Le saviez-vous : pourquoi la lumière est-elle rouge dans les sous-marins ?

Culture nautique

Isolés pendant des semaines, parfois des mois, les sous-mariniers vivent dans une bulle où le temps n’a plus de repère naturel. À bord, tout est artificiel : l’air, la température, et surtout, la lumière. Le jour, une lumière blanche domine les couloirs. Mais dès que la nuit tombe — ou plutôt, dès que l’horloge interne du bord le décide — c’est une lumière rouge qui prend le relais. Ce choix n’est pas esthétique : il répond à des besoins physiologiques, tactiques et historiques bien précis.

Isolés pendant des semaines, parfois des mois, les sous-mariniers vivent dans une bulle où le temps n’a plus de repère naturel. À bord, tout est artificiel : l’air, la température, et surtout, la lumière. Le jour, une lumière blanche domine les couloirs. Mais dès que la nuit tombe — ou plutôt, dès que l’horloge interne du bord le décide — c’est une lumière rouge qui prend le relais. Ce choix n’est pas esthétique : il répond à des besoins physiologiques, tactiques et historiques bien précis.

Le rythme circadien : une mécanique de précision à préserver
L’organisme humain fonctionne selon un cycle d’environ 24 heures, appelé rythme circadien. Régulé par l’alternance lumière/obscurité, il commande des fonctions essentielles comme le sommeil, la température corporelle, la pression artérielle ou la libération d’hormones. En temps normal, c’est la lumière du jour qui agit comme chef d’orchestre : dès que la luminosité baisse, l’œil envoie un signal au cerveau, via des photorécepteurs, pour déclencher la production de mélatonine, l’hormone du sommeil.
Mais dans un sous-marin, aucune lumière naturelle ne pénètre. L’équipage vit sous éclairage artificiel en permanence. Sans repère, l’horloge biologique se dérègle. Et les effets sont bien réels : fatigue chronique, troubles du sommeil, irritabilité, perturbation de l’appétit, troubles de la concentration, voire augmentation du risque de maladies cardiovasculaires ou de troubles psychiatriques sur le long terme. Dans un environnement aussi clos et exigeant, ces déséquilibres peuvent impacter gravement la performance collective.


Rouge, et surtout pas bleu
Alors pourquoi une lumière rouge, précisément ? La réponse se trouve dans la biologie de l’œil. La lumière bleue (émise naturellement par le soleil ou les LED modernes) est celle qui supprime le plus efficacement la sécrétion de mélatonine. Elle est donc idéale pour stimuler l’éveil… mais redoutable le soir. À l’inverse, la lumière rouge, avec sa longueur d’onde plus élevée, perturbe très peu cette hormone. Elle est donc idéale pour simuler une ambiance nocturne sans perturber la mécanique du sommeil.
Autre atout : elle préserve la vision nocturne. Les cellules de l’œil s’adaptent bien plus vite à une lumière rouge qu’à une lumière blanche. C’est d’ailleurs pour cette raison qu’elle est utilisée depuis longtemps dans l’aviation, la navigation, l’astronomie ou même dans les cabines de photographie argentique. L’usage dans les sous-marins remonte à la Seconde Guerre mondiale, où elle a été adoptée pour sa discrétion et son efficacité.

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© Wikimédia

Un cycle artificiel calé comme une horloge
Concrètement, la vie à bord est organisée autour d’un cycle lumineux artificiel. La lumière blanche domine pendant les phases dites « diurnes » (souvent entre 6h et 20h), puis passe progressivement au rouge pour simuler la nuit. Les marins sont souvent répartis en équipes qui alternent selon un système de « quarts » : travail, repos, sommeil. La lumière joue ici un rôle de régulateur, un peu comme une horloge murale visuelle.
Même le réveil est parfois assisté d’un simulateur de lumière, pour relancer en douceur l’activité biologique. Ces transitions lumineuses sont gérées par des systèmes d’éclairage LED réglables, programmés pour évoluer au fil de la journée artificielle.
Et ce n’est pas qu’une question de confort. La capacité d’un sous-marin à mener à bien une mission repose en grande partie sur l’état mental et physique de son équipage. Maintenir des cycles biologiques proches de ceux de la surface, même à 300 mètres de profondeur, est un enjeu opérationnel majeur.

Une lumière invisible… mais vitale
La lumière rouge dans les sous-marins n’est pas un détail de décor. C’est une composante essentielle du quotidien des marins : elle permet de maintenir l’équilibre du corps et de l’esprit, de préserver la sécurité et de garantir l’efficacité de l’équipage dans des conditions extrêmes.
Silencieuse, discrète, mais omniprésente, elle veille, en arrière-plan, au bon fonctionnement d’un monde clos où tout est calculé au millimètre. Et même si l’on ne la remarque pas toujours, elle est, à sa façon, l’un des piliers du succès des missions sous-marines.

