Transat Café L’Or : IMOCA, Class40, Ocean Fifty… le match reste ouvert

Par Le Figaro Nautisme
carte de la course Transat Café L\'Or

Avant le départ de la 2ème étape depuis La Corogne, ce samedi midi, les skippers de Class40 s’activent pour réparer leurs bateaux et se préparent à replonger dans la course. Chez les IMOCA, une dorsale anticyclonique a rebattu complètement les cartes : les neuf premiers se tiennent dans un périmètre d’une vingtaine de milles ! Coté multicoques, le match est également serré pour les Ocean Fifty alors que les ULTIM ont le regard tourné vers le pot-au-noir.

LE FAIT DU JOUR. Les IMOCA aussi ont un nouveau départ !

C’est une bataille qui ne dit pas son nom. Derrière les sourires, les vidéos en plein soleil et les blagues, il y a une sacrée bataille chez les IMOCA. En cause ? Une grande zone de vent faible en bordure de la forte dépression qui a obligé les Class40 à se mettre à l’abri. Cette dorsale a fortement ralenti les binômes au point que les neuf premiers sont regroupés dans un périmètre d’une vingtaine de milles ! Comme toujours dans pareille situation, il y a les heureux et les déçus. Justine Mettraux (TeamSnef - Teamwork) fait partie des premiers : « c’est chouette de revenir, c’est presque un nouveau départ » confie-t-elle. Jérémie Beyou (Charal) se réjouit un peu moins, lui qui a un temps occupé la position de leader. « Ça commence à être long », assure-t-il.

Francesca Clapcich (11th Hour Racing) est plus enthousiaste - « c’est fou la vitesse à laquelle tous les bateaux se sont regroupés » -, d’autant qu’elle a réussi avec Will Harris à prendre les commandes de la course pour une dizaine de milles. « Le match est hyper intéressant, ils sont tous à bloc, lancés dans une bataille tactique à tout faire pour tirer parti de l’angle et de la pression du vent », décrypte Francis Le Goff. Difficile à ce stade de savoir qui en bénéficiera. À noter que la situation permet à d’autres bateaux de revenir, ce qui est le cas de Paprec Arkéa. « On a un paquet de 6 à 7 bateaux avec qui on aimerait bien jouer », sourit Corentin Horeau.

LE POINT SUR LA COURSE. Un départ attendu et une descente vers le Sud

Les Class40 reprendront donc la course dès demain à La Corogne à partir de 13 heures (heure française). Si quatre bateaux sont hors temps (Ose ta victoire, Innovad.group - XLG, Wasabiii et RDT Logistic - Forvis Mazars), ils pourront traverser la ligne à La Corogne avant sa fermeture mardi à 13 heures. Tous pourront donc être au départ de la 2e étape. Un briefing s’est d’ailleurs tenu en fin d’après-midi à La Corogne avec l’ensemble des skippers.

Ils retrouveront donc le goût de la compétition que les Ocean Fifty n’ont pas perdu. Ils progressent actuellement le long de la zone interdite de la Mauritanie. Si Edenred tient la tête de course, les cinq premiers évoluent dans un écart d’une centaine de milles. Anne-Claire Le Berre et Elodie-Jane Mettraux (Upwind by Merconcept) sont en embuscade à la 6e place. Enfin chez les ULTIM, SVR-Lazartigue pointe son étrave au sud alors que Sodebo Ultim 3 et Actual Ultim 4 bataillent dans l’archipel du Cap-Vert. « Il faut trouver un chemin à travers les îles, la flotte est un peu éclatée, il y a du jeu mais ce n’est pas évident », confiait Julien Villion (Actual ULTIM 4) ce matin en vacation. « On a perdu un peu de temps dans le dévent des îles, la situation est intéressante mais complexe », abonde Thomas Coville. Le skipper de Sodebo ULTIM 3 évoque également « l’aisance et la trajectoire de SVR-Lazartigue » qui a creusé l’écart avec ses deux poursuivants et assure surveiller encore la progression de Banque Populaire, à près de 240 milles plus au nord.

LE POINT SUR LA SUITE. Le pied sur l'accélérateur

Les Class40 replongeront dans la course dès demain en milieu de journée. Au programme ? Une longue route jusqu’aux Açores qu’il faudra laisser à tribord avant de mettre le clignotant vers les Antilles. « Ils seront au près donc soit ils font de l’ouest, soit ils plongent direct vers l’alizé en laissant les Açores très nord », confie Francis Le Goff. La partie s'annonce donc passionnante et le contournement des Açores s'apparente à une belle bataille tactique. « Il y aura de la mer à proximité des Açores (3 à 4 mètres) et du vent (25 à 30 nœuds) mais ils ne sont pas obligés de s’y confronter. Ce qui est sûr c’est qu’il y a plein d’option différentes ! ».

