10 conseils pour naviguer en double en toute sécurité

Culture nautique

En couple ? Avec un ami ? En course ou avec son co-propriétaire ? En famille mais avec des enfants en bas âge ? Les raisons de n’être que deux en croisière à assumer les manœuvres sont multiples. Mais le plaisir d’être en double n’en est que décuplé. Voici 10 conseils pour une croisière, à deux, harmonieuse et… en toute sécurité !

Naviguer en double, c’est l’assurance de partager des moments… ©Alubat
En couple ? Avec un ami ? En course ou avec son co-propriétaire ? En famille mais avec des enfants en bas âge ? Les raisons de n’être que deux en croisière à assumer les manœuvres sont multiples. Mais le plaisir d’être en double n’en est que décuplé. Voici 10 conseils pour une croisière, à deux, harmonieuse et… en toute sécurité !

1- Choisir son binôme avec soin
Commençons par le Baba : pour réussir votre croisière en double consiste à choisir avec soin votre binôme. La première question à se poser est bien sûr celle de ses qualités de marin. Cherchez-vous un équipier amariné ? Un co-skipper ? Un simple compagnon de route ? Un cuisinier ? Au-delà de ses compétences nautiques, votre équipage doit être constitué par affinités, et compatible à une vie dans un espace contraint.
Les qualités de votre « double » seront à évaluer différemment selon vos projets de navigation. Un convoyage en Bretagne en hiver ne demandera pas les mêmes compétences et expertise en navigation qu’une tranquille croisière aux BVI... Commencez par bien définir son profil et ce que vous attendez de votre partenaire. Soyez honnête et analysez ensemble la faisabilité du projet. Attention, à ne pas surévaluer les compétences de cet équipier potentiel sous prétexte que personne d’autre ne se présente et que vous devez appareiller. Un skipper responsable ne prend la mer qu’avec une météo, un bateau et un équipage fin prêts !
Ceci dit, la majorité des navigations en double n’est pas celle d’un skipper embarquant un équipier, mais plutôt celle d’un couple en balade pour la journée, en vacances pour quelques jours, en année sabbatique ou en retraite. Dans ce cas, la question du « double » est bien plus épineuse… On sort de la stricte organisation de la vie en bateau pour entrer dans l’intime. Et ce choix de vie doit être désiré, accepté et validé par les deux équipiers ! Attention, votre couple peut ne pas se remettre d’une expérience nautique malheureuse…

2- Préparer sa navigation
Un skipper responsable prépare forcément toujours la navigation à venir en fonction de la météo, de la destination choisie, de son bateau et… de son équipage. En double, cette préparation doit être encore plus minutieuse. Selon la météo et les routages, il faut définir les caps à suivre et les heures estimatives de leurs changements, les dangers, feux et balises que vous allez croiser sur la route et à quel moment… Enfin, les spécificités de la zone d’arrivée – qu’il s’agisse d’une marina ou d’un mouillage forain - doivent être connues et notées pour pouvoir rapidement se rafraichir la mémoire en cas de besoin. Bref, tout doit être préparé – idéalement ensemble – pour que chacun à bord connaisse parfaitement la navigation à venir et soit apte à la gérer.

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Petits ou grands bateaux, voile ou moteur, naviguer à deux apporte une vraie complicité… © Pexels – Cottonbro

3- Prendre les décisions collectivement
L’époque où le « captain » était le seul maître à bord et avait « droit de vie et de mort » sur son équipage est belle et bien révolue. Et c’est tant mieux ! A deux, mais c’est bien sûr aussi valable à quatre ou à dix, les choix de la croisière, des temps de navigation à aux mouillages doivent être pris collectivement. Si l’un des deux est fatigué ou victime du mal de mer, il n’est pas envisageable de partir pour une longue étape avec une météo difficile et un temps froid.
Mais, si les choix de destinations, de voiles ou de routes… se doivent d’être validés ensemble, il n’en reste pas moins qu’en cas de danger imminent, c’est le skipper qui doit impérativement prendre la main. Il est donc indispensable, avant le départ, d’avoir défini à qui revient cette responsabilité si la situation l’exige !

