Greg Lecoeur : plongée au cœur de la Méditerranée, entre biodiversité et préservation

Plongée
Par Figaronautisme.com

Après avoir exploré tous les océans, visité les antipodes, ramené d’Antarctique, des Galapagos, d’Afrique du Sud ou d’ailleurs des images qui nous ont fait rêver, Greg Lecoeur s’attache depuis plusieurs années au devenir de notre Méditerranée. Avec l’association We are Méditerranée, le photographe a sillonné le sanctuaire Pelagos, dédié à la préservation des mammifères marins, pour documenter sa richesse. Mais, au-delà des cétacés, il a aussi posé son œil de photographe amoureux de la Méditerranée sur toute la biodiversité d’une mer bien vivante, et partagé son aventure avec plusieurs équipes de recherche. Entre émotions et découvertes, entre science et partage.

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Après avoir exploré tous les océans, visité les antipodes, ramené d’Antarctique, des Galapagos, d’Afrique du Sud ou d’ailleurs des images qui nous ont fait rêver, Greg Lecoeur s’attache depuis plusieurs années au devenir de notre Méditerranée. Avec l’association We are Méditerranée, le photographe a sillonné le sanctuaire Pelagos, dédié à la préservation des mammifères marins, pour documenter sa richesse. Mais, au-delà des cétacés, il a aussi posé son œil de photographe amoureux de la Méditerranée sur toute la biodiversité d’une mer bien vivante, et partagé son aventure avec plusieurs équipes de recherche. Entre émotions et découvertes, entre science et partage.

A travers ses images du grand large, on découvre pêle-mêle le sourire d’un globicéphale, l’œil d’une petite tortue caouanne surprise tout près de la surface, un requin peau-bleue curieux, un grand cachalot prêt à sonder, ou un rorqual escorté par une troupe de dauphins.
Plus près de nos rivages, dans la quiétude des herbiers de posidonie ou le long des majestueux tombants coralligènes, baudroies à l’affût, corail rouge et fragiles nudibranches révèlent toute la beauté d’une biodiversité hors du commun. Mais ces clichés nous montrent aussi comment les pressions que nous exerçons sur notre environnement, à travers le trafic maritime, la pollution ou, plus largement, les modifications du climat ont un impact direct sur la vie marine. Méditerranée est un hymne à la biodiversité, un appel à sa contemplation et à sa préservation !

La Mer Méditerranée

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De tout temps, elle a porté les rêves des hommes. Sur ses rivages se sont développées certaines des plus riches civilisations antiques et, sans elle, mer nourricière mais aussi lieu d’évasion, bien des voyages n’auraient jamais eu lieu. Les routes maritimes les plus anciennes ont vu transiter des denrées de toutes sortes, vin, huile, étoffes ou vases précieux, elles sont aussi devenues de fabuleux moyens de métissage, mélangeant les peuples et les cultures au gré de la puissance des vents et des courants. Pendant des siècles, le creuset méditerranéen s’est enrichi, à mesure que les marins voyaient leurs horizons s’élargir et rêvaient de conquêtes. La Méditerranée a donné naissance à des empires, s’élargissant un temps avant de disparaître et d’être remplacés par d’autres ; mais également à bien des mythes et légendes nés d’une irrésistible attirance mêlée de crainte pour les mystérieuses créatures marines qui la peuplent.
Des siècles plus tard, la fascination qu’elle exerce sur les amoureux de ses rivages et de ses profondeurs est la même. Des criques isolées aux falaises abruptes, des plages douces aux eaux du grand large, elle conserve un goût de paradis originel peuplé de créatures mythiques et son pouvoir demeure intact. A peine plus grande qu’une goutte d’eau dans l’immensité des océans du monde, elle occupe pourtant une place à part. Il y a 5,3 millions d’années, alors qu’elle est totalement asséchée, d’énormes quantités d’eau s’y engouffrent à nouveau par le passage de Gibraltar : quelque 100 millions de mètres cubes par seconde ! En moins de deux ans, à raison de 10 cm par jour, elle retrouve son niveau antérieur et prend sa forme actuelle. Presque fermée, même si elle est toujours alimentée par les eaux du détroit, elle ne représente que 0,8 % de la surface des mers et océans de la planète et abrite pourtant une vie marine exceptionnelle. Considérée comme l’un des hauts lieux de la biodiversité - ce que l’on appelle les hotspots de biodiversité - recensés à travers le monde, on y compte plus de 17 000 espèces représentant plus de 10 % des espèces marines mondiales, dont 28 % sont endémiques.


