
Un an après avoir inscrit son nom au palmarès, Tom Dolan s’apprête à remettre son titre en jeu. Le skipper de Kingspan est désormais à Rouen, ville départ de la 56e édition de La Solitaire du Figaro Paprec, qui s’élancera le 7 septembre. Entre un hiver d’entraînement intensif mené avec Gildas Mahé - ponctué par des victoires au Spi Ouest-France puis au Trophée Laura Vergne - et une parenthèse rafraîchissante en IMOCA aux côtés de Jérémie Beyou, l’Irlandais s’avance armé d’expérience et de fraîcheur pour le rendez-vous phare de sa saison.
Trois étapes, mille pièges
Cette 56e édition s’annonce particulièrement exigeante. Pendant trois semaines, 35 marins - dont treize bizuths, huit femmes et cinq étrangers - vont s’affronter sur un tracé totalisant 1850 milles nautiques entre Rouen et Saint-Vaast-La-Hougue. Trois étapes (673, 565 et 612 milles) rythmeront l’épreuve, avec deux escales : la première en baie de Morlaix, la seconde à Vigo, en Espagne, toujours riche en surprises. L’itinéraire imaginé par le directeur de course Yann Château propose un savant mélange : les pièges de la Manche, les bords quasi hauturiers de l’Atlantique, le contournement délicat de la pointe bretonne. Autant d’occasions de creuser l’écart... ou de se laisser distancer. Le skipper de Kingspan connaît ces pièges sur le bout des doigts. « Cette année, le parcours est très océanique, avec beaucoup de large. C’est ce que j’aime », souligne-t-il, avant de nuancer aussitôt : « Quand on va en Espagne, il faut toujours se méfier. C’est une étape où tu peux gagner énormément... ou perdre beaucoup. Je vais éviter de prendre trop de risques là-bas. » L’Irlandais sait que la moindre erreur se paie cash dans une course qui se dispute au temps, où chaque minute peut faire basculer un classement général. Dans ce contexte, les concurrents seront nombreux à vouloir inscrire leur nom au palmarès. Alexis Loison, récent vainqueur de la Rolex Fastnet Race et pilier de la Solitaire avec une 19e participation, reste une référence. Mais la jeunesse pousse fort : Mäel Garnier, Hugo Dhallenne, Jules Delpech ou encore Charlotte Yven affichent de grandes ambitions. Le Top 10 s’annonce ouvert et la hiérarchie loin d’être figée.
Humilité et fraîcheur comme credo
Dans ce décor compétitif, Tom Dolan avance sans excès de pression. « Dans ma tête, j’ai remis les compteurs à zéro. Personne n’a encore gagné le Figaro 2025. L’an dernier, c’était formidable, mais c’est du passé », insiste-t-il. Son approche repose sur deux piliers : l’humilité et la fraîcheur. Après sept saisons sur le circuit Figaro, il sait que la clé n’est pas seulement technique, mais mentale et physique : « Il faut profiter du moment présent. Je crois que c’est une des clés : rester cool et arriver frais. » Pour atteindre cet équilibre, le skipper de Kingspan s’est nourri de son expérience en IMOCA cet été. « C’était un vrai break, avec beaucoup de plaisir et zéro stress. J’ai navigué pour le pur bonheur d’être sur l’eau. » En ce mois de septembre, les conditions pourraient par ailleurs se montrer particulièrement musclées : « On est à une période où les dépressions et parfois même les restes de tempêtes tropicales peuvent arriver jusqu’en Atlantique. Si le vent se renforce, cela fera un peu le tri entre ceux qui ont du bagage et ceux qui en ont un peu moins. » À terre, sa méthode est la même que l’an passé : se mettre rapidement dans sa bulle pour éviter de se disperser. « Si tu passes trop de temps entre les copains, les repas, l’ambiance colonie de vacances, le retour sur l’eau peut être un choc. J’aime bien couper tôt, ça me permet de rester concentré. » Serein, préparé et animé d’une énergie retrouvée, le navigateur sait que les détails feront la différence. Son travail hivernal avec Gildas Mahé a porté sur les voiles, des ajustements subtils en apparence, mais décisifs à ce niveau de compétition. À l’heure d’entrer dans l’arène, il se veut philosophe : « On a peaufiné chaque détail du bateau. Maintenant, il s’agit de voir si tout cela va payer. »