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Une table à cartes regorge d’instruments que tout le monde doit connaître et savoir gérer quand on navigue à deux ! © Jeanneau

4- Anticiper chaque manœuvre
Vous avez l’habitude de gréer telle ou telle voile ? De naviguer à un régime moteur donné dans telles conditions de mer ? Et quid du mouillage ? Quelle que soit la manœuvre envisagée, à deux, elle doit être fortement anticipée. On ne lance pas un empannage sur un bateau de croisière de plus de 15m sans l’avoir correctement préparé. Surtout en équipage réduit. Chacun, à bord, doit connaître son rôle, son poste, ce qu’il doit faire (et ne surtout pas faire) pour éviter les situations hasardeuses ou pire, les bêtises et manquements qui entraînent des avaries ou des blessures. Les tensions sur les bateaux modernes sont énormes et d’une écoute à une drisse ou une chaîne de mouillage, le mauvais geste peut avoir des conséquences graves. Alors avant une manœuvre, même si elle est basique et déjà réalisée des centaines de fois, on rappelle à chacun son rôle et les gestes à faire et ceux à proscrire. Une évidence qui ne prend que quelques secondes mais qui peut tout changer…

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Pour une journée ou pour une transatlantique, naviguer en double demande toujours une préparation plus spécifique. © Jérôme Kelagopian-Jeanneau

5- Communiquer efficacement
Quand un ordre pour une manœuvre part à la volée, il y a toujours quelqu’un pour l’entendre et s’en occuper à bord d’un bateau avec un équipage suffisamment nombreux. A deux, c’est forcément plus délicat. Il faut donc mettre en place une communication claire. L’anticipation (voir le point n°4) fait que vous ne devriez pas vous retrouver dans une situation où l’autre doit sortir de sa bannette en urgence pour vous venir en aide sur une manœuvre. C’est en tout cas la théorie, mais la réalité de la vie en mer est souvent toute autre. Et ces situations d’urgence existent, même si vous anticipez au mieux tout ce qui peut l’être. C’est là qu’il faut avoir mis au point une communication précise et parfaitement codifiée entre vous. Pour que l’appel ne soit pas le même si vous rêvez d’un café ou si vous venez de taper un OFNI

6- Faut-il s’attacher jour et nuit ?
Dans une société de plus en plus codifiée et sécurisée, l’un des grands plaisirs de la navigation de plaisance est de laisser à chacun le choix de ce qu’il souhaite – ou pas – faire. Les Anglo-Saxons n’imaginent pas naviguer, même par beau temps, sans avoir capelé un gilet gonflable souvent relié à une ligne de vie. Les Français n’ont pas cette culture et rares sont ceux, par beau temps, qui prennent cette précaution pourtant élémentaire.
Que vous soyez un adepte du gilet et de la ligne de vie ou pas et pour être certain de faire le bon choix, prévoyez de simuler une opération « d’homme à la mer » en solitaire. Et oui, quand on est deux à bord et que l’un tombe à l’eau, on se retrouve… tout seul ! Pour rappel, il ne faut pas quitter « l’homme à la mer » des yeux, tout en faisant faire demi-tour au bateau et mettre en place le système pour récupérer et hisser à bord celui qui est à l’eau et qui peut être inconscient. Le tout en prévenant les secours et en notant les coordonnées exactes de l’accident.
Oui, vu comme cela, il vaut vraiment mieux ne pas tomber à l’eau ! Et le meilleur moyen pour éviter cette situation, qui est celle qui génère le plus d’accidents graves en mer, c’est d’être relié au bateau…

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En double, la sécurité doit être la priorité des priorités© Pexels - Ollivves

7- L’autonomie de chacun, la règle de sécurité n°1
A deux, l’autonomie est indispensable à la sécurité de tous. Chacun doit donc être capable de tracer la route, suivre le cap, comprendre la météo, prendre un ris, envoyer ou affaler une voile, arrêter une décision en cas d’urgence, régler un problème moteur et… réagir correctement en cas de début d’incendie ou « d’homme à la mer », etc. Trop de skippers laissent leurs équipiers dans une méconnaissance de certaines manœuvres sous des prétextes fallacieux. En double sur un bateau, chacun doit être capable de tout faire. C’est une simple question de bon sens (marin) et de sécurité. Si l’un des deux n’est pas à l’aise pour telle ou telle manœuvre, il faut la répéter jusqu’à ce qu’elle soit parfaitement acquise. Et si le skipper n’est pas assez pédagogue, il existe des formations adaptées à chacun, selon ses désiderata et son niveau.

