Les îles de Larmor-Baden : entre mégalithes, marées et mystères

Gavrinis, le trésor du néolithique
À l’entrée du Golfe du Morbihan, l’île de Gavrinis semble flotter hors du temps. Ce petit bout de terre d’à peine quatorze hectares abrite l’un des plus extraordinaires monuments préhistoriques d’Europe : le cairn de Gavrinis. Érigé il y a plus de six millénaires, bien avant les pyramides d’Égypte, ce tombeau collectif renferme un dolmen orné de motifs mystérieux - spirales, chevrons, arcs, haches gravées - qui couvrent presque toutes les parois du couloir d’accès.
Long de quatorze mètres, ce passage mène à une chambre funéraire quadrangulaire, taillée dans la pierre et parfaitement conservée. Les archéologues y voient un témoignage unique du génie des bâtisseurs du Néolithique. Depuis peu, le cairn a rejoint la liste du Patrimoine mondial de l’UNESCO, dans le cadre du dossier « Mégalithes de Carnac et rives du Morbihan », consacrant définitivement l’importance universelle du site.
Accessible uniquement en bateau depuis Larmor-Baden ou Port-Navalo, Gavrinis se visite exclusivement avec un guide, dans un calme quasi religieux. Les campagnes de numérisation 3D menées récemment permettent désormais d’explorer virtuellement les gravures, garantissant la conservation du monument pour les générations à venir.
Berder, l’île aux parfums du Sud
Face à Gavrinis, Berder offre un contraste saisissant. Reliée au continent par un gois de quelques dizaines de mètres, cette île privée mais ouverte à la promenade se découvre à pied à marée basse. Son sentier côtier de 2,6 kilomètres dévoile une végétation inattendue : palmiers, cyprès, pins maritimes et figuiers rappellent davantage la Méditerranée que la Bretagne.
Au sud, la vue sur le courant de la Jument impressionne par sa puissance. Les kayakistes s’y mesurent parfois lors des grandes marées, tandis que les promeneurs observent le ballet des courants depuis le rivage. Plus loin, le vieux château et la tour du XIXe siècle rappellent l’époque où Berder fut un domaine privé prospère, habité par des industriels et des navigateurs fortunés.
Aujourd’hui, l’île garde son mystère. L’accès reste soumis aux marées et à la prudence : le passage peut se couvrir en quelques minutes. Mais pour qui prend le temps d’y flâner, Berder offre une parenthèse lumineuse entre pins et embruns.
Er Lannic, le sanctuaire englouti
Quelques encablures plus loin, Er Lannic se devine à peine derrière les vagues. Sur cette petite île battue par les vents subsiste un double cromlec’h, deux cercles de pierres levées, dont une partie disparaît sous les flots à marée haute. Découvert au XIXe siècle, ce site mégalithique vieux de 3 500 ans fascine par son énigme : pourquoi ces alignements partiellement engloutis ? Était-ce volontaire ?
Aujourd’hui, Er Lannic est avant tout une réserve ornithologique protégée. Refuge de goélands bruns et argentés, elle bénéficie d’un arrêté de protection du biotope depuis 1982. Il est interdit d’y accoster, mais les excursions en bateau autour de l’île offrent un point de vue saisissant sur ses menhirs immergés, que la marée dévoile lentement comme un secret bien gardé.
Un patrimoine entre mer et mémoire
À Larmor-Baden, tout semble lié à la mer et au temps. Les courants, les marées, les pierres et les oiseaux racontent une histoire commune, vieille de plusieurs millénaires. Entre nature sauvage et traces humaines, ces trois îles incarnent la richesse fragile du Golfe du Morbihan.
Venir ici, c’est accepter un voyage à double échelle : celle des marées quotidiennes et celle du temps long, presque éternel, du Néolithique. Et comprendre, face à la beauté de ces îles, que la Bretagne garde encore bien des secrets sous ses eaux paisibles.
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