
Après un nombre record de propositions consacrées aux requins, la réunion de cette année de la Commission internationale pour la conservation des thonidés de l’Atlantique (ICCAT) s’est conclue avec de nouvelles mesures de protection pour les requins pèlerins et les requins blancs, une réduction des limites de capture de requin-taupe bleu de l’Atlantique Sud, et des avancées procédurales concernant le respect des mesures relatives aux requins. Pour la dix-septième année consécutive, les tentatives visant à renforcer l’interdiction du prélèvement des ailerons au sein de l’ICCAT ont cependant échoué.
« Les nouvelles interdictions de rétention pour les requins pèlerins et les requins blancs combleront des lacunes dans la protection de ces espèces mondialement menacées, en renforçant les interdictions nationales et en aidant les pays à remplir leurs obligations au titre des accords environnementaux », commente Ali Hood, directrice de la conservation au Shark Trust. « Nous espérons que le nouvel engagement garantissant que les pêcheurs remettent ces requins à l’eau rapidement et avec précaution stimulera le développement de protocoles de manipulation sécurisée afin de maximiser leurs chances de survie. Nous remercions le Royaume-Uni d’avoir guidé avec soin l’adoption définitive de ces mesures cette semaine ».
Les scientifiques de l’ICCAT mettent à jour les évaluations des populations de requins-taupes bleus et indiquent que la mortalité due à la pêche demeure excessive. Les recommandations pour reconstituer la population de l’Atlantique Sud ont conduit les pays pêcheurs à accepter une réduction de 50 % du total admissible des captures dans la région (tenant compte des débarquements et de la mortalité liée au rejet), pour atteindre 1 000 tonnes métriques par an.
« Le requin-taupe bleu est l’une des espèces de requins les plus précieuses, mais aussi les plus vulnérables de l’Atlantique. À ce titre, les mesures de protection devraient être particulièrement prudentes », considère Sonja Fordham, présidente de Shark Advocates International. « Si nous saluons la réduction significative des limites de capture dans l’Atlantique Sud, nous continuons à encourager les pays pêcheurs à améliorer la déclaration de leurs captures de requins-taupes bleus, à travailler de toute urgence sur des stratégies visant à réduire les prises accessoires et à étendre les mesures internationales de conservation du requin-taupe bleu à d’autres océans. »
Le Comité de conformité de l’ICCAT a examiné le respect des mesures de conservation des requins par les pays membres et a constaté que beaucoup accusent encore un retard, tandis que d’autres ont réalisé des progrès considérables. Le Mexique a été particulièrement félicité pour ses nouvelles réglementations sur les requins, qui appliquent plusieurs obligations de longue date de l’ICCAT.
« Il est positif de constater que les efforts entrepris depuis plusieurs années pour renforcer la conformité des pays aux mesures de l’ICCAT commencent enfin à produire des résultats concrets », a déclaré Shannon Arnold, directrice associée de l’Ecology Action Centre. « Nous avons également été satisfaits de contribuer à l’adoption d’un nouveau processus transparent, élaboré en collaboration avec les parties prenantes, les scientifiques et les gouvernements, afin de combler des failles persistantes. Malgré ces avancées, trop de pays ne respectent toujours pas leurs obligations en matière de protection des requins, et l’ICCAT n’agit pas suffisamment fermement face aux cas importants de non-conformité. Cela pose un problème particulier pour l’efficacité des mesures de protection de l’ICCAT concernant les requins-marteaux et les requins soyeux, tous deux gravement menacés ».
L’Union européenne et les États-Unis ont de nouveau mené un effort multilatéral visant à renforcer l’interdiction par l’ICCAT du prélèvement des ailerons, en exigeant que les requins soient débarqués avec leurs nageoires naturellement attachées - une pratique largement considérée comme la meilleure option pour respecter la réglementation et utile pour le recueil des données de capture. Au fil des années, une grande majorité des Parties à l’ICCAT ont soutenu ce changement, mais le Japon et la Chine bloquent systématiquement le consensus.
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