8- A deux, on est beaucoup plus fort
En course comme en croisière, la navigation en double n’est pas du tout équivalente à la somme de deux solitaires à bord qui se croisent à chaque quart. Il suffit de voir les impressionnantes moyennes réalisées sur les courses en double par rapport à celles en solitaire. Les bateaux y sont menés à 100% de leurs possibilités 24 heures sur 24.
En croisière, la notion de performances est bien sûr bien moins importante. Il n’empêche que chacun à bord doit être à même de tout faire (voir points n°3 et n°7) pour une simple question de sécurité. Quatre yeux voient beaucoup mieux que deux, quatre bras permettent de réaliser de plus belles manœuvres. Quant au partage des tâches, il doit être équilibré pour la bonne entente du duo et éviter les éventuelles rancœurs. Rien de pire qu’un équipage en double qui ne se parle plus : la croisière vire au cauchemar – surtout si le duo est un couple – et le risque d’accidents est démultiplié.

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Naviguer en famille, avec de jeunes enfants équivaut à naviguer en double !© Lagoon Catamarans

9- Le pilote, le 3e équipier indispensable
Les navigations en double restent plus compliquées à gérer. Heureusement, les accastilleurs, informaticiens et autres voiliers, motoristes et équipementiers ont développé de nombreux outils pour simplifier la vie des duos.
Le pilote est l’équipier parfait, que vous naviguiez en solitaire, en double ou en équipage. Il barre le bateau 24h/24, bien mieux que n’importe qui à bord – même les marins du Vendée Globe plébiscitent leur pilote automatique ! Alors il faut non seulement en embarquer un, mais aussi toutes les pièces de rechange indispensables en cas de croisière au long cours. Imaginer devoir s’enchaîner à la barre d’un bateau alors que vous n’êtes que deux à bord, pendant les 20 à 30 jours d’une transat, ça vous dit ?
Toujours en termes de sécurité, le radar et l’AIS sont des outils très utiles en équipage réduit, même s’ils ne doivent jamais remplacer la veille continuelle à bord de votre bateau. Et oui, si vous naviguez en couple, vous dormirez seul pendant les navigations…
Des winches électriques (et forcément self-tailing) permettent de manœuvrer tellement plus facilement qu’il serait dommage de s’en priver. Nos bateaux sont de plus en plus grands et la visibilité depuis le poste de barre souvent problématique. Pourtant, les ports, eux ne laissent pas plus d’espaces pour manœuvrer. Alors, un bon propulseur d’étrave, des talkies walkies pour communiquer facilement d’un bout à l’autre du bateau sans avoir à hurler et voici un accostage facilement réalisé dans le calme et la bonne humeur. Un système pour remonter un homme à la mer inconscient est aussi utile à bord. N’hésitez pas à vous renseigner auprès des spécialistes de la préparation de bateaux de course comme de croisière, ils sont d’excellents conseils sur ce qu’il est utile d’embarquer quand on navigue en double.

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Pour naviguer en double en sécurité, vous pouvez équiper votre bateau de nombreux accessoires : AIS, radar, winches électriques, propulseur d’étraves…

10- Etre complémentaire, en course comme en croisière, oui mais…
Sur les courses en double, la formation des duos passe par une bonne entente des personnes, mais aussi – et même avant tout – par leur complémentarité. Mais attention, en croisière, à ce que cette complémentarité ne tourne pas à l’arnaque. Faire la vidange du moteur, ce qui n’est pas agréable mais est nécessaire toutes les 100 heures de fonctionnement et le carénage une fois par an, n’équivaut pas à faire à manger trois fois par jour et s’occuper de la lessive… Le respect de son duo et de son travail est essentiel pour la bonne entente du bord. Combien de couples ou d’amis n’ont pas résisté à quelques semaines en navigation dans la promiscuité d’un bateau ? La vie à bord n’est pas un « copié-collé » de la vie à terre. L’’important est que chacun trouve la place qui le valorise et lui donne envie… de continuer à naviguer en double !
Et avant de partir en mer, ayez les bons réflexes en consultant la météo sur METEO CONSULT Marine et en téléchargeant l'application mobile gratuite Bloc Marine.