Son équilibre reste fragile. Plus de 500 millions d’habitants, rejoints par 360 millions de visiteurs par an - près d’un tiers du tourisme mondial - se partagent les côtes méditerranéennes. Elle concentre plus de 25 % du trafic maritime à l’échelle de la planète. Une étude de l’UICN (Union internationale pour la conservation de la nature) annonçait en 2020 que quelque 230 000 tonnes de déchets plastiques y étaient déversées chaque année… Autant de pressions humaines qui fragilisent des écosystèmes indispensables à toute la planète.
Face au changement climatique, la Méditerranée est également en première ligne. Elle doit aujourd’hui faire face aux évènements dévastateurs qui se multiplient : canicules, incendies, sécheresses, inondations et tempêtes sans précédent impactent à la fois les activités humaines et la vie marine. Sa température de surface ne cesse d’augmenter, comme le montrent les records de température enregistrés à l’heure où nous écrivons ces lignes, ce qui pourrait mettre en péril la survie à long terme de certaines espèces.

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Un patrimoine commun inestimable à préserver
Mais la Méditerranée est bien vivante ! La biodiversité qu’elle abrite en témoigne. Les efforts entrepris depuis 40 ans ont indéniablement porté leurs fruits, même si l’on n’en est pas au même stade dans l’ensemble des pays qui la bordent : l’assainissement des eaux usées, la multiplication des aires marines protégées, l’augmentation des connaissances scientifiques, mais aussi la sensibilisation du public et la mise en place de réglementations et moratoires ont aidé à préserver certaines espèces, comme le corb ou le mérou. D’autres, comme l’ange de mer (une espèce de requin) et le phoque moine, ont bien failli disparaître. Le premier, autrefois si abondant en baie de Nice qu’il lui a donné son surnom de baie des Anges, était au bord de l’extinction, victime de la surpêche. Mais l’on a récemment découvert, dans les eaux corses, des populations inconnues qui laissent la porte ouverte à tous les espoirs de recolonisation de l’espèce. Le second, longtemps considéré par les pêcheurs comme nuisible, a été impitoyablement chassé. Aujourd’hui, même si les colonies de phoques moines sont encore limitées à quelques îles isolées, elles semblent peu à peu reprendre leur expansion. Le travail accompli par les chercheurs, les gestionnaires d’espaces protégés, n’a pas été vain. Les capacités de résilience de notre Méditerranée, dès que l’on met en place des mesures de préservation, sont immenses. Mise en place en 2002 dans les eaux européennes, l’interdiction d’utiliser des filets dérivants, particulièrement meurtriers pour toute la faune pélagique, a elle aussi fait ses preuves, même si une pêche illégale subsiste. Plus que jamais, il revient aussi à chacun d’entre nous de nous interroger sur nos modes de vie et sur l’impact qu’ils peuvent avoir sur notre environnement. Chacun, au quotidien, peut s’investir dans sa préservation.

Des habitats extrêmement variés
Des rivages au grand large, la Méditerranée abrite un incroyable bestiaire sous-marin. Dès les premiers mètres d’eau, dans les petits fonds côtiers, poulpes et dorades partagent leur territoire avec les saupes, les serrans, les sars, les blennies, les castagnoles et les girelles. Ils investissent chaque coin de roche, colonisent les herbiers de posidonie, s’y nourrissent et s’y reproduisent, renouvelant en permanence le cycle de la vie. Un peu plus bas, sur les fonds coralligènes, c’est un foisonnement d’éponges, de gorgones, de coraux où se dissimulent d’innombrables espèces, corbs et mérous, rascasses, murènes et congres. Et dans les grandes plaines sableuses, apparemment désertes, poissons plats, raies ensablées, ou encore squilles et hippocampes se partagent un territoire immense. La pleine eau, elle, est le royaume d’une faune pélagique souvent insoupçonnée et mal connue. D’impressionnants mammifères marins y côtoient les poissons les plus majestueux, mais aussi les tortues marines et les oiseaux de haute mer.