L'équipe
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau est l’atout voyage et évasion de l’équipe, elle est passionnée de croisières et de destinations nautiques. En charge du planning rédactionnel du site figaronautisme.com et des réseaux sociaux, Nathalie suit de très près l’actualité et rédige chaque jour des news et des articles pour nous dépayser et nous faire rêver aux quatre coins du monde. Avide de découvertes, vous la croiserez sur tous les salons nautiques et de voyages en quête de nouveaux sujets.
Gilles Chiorri
Gilles Chiorri
Gilles Chiorri
Associant une formation d’officier C1 de la marine marchande et un MBA d’HEC, Gilles Chiorri a sillonné tous les océans lors de nombreuses courses au large ou records, dont une victoire à la Mini Transat, détenteur du Trophée Jules Verne en 2002 à bord d’Orange, et une 2ème place à La Solitaire du Figaro la même année. Il a ensuite contribué à l’organisation de nombreux évènements, comme la Coupe de l’America, les Extreme Sailing Series et des courses océaniques dont la Route du Rhum et la Solitaire du Figaro (directeur de course), la Volvo Ocean Race (team manager). Sa connaissance du monde maritime et son réseau à l’international lui donnent une bonne compréhension du milieu qui nous passionne.
Il collabore avec les équipes de METEO CONSULT et Figaro Nautisme depuis plus de 20 ans.
Sophie Savant-Ros
Sophie Savant-Ros
Sophie Savant-Ros
Sophie Savant-Ros, architecte de formation et co-fondatrice de METEO CONSULT est entre autres, directrice de l’édition des « Bloc Marine » et du site Figaronautisme.com.
Sophie est passionnée de photographie, elle ne se déplace jamais sans son appareil photo et privilégie les photos de paysages marins. Elle a publié deux ouvrages consacrés à l’Ile de Porquerolles et photographie les côtes pour enrichir les « Guides Escales » de Figaro Nautisme.
Albert Brel
Albert Brel
Albert Brel
Albert Brel, parallèlement à une carrière au CNRS, s’est toujours intéressé à l’équipement nautique. Depuis de nombreuses années, il collabore à des revues nautiques européennes dans lesquelles il écrit des articles techniques et rend compte des comparatifs effectués sur les divers équipements. De plus, il est l’auteur de nombreux ouvrages spécialisés qui vont de la cartographie électronique aux bateaux d’occasion et qui décrivent non seulement l’évolution des technologies, mais proposent aussi des solutions pour les mettre en application à bord des bateaux.
Jean-Christophe Guillaumin
Jean-Christophe Guillaumin
Jean-Christophe Guillaumin
Journaliste, photographe et auteur spécialisé dans le nautisme et l’environnement, Jean-Christophe Guillaumin est passionné de voyages et de bateaux. Il a réussi à faire matcher ses passions en découvrant le monde en bateau et en le faisant découvrir à ses lecteurs. De ses nombreuses navigations il a ramené une certitude : les océans offrent un terrain de jeu fabuleux mais aussi très fragile et aujourd’hui en danger. Fort d’une carrière riche en reportages et articles techniques, il a su se distinguer par sa capacité à vulgariser des sujets complexes tout en offrant une expertise pointue. À travers ses contributions régulières à Figaro Nautisme, il éclaire les plaisanciers, amateurs ou aguerris, sur les dernières tendances, innovations technologiques, et défis liés à la navigation. Que ce soit pour analyser les performances d’un voilier, explorer l’histoire ou décortiquer les subtilités de la course au large, il aborde chaque sujet avec le souci du détail et un regard expert.
Charlotte Lacroix
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Charlotte est une véritable globe-trotteuse ! Très jeune, elle a vécu aux quatre coins du monde et a pris goût à la découverte du monde et à l'évasion. Tantôt à pied, en kayak, en paddle, à voile ou à moteur, elle aime partir à la découverte de paradis méconnus. Elle collabore avec Figaro Nautisme au fil de l'eau et de ses coups de cœur.
Max Billac
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Max est tombé dedans quand il était petit ! Il a beaucoup navigué avec ses parents, aussi bien en voilier qu'en bateau moteur le long des côtes européennes mais pas que ! Avec quelques transatlantiques à son actif, il se passionne pour le monde du nautisme sous toutes ses formes. Il aime analyser le monde qui l'entoure et collabore avec Figaro Nautisme régulièrement.
Denis Chabassière
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Naviguant depuis son plus jeune âge que ce soit en croisière, en course, au large, en régate, des deux côtés de l’Atlantique, en Manche comme en Méditerranée, Denis, quittant la radiologie rochelaise en 2017, a effectué avec sa femme à bord de PretAixte leur 42 pieds une circumnavigation par Panama et Cape Town. Il ne lui déplait pas non plus de naviguer dans le temps avec une prédilection pour la marine d’Empire, celle de Trafalgar …
Michel Ulrich
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Après une carrière internationale d’ingénieur, Michel Ulrich navigue maintenant en plaisance sur son TARGA 35+ le long de la côte atlantique. Par ailleurs, il ne rate pas une occasion d’embarquer sur des navires de charge, de travail ou de services maritimes. Il nous fait partager des expériences d’expédition maritime hors du commun.
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METEO CONSULT est un bureau d'études météorologiques opérationnel, qui assiste ses clients depuis plus de 30 ans. Les services de METEO CONSULT reposent sur une équipe scientifique de haut niveau et des moyens techniques de pointe. Son expertise en météo marine est reconnue et ses prévisionnistes accompagnent les plaisanciers, les capitaines de port et les organisateurs de courses au large depuis ses origines : Route du Rhum, Transat en double, Solitaire du Figaro…