Chez les IMOCA, ils sont nombreux à piaffer d’impatience de retrouver de meilleures conditions de vent. Mais ce n’est pas pour tout de suite : « il va falloir attendre de passer les Canaries et ce n’est que là qu’on retouchera progressivement du vent », estime Justine Mettraux. Les Canaries devraient être au menu à partir de demain midi. « Ce qui est sûr, c’est qu’ils vont être au taquet toute la journée de demain », assure Francis Le Goff.

Les Ocean Fifty aborderont quant à eux l’archipel du Cap Vert qui s’annonce complexe. À voir si Edenred parviendra à creuser l’écart ou au contraire être repris par ses adversaires. Côté ULTIM, l’heure est à appréhender l’approche du pot-au-noir. « Ça ne va pas être très venté jusqu’au pot-au-noir, assure en effet Julien Villion. On fait tout pour trouver la meilleure zone pour le traverser ». Thomas Coville estime que le pot-au-noir « peut être un juge de paix ». « Le routage fait couper le pot-au-noir très à l’est, presque à la longitude de San Pedro, précise Francis Le Goff. Pour l’instant, il y a de l’air mais il faudra voir comment les binômes s’en sortent ».

LES PÉPINS. Deux abandons et un nouveau départ

La course a connu deux abandons ces dernières 24 heures. Hier, Rodolphe Sepho et Jean-Pierre Coutayar (Reve de large, Class40), ont décidé de jeter l’éponge. Eux qui étaient amarrés à Lorient devaient composer avec la casse de leur safran. En début d’après-midi, on a appris aussi que Nicolas Guibal et Gauthier Bril (Esatco) ont également décidé d’abandonner, évoquant des raisons de santé. « L’esprit de la course, la solidarité et la passion de la mer restent intacts, ont-ils écrit sur les réseaux sociaux. Nous aurons à cœur de revenir plus forts sur les prochaines éditions ». Les skippers en Class40 ont profité de l’escale à La Corogne pour se reposer mais aussi pour réparer leurs machines. « Ils n’ont pas chômé, notamment pour réparer les voiles, assure Francis Le Goff. Cet arrêt au stand est salvateur pour beaucoup ». À noter par ailleurs que dans la matinée, Les P’tits Doudous (Armel Tripon et Tanguy Leglatin, IMOCA) sont repartis après leur escale à Cascais. Par ailleurs, Allagrande Mapei a annoncé avoir effectué une pénalité de 30 minutes, une sanction due à la perte d’un radeau de survie survenue lors de la première nuit de course.

L’AMBIANCE. Au petit bonheur des IMOCA

Le regroupement général chez les IMOCA est donc lié à ces conditions beaucoup plus légères que ce que les marins ont pu avoir depuis le départ. Si cela oblige à se creuser les méninges pour continuer à progresser vers le Sud, ça a la vertu d’offrir enfin aux marins un peu de répit et de temps. Manuel Cousin (Coup de pouce) en a profité pour se changer - « cinq jours avec la même tenue, ça commence à faire beaucoup » -, et Maxime Sorel (Fortinet-Best Western) pour faire du bricolage. Arnaud Boissière, lui, s’est lancé dans des explications à la « Jamy » sur les panneaux solaires et la pile à combustible embarqués à bord de 4Cad - La Mie Câline (voir la vidéo). Yann Eliès et Elodie Bonafous (Association Petits Princes - Quéguiner), ont pu profiter d’un échange à la VHF avec Louis Burton et Clément Commagnac (Bureau Vallée). Les deux bateaux naviguaient à vue, tout comme Teamwork-Team Snef et Allagrande Mapei. À bord de Café Joyeux, Nicolas d’Estais s’est amusé en comparant sa position à celle dans une décapotable, à avancer sous le soleil. Mais pour tous, la course n’est jamais loin : « on s’est bien séché et on a emmagasiné du repos, confie Jérémie Beyou. On est prêt pour la deuxième partie de la course ! »


L’ANECDOTE DU JOUR. Des skippers accaparés... Pas forcément par ce qu’on croit

C’est un des rituels de la journée : une vacation de 11 heures à 12 heures, l’occasion de prendre le pouls de la flotte. Si les connexions avec les bateaux sont globalement très performantes, tout ne se passe pas toujours comme prévu. Ainsi, Justine Mettraux (Teamsnef - Teamwork, IMOCA) a dû raccrocher au bout de quelques secondes pour assurer un virement de bord. Un peu plus tard, Luke Berry (Le Rire Médecin Lamotte, Ocean Fifty) déroule le fil de sa course et s’amuse : « on est content, on est toujours des clowns à bord ». Mais au bout de quelques phrases, il s’interrompt : « on est à la latitude de la Mauritanie, on se fait appeler par les militaires, il va falloir qu’on raccroche ! » Quelques minutes plus tard, il explique : « on s’est fait engueuler parce qu’on était trop près de la zone interdite ! » La démonstration qu’en mer, les skippers sont parfois aussi sollicités qu’à terre...