Greg Lecoueur : l’appel du large à la passion de la Méditerranée

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C’est un retour aux sources. Après avoir sillonné tous les océans, visité les antipodes, ramené d’Antarctique, des Galapagos, d’Afrique du Sud ou d’ailleurs, des images qui nous ont fait rêver, Greg Lecoeur s’attache désormais au devenir de notre Méditerranée. Il y est chez lui, enfant de Nice qui n’a jamais cessé de rester lié à sa terre d’origine, entre mer et montagne, mais les yeux très vite tournés vers le large. Il est, comme tant de ceux de sa génération, bercé par les aventures de la Calypso, fasciné par Le Grand Bleu. Il transforme très vite ses rêves d’adolescent en réalité en achetant un petit bateau ; il lui permet de partir en mer aussi souvent que possible, direction plein large, et d’apprendre à connaître une vie marine qui le fascine. Au début des années 2000, alors qu’il navigue en solitaire à quelques milles au large de Nice comme il aime tant à le faire, il fait la rencontre qui a sans doute changé sa vie : un groupe de 80 globicéphales entoure son bateau ! Il décide d’arrêter son moteur et de se laisser dériver, aussi ému qu’émerveillé. Les cétacés s’approchent, lui tournent autour et le scrutent, la tête sur le côté et l’œil aux aguets. Pendant près d’une heure, ils restent à proximité et il entend parfaitement les sifflements qu’ils émettent pour communiquer entre eux. Régulièrement, ils adoptent ce que l’on appelle la position de l’espion, la tête hors de l’eau, pour l’observer avant de reprendre tranquillement leurs échanges sociaux sans se soucier de sa présence. Un moment d’éternité, irréel, hors du temps.

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C’est à ce moment-là qu’il achète son premier appareil photo, pour pouvoir documenter ses observations. Sa passion du large tourne rapidement à l’obsession. Quelques années plus tard, il décide de changer de vie et de consacrer la sienne à témoigner, à mettre en images les scènes de la vie marine auxquelles il a le privilège d’assister. Son talent fait le reste. Très vite, ses images et ses reportages sont publiés dans le monde entier et il acquiert une reconnaissance internationale, distingué par les récompenses les plus prestigieuses. Il est notamment nommé en 2016 Photographe de nature de l’année par le National Geographic, et intègre en 2018 le fond d’images National Geographic Image Collection. Il se trouve alors à la tête d’expéditions naturalistes qui l’emmènent dans tous les océans. Mais dès qu’il revient en France, il repart explorer la Méditerranée, met le cap sur le large ou s’attarde au contraire dans les petits fonds de la baie de Nice.

Greg Lecoeur, après des années d’exploration de la « Grande Bleue », se pose en défenseur de la mer de son enfance, trop longtemps considérée par certains comme moribonde. Avec l’association We are Méditerranée, il a sillonné le sanctuaire Pelagos, dédié à la préservation des mammifères marins, pour documenter sa richesse. Au-delà des cétacés, le photographe a aussi posé son œil amoureux de la Méditerranée sur toute la biodiversité d’une mer foisonnante de vie et partagé son aventure avec plusieurs équipes de recherche. Entre émotions et découvertes, entre science et partage. On découvre pêle-mêle, au fil de ses clichés, le sourire d’un globicéphale, l’œil d’une petite tortue caouanne surprise tout près de la surface, un requin peau-bleue curieux, un grand cachalot prêt à sonder ou encore un rorqual commun, deuxième plus grand mammifère vivant sur la planète, escorté par des dauphins. L’émerveillement que provoquent les images fait la part belle au rêve et au mystère que la Méditerranée conserve, pourtant parfois tout près de nos rivages, à portée de palmes ou presque, ou, en tout cas, à portée de bateau. Ceux qui mettent en doute la beauté du vivant en Méditerranée en seront forcément troublés. Les autres seront émerveillés, conquis, subjugués, premier pas éternel vers l’envie de protéger.

Édition : Turtle Prod. Éditions
Date de sortie : 21/11/2024
Nombre de pages : 336
Prix : 49€

