le niveau de l'eau baisse", dit à l'AFP Igor Skundric, tout en gardant un oeil sur le fleuve depuis son bateau. Depuis des décennies, ce pêcheur s'appuie sur les épaves pour placer ses filets et attraper poissons-chats et carpes, cachés dans les recoins des navires coulés. "C'est ici qu'il y a la plus forte concentration de poissons, c'est bien plus facile de les attraper." Mais tout cela s'apprête à changer.

En août, une colossale entreprise a commencé afin de retirer des eaux les vaisseaux nazis. Pour y parvenir, la Banque européenne d'investissement et le Cadre d'investissement pour les Balkans occidentaux (CIBO) ont mis 30 millions d'euros sur la table.

Les autorités serbes estiment que tout sera fini dans un an et demi. "Dans les prochains mois, nous espérons sortir 21 bateaux", précise Goran Vesic, ministre serbe de la Construction, des Transports et des Infrastructures.

Le premier sorti de l'eau, un dragueur de mines, a été mis à sec sans incident en août. L'opération nécessite prudence et doigté, pour prévenir tout risque d'explosion. "Les navires sont pleins de mines, d'explosifs... qui pourraient causer des dégâts irréparables s'ils explosaient", souligne M. Trailovic. "Quand des plongeurs sont venus observer les épaves il y a quelques années et ont vu ce qu'il y avait là, nous avons réalisé le danger que courait Prahovo." Les capitaines descendant le Danube devraient pouvoir respirer un peu mieux d'ici 18 mois, quand ils ne risqueront plus de s'échouer sur les navires de guerre nazis.

Quant aux pêcheurs, ils craignent de perdre leur poule aux oeufs d'or. Mais pendant toutes ces années, "ils nous ont bien servi", admet Igor Skundric.

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Nathalie Moreau
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Gilles Chiorri
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Associant une formation d’officier C1 de la marine marchande et un MBA d’HEC, Gilles Chiorri a sillonné tous les océans lors de nombreuses courses au large ou records, dont une victoire à la Mini Transat, détenteur du Trophée Jules Verne en 2002 à bord d’Orange, et une 2ème place à La Solitaire du Figaro la même année. Il a ensuite contribué à l’organisation de nombreux évènements, comme la Coupe de l’America, les Extreme Sailing Series et des courses océaniques dont la Route du Rhum et la Solitaire du Figaro (directeur de course), la Volvo Ocean Race (team manager). Sa connaissance du monde maritime et son réseau à l’international lui donnent une bonne compréhension du milieu qui nous passionne.
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Sophie Savant-Ros, architecte de formation et co-fondatrice de METEO CONSULT est entre autres, directrice de l’édition des « Bloc Marine » et du site Figaronautisme.com.
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Journaliste, photographe et auteur spécialisé dans le nautisme et l’environnement, Jean-Christophe Guillaumin est passionné de voyages et de bateaux. Il a réussi à faire matcher ses passions en découvrant le monde en bateau et en le faisant découvrir à ses lecteurs. De ses nombreuses navigations il a ramené une certitude : les océans offrent un terrain de jeu fabuleux mais aussi très fragile et aujourd’hui en danger. Fort d’une carrière riche en reportages et articles techniques, il a su se distinguer par sa capacité à vulgariser des sujets complexes tout en offrant une expertise pointue. À travers ses contributions régulières à Figaro Nautisme, il éclaire les plaisanciers, amateurs ou aguerris, sur les dernières tendances, innovations technologiques, et défis liés à la navigation. Que ce soit pour analyser les performances d’un voilier, explorer l’histoire ou décortiquer les subtilités de la course au large, il aborde chaque sujet avec le souci du détail et un regard expert.
Charlotte Lacroix
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Charlotte est une véritable globe-trotteuse ! Très jeune, elle a vécu aux quatre coins du monde et a pris goût à la découverte du monde et à l'évasion. Tantôt à pied, en kayak, en paddle, à voile ou à moteur, elle aime partir à la découverte de paradis méconnus. Elle collabore avec Figaro Nautisme au fil de l'eau et de ses coups de cœur.
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Denis Chabassière
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Naviguant depuis son plus jeune âge que ce soit en croisière, en course, au large, en régate, des deux côtés de l’Atlantique, en Manche comme en Méditerranée, Denis, quittant la radiologie rochelaise en 2017, a effectué avec sa femme à bord de PretAixte leur 42 pieds une circumnavigation par Panama et Cape Town. Il ne lui déplait pas non plus de naviguer dans le temps avec une prédilection pour la marine d’Empire, celle de Trafalgar …
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Après une carrière internationale d’ingénieur, Michel Ulrich navigue maintenant en plaisance sur son TARGA 35+ le long de la côte atlantique. Par ailleurs, il ne rate pas une occasion d’embarquer sur des navires de charge, de travail ou de services maritimes. Il nous fait partager des expériences d’expédition maritime hors du commun.
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