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Nathalie Moreau
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau est l’atout voyage et évasion de l’équipe, elle est passionnée de croisières et de destinations nautiques. En charge du planning rédactionnel du site figaronautisme.com et des réseaux sociaux, Nathalie suit de très près l’actualité et rédige chaque jour des news et des articles pour nous dépayser et nous faire rêver aux quatre coins du monde. Avide de découvertes, vous la croiserez sur tous les salons nautiques et de voyages en quête de nouveaux sujets.
Gilles Chiorri
Gilles Chiorri
Gilles Chiorri
Associant une formation d’officier C1 de la marine marchande et un MBA d’HEC, Gilles Chiorri a sillonné tous les océans lors de nombreuses courses au large ou records, dont une victoire à la Mini Transat, détenteur du Trophée Jules Verne en 2002 à bord d’Orange, et une 2ème place à La Solitaire du Figaro la même année. Il a ensuite contribué à l’organisation de nombreux évènements, comme la Coupe de l’America, les Extreme Sailing Series et des courses océaniques dont la Route du Rhum et la Solitaire du Figaro (directeur de course), la Volvo Ocean Race (team manager). Sa connaissance du monde maritime et son réseau à l’international lui donnent une bonne compréhension du milieu qui nous passionne.
Il collabore avec les équipes de METEO CONSULT et Figaro Nautisme depuis plus de 20 ans.
Sophie Savant-Ros
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Sophie Savant-Ros
Sophie Savant-Ros, architecte de formation et co-fondatrice de METEO CONSULT est entre autres, directrice de l’édition des « Bloc Marine » et du site Figaronautisme.com.
Sophie est passionnée de photographie, elle ne se déplace jamais sans son appareil photo et privilégie les photos de paysages marins. Elle a publié deux ouvrages consacrés à l’Ile de Porquerolles et photographie les côtes pour enrichir les « Guides Escales » de Figaro Nautisme.
Albert Brel
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Albert Brel
Albert Brel, parallèlement à une carrière au CNRS, s’est toujours intéressé à l’équipement nautique. Depuis de nombreuses années, il collabore à des revues nautiques européennes dans lesquelles il écrit des articles techniques et rend compte des comparatifs effectués sur les divers équipements. De plus, il est l’auteur de nombreux ouvrages spécialisés qui vont de la cartographie électronique aux bateaux d’occasion et qui décrivent non seulement l’évolution des technologies, mais proposent aussi des solutions pour les mettre en application à bord des bateaux.
Jean-Christophe Guillaumin
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Jean-Christophe Guillaumin
Journaliste, photographe et auteur spécialisé dans le nautisme et l’environnement, Jean-Christophe Guillaumin est passionné de voyages et de bateaux. Il a réussi à faire matcher ses passions en découvrant le monde en bateau et en le faisant découvrir à ses lecteurs. De ses nombreuses navigations il a ramené une certitude : les océans offrent un terrain de jeu fabuleux mais aussi très fragile et aujourd’hui en danger. Fort d’une carrière riche en reportages et articles techniques, il a su se distinguer par sa capacité à vulgariser des sujets complexes tout en offrant une expertise pointue. À travers ses contributions régulières à Figaro Nautisme, il éclaire les plaisanciers, amateurs ou aguerris, sur les dernières tendances, innovations technologiques, et défis liés à la navigation. Que ce soit pour analyser les performances d’un voilier, explorer l’histoire ou décortiquer les subtilités de la course au large, il aborde chaque sujet avec le souci du détail et un regard expert.
Charlotte Lacroix
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Charlotte est une véritable globe-trotteuse ! Très jeune, elle a vécu aux quatre coins du monde et a pris goût à la découverte du monde et à l'évasion. Tantôt à pied, en kayak, en paddle, à voile ou à moteur, elle aime partir à la découverte de paradis méconnus. Elle collabore avec Figaro Nautisme au fil de l'eau et de ses coups de cœur.
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Max est tombé dedans quand il était petit ! Il a beaucoup navigué avec ses parents, aussi bien en voilier qu'en bateau moteur le long des côtes européennes mais pas que ! Avec quelques transatlantiques à son actif, il se passionne pour le monde du nautisme sous toutes ses formes. Il aime analyser le monde qui l'entoure et collabore avec Figaro Nautisme régulièrement.
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Naviguant depuis son plus jeune âge que ce soit en croisière, en course, au large, en régate, des deux côtés de l’Atlantique, en Manche comme en Méditerranée, Denis, quittant la radiologie rochelaise en 2017, a effectué avec sa femme à bord de PretAixte leur 42 pieds une circumnavigation par Panama et Cape Town. Il ne lui déplait pas non plus de naviguer dans le temps avec une prédilection pour la marine d’Empire, celle de Trafalgar …
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Après une carrière internationale d’ingénieur, Michel Ulrich navigue maintenant en plaisance sur son TARGA 35+ le long de la côte atlantique. Par ailleurs, il ne rate pas une occasion d’embarquer sur des navires de charge, de travail ou de services maritimes. Il nous fait partager des expériences d’expédition maritime hors du commun.
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