L'équipe
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau est l’atout voyage et évasion de l’équipe, elle est passionnée de croisières et de destinations nautiques. En charge du planning rédactionnel du site figaronautisme.com et des réseaux sociaux, Nathalie suit de très près l’actualité et rédige chaque jour des news et des articles pour nous dépayser et nous faire rêver aux quatre coins du monde. Avide de découvertes, vous la croiserez sur tous les salons nautiques et de voyages en quête de nouveaux sujets.
Gilles Chiorri
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Gilles Chiorri
Associant une formation d’officier C1 de la marine marchande et un MBA d’HEC, Gilles Chiorri a sillonné tous les océans lors de nombreuses courses au large ou records, dont une victoire à la Mini Transat, détenteur du Trophée Jules Verne en 2002 à bord d’Orange, et une 2ème place à La Solitaire du Figaro la même année. Il a ensuite contribué à l’organisation de nombreux évènements, comme la Coupe de l’America, les Extreme Sailing Series et des courses océaniques dont la Route du Rhum et la Solitaire du Figaro (directeur de course), la Volvo Ocean Race (team manager). Sa connaissance du monde maritime et son réseau à l’international lui donnent une bonne compréhension du milieu qui nous passionne.
Il collabore avec les équipes de METEO CONSULT et Figaro Nautisme depuis plus de 20 ans.
Sophie Savant-Ros
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Sophie Savant-Ros
Sophie Savant-Ros, architecte de formation et co-fondatrice de METEO CONSULT est entre autres, directrice de l’édition des « Bloc Marine » et du site Figaronautisme.com.
Sophie est passionnée de photographie, elle ne se déplace jamais sans son appareil photo et privilégie les photos de paysages marins. Elle a publié deux ouvrages consacrés à l’Ile de Porquerolles et photographie les côtes pour enrichir les « Guides Escales » de Figaro Nautisme.
Albert Brel
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Albert Brel
Albert Brel, parallèlement à une carrière au CNRS, s’est toujours intéressé à l’équipement nautique. Depuis de nombreuses années, il collabore à des revues nautiques européennes dans lesquelles il écrit des articles techniques et rend compte des comparatifs effectués sur les divers équipements. De plus, il est l’auteur de nombreux ouvrages spécialisés qui vont de la cartographie électronique aux bateaux d’occasion et qui décrivent non seulement l’évolution des technologies, mais proposent aussi des solutions pour les mettre en application à bord des bateaux.
Jean-Christophe Guillaumin
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Jean-Christophe Guillaumin
Journaliste, photographe et auteur spécialisé dans le nautisme et l’environnement, Jean-Christophe Guillaumin est passionné de voyages et de bateaux. Il a réussi à faire matcher ses passions en découvrant le monde en bateau et en le faisant découvrir à ses lecteurs. De ses nombreuses navigations il a ramené une certitude : les océans offrent un terrain de jeu fabuleux mais aussi très fragile et aujourd’hui en danger. Fort d’une carrière riche en reportages et articles techniques, il a su se distinguer par sa capacité à vulgariser des sujets complexes tout en offrant une expertise pointue. À travers ses contributions régulières à Figaro Nautisme, il éclaire les plaisanciers, amateurs ou aguerris, sur les dernières tendances, innovations technologiques, et défis liés à la navigation. Que ce soit pour analyser les performances d’un voilier, explorer l’histoire ou décortiquer les subtilités de la course au large, il aborde chaque sujet avec le souci du détail et un regard expert.
Charlotte Lacroix
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Charlotte est une véritable globe-trotteuse ! Très jeune, elle a vécu aux quatre coins du monde et a pris goût à la découverte du monde et à l'évasion. Tantôt à pied, en kayak, en paddle, à voile ou à moteur, elle aime partir à la découverte de paradis méconnus. Elle collabore avec Figaro Nautisme au fil de l'eau et de ses coups de cœur.
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Max est tombé dedans quand il était petit ! Il a beaucoup navigué avec ses parents, aussi bien en voilier qu'en bateau moteur le long des côtes européennes mais pas que ! Avec quelques transatlantiques à son actif, il se passionne pour le monde du nautisme sous toutes ses formes. Il aime analyser le monde qui l'entoure et collabore avec Figaro Nautisme régulièrement.
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Naviguant depuis son plus jeune âge que ce soit en croisière, en course, au large, en régate, des deux côtés de l’Atlantique, en Manche comme en Méditerranée, Denis, quittant la radiologie rochelaise en 2017, a effectué avec sa femme à bord de PretAixte leur 42 pieds une circumnavigation par Panama et Cape Town. Il ne lui déplait pas non plus de naviguer dans le temps avec une prédilection pour la marine d’Empire, celle de Trafalgar …
Michel Ulrich
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Après une carrière internationale d’ingénieur, Michel Ulrich navigue maintenant en plaisance sur son TARGA 35+ le long de la côte atlantique. Par ailleurs, il ne rate pas une occasion d’embarquer sur des navires de charge, de travail ou de services maritimes. Il nous fait partager des expériences d’expédition maritime hors du commun.
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