
Une tradition plus qu’une obligationHistoriquement, la règle du capitaine quittant son navire en dernier est avant tout une question d’honneur et de responsabilité. Son rôle n’est pas seulement de commander, mais aussi d’assurer la sécurité de son équipage et de ses passagers. Dans le Code international de gestion de la sécurité maritime (ISM), il est clairement stipulé que le capitaine a la responsabilité de coordonner l’évacuation en cas de sinistre. Mais aucun texte légal ne l'oblige à couler avec son bateau.Cependant, des conventions internationales, comme la Convention SOLAS (Safety of Life at Sea), imposent au capitaine de tout mettre en œuvre pour sauver les vies à bord. Il doit donc superviser l’évacuation, s’assurer que tous ont quitté le navire avant lui et, en théorie, partir en dernier.
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Des capitaines face au dilemmeDans l’histoire maritime, plusieurs capitaines ont illustré cette tradition avec panache. L’exemple le plus célèbre est sans doute celui du commandant Edward Smith, qui a sombré avec le Titanic en 1912, respectant jusqu’au bout l’idéal du capitaine-héros. Plus récemment, en 2012, Francesco Schettino, capitaine du Costa Concordia, a été conspué pour avoir abandonné son paquebot bien avant la fin de l’évacuation, un acte qui lui a valu une condamnation pour homicide involontaire et abandon de poste.Mais il existe aussi des cas où la survie du capitaine a été cruciale pour la compréhension du naufrage et la prévention de futures catastrophes. Un capitaine est aussi un témoin-clé des événements, dont l’expérience peut servir à améliorer la sécurité maritime.
Rester ou partir : un choix pragmatiqueDans une situation de naufrage, le bon sens prime. Si la présence du capitaine à bord permet de coordonner au mieux l’évacuation, il doit rester jusqu’au bout. Mais s’accrocher à un navire condamné, au risque de sa propre vie, n’a aucun intérêt si tous les passagers et membres d’équipage sont déjà en sécurité.D'ailleurs, dans le monde de la voile et de la navigation de plaisance, la règle est plus souple : un skipper a avant tout la responsabilité de son équipage, mais il n’est pas attendu de lui qu’il coule avec son voilier. Un bon capitaine est celui qui prend les bonnes décisions au bon moment, quitte à abandonner son bateau si nécessaire.
Mythe ou réalité ?Alors, le capitaine doit-il vraiment être le dernier à quitter son navire ? En théorie, oui, car il est garant de la bonne gestion de l’évacuation. Mais en pratique, chaque situation est unique. Plutôt qu’un sacrifice aveugle, c’est son sang-froid et son sens des priorités qui doivent primer.Finalement, un capitaine responsable ne se définit pas par sa capacité à couler avec son navire, mais par sa capacité à sauver ceux qui l’accompagnent. Quitter son bateau en dernier ? Peut-être. Mais l’abandonner en premier ? Inconcevable.