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Nathalie Moreau
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Nathalie Moreau est l’atout voyage et évasion de l’équipe, elle est passionnée de croisières et de destinations nautiques. En charge du planning rédactionnel du site figaronautisme.com et des réseaux sociaux, Nathalie suit de très près l’actualité et rédige chaque jour des news et des articles pour nous dépayser et nous faire rêver aux quatre coins du monde. Avide de découvertes, vous la croiserez sur tous les salons nautiques et de voyages en quête de nouveaux sujets.
Gilles Chiorri
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Associant une formation d’officier C1 de la marine marchande et un MBA d’HEC, Gilles Chiorri a sillonné tous les océans lors de nombreuses courses au large ou records, dont une victoire à la Mini Transat, détenteur du Trophée Jules Verne en 2002 à bord d’Orange, et une 2ème place à La Solitaire du Figaro la même année. Il a ensuite contribué à l’organisation de nombreux évènements, comme la Coupe de l’America, les Extreme Sailing Series et des courses océaniques dont la Route du Rhum et la Solitaire du Figaro (directeur de course), la Volvo Ocean Race (team manager). Sa connaissance du monde maritime et son réseau à l’international lui donnent une bonne compréhension du milieu qui nous passionne.
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Sophie Savant-Ros, architecte de formation et co-fondatrice de METEO CONSULT est entre autres, directrice de l’édition des « Bloc Marine » et du site Figaronautisme.com.
Sophie est passionnée de photographie, elle ne se déplace jamais sans son appareil photo et privilégie les photos de paysages marins. Elle a publié deux ouvrages consacrés à l’Ile de Porquerolles et photographie les côtes pour enrichir les « Guides Escales » de Figaro Nautisme.
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Albert Brel, parallèlement à une carrière au CNRS, s’est toujours intéressé à l’équipement nautique. Depuis de nombreuses années, il collabore à des revues nautiques européennes dans lesquelles il écrit des articles techniques et rend compte des comparatifs effectués sur les divers équipements. De plus, il est l’auteur de nombreux ouvrages spécialisés qui vont de la cartographie électronique aux bateaux d’occasion et qui décrivent non seulement l’évolution des technologies, mais proposent aussi des solutions pour les mettre en application à bord des bateaux.
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Journaliste, photographe et auteur spécialisé dans le nautisme et l’environnement, Jean-Christophe Guillaumin est passionné de voyages et de bateaux. Il a réussi à faire matcher ses passions en découvrant le monde en bateau et en le faisant découvrir à ses lecteurs. De ses nombreuses navigations il a ramené une certitude : les océans offrent un terrain de jeu fabuleux mais aussi très fragile et aujourd’hui en danger. Fort d’une carrière riche en reportages et articles techniques, il a su se distinguer par sa capacité à vulgariser des sujets complexes tout en offrant une expertise pointue. À travers ses contributions régulières à Figaro Nautisme, il éclaire les plaisanciers, amateurs ou aguerris, sur les dernières tendances, innovations technologiques, et défis liés à la navigation. Que ce soit pour analyser les performances d’un voilier, explorer l’histoire ou décortiquer les subtilités de la course au large, il aborde chaque sujet avec le souci du détail et un regard expert.
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Charlotte est une véritable globe-trotteuse ! Très jeune, elle a vécu aux quatre coins du monde et a pris goût à la découverte du monde et à l'évasion. Tantôt à pied, en kayak, en paddle, à voile ou à moteur, elle aime partir à la découverte de paradis méconnus. Elle collabore avec Figaro Nautisme au fil de l'eau et de ses coups de cœur.
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Denis Chabassière
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Naviguant depuis son plus jeune âge que ce soit en croisière, en course, au large, en régate, des deux côtés de l’Atlantique, en Manche comme en Méditerranée, Denis, quittant la radiologie rochelaise en 2017, a effectué avec sa femme à bord de PretAixte leur 42 pieds une circumnavigation par Panama et Cape Town. Il ne lui déplait pas non plus de naviguer dans le temps avec une prédilection pour la marine d’Empire, celle de Trafalgar …
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Après une carrière internationale d’ingénieur, Michel Ulrich navigue maintenant en plaisance sur son TARGA 35+ le long de la côte atlantique. Par ailleurs, il ne rate pas une occasion d’embarquer sur des navires de charge, de travail ou de services maritimes. Il nous fait partager des expériences d’expédition maritime hors du commun.
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Capitaine 200 et ancien embarqué dans la Marine nationale, Irwin Sonigo a exploré toutes les facettes de la navigation. Des premiers bords sur un cotre aurique de 1932 à la grande plaisance sur la Côte d’Azur, en passant par les catamarans de Polynésie, les voiliers des Antilles ou plusieurs transatlantiques, il a tout expérimenté. Il participe à la construction d’Open 60 en Nouvelle-Zélande et embarque comme boat pilote lors de la 32e America’s Cup. Aujourd’hui, il met cette riche expérience au service de Figaro Nautisme, où il signe des essais et reportages ancrés dans le réel.