
Deux rendez-vous pour les passionnés de course
Depuis 2009, la RORC Caribbean 600 s’impose comme une référence mondiale. Son parcours de 600 milles nautiques autour de onze îles caribéennes mêle paysages spectaculaires, alizés soutenus et navigation millimétrée. Avant cette grande épreuve, la RORC Nelson’s Cup Series (du 17 au 20 février 2026) ouvre le bal : quatre jours de régates côtières intenses organisées par le Royal Ocean Racing Club en partenariat avec l’Antigua Yacht Club.
L’an dernier, une trentaine d’équipages s’y sont affrontés, dont neuf impressionnants Maxis engagés dans la catégorie IRC Super Zero. L’événement, encore jeune, s’est déjà imposé comme un test redoutable pour toutes les classes de bateaux, du multicoque rapide aux unités à double jauge CSA/IRC. Un échauffement idéal avant la grande traversée du 600.
Une course d’endurance et de stratégie
Le départ de la 17e édition de la RORC Caribbean 600 sera donné le lundi 23 février 2026. Et si le décor est paradisiaque, la course, elle, ne laisse aucune place à l’improvisation. Dans la chaleur tropicale et les vagues des alizés, les équipages doivent composer avec un parcours d’une rare complexité, alternant zones d’accélération, effets de relief et vents capricieux.
À la différence des grandes transocéaniques, la « 600 » oblige les navigateurs à jouer sans cesse avec les îles. Guadeloupe, Saba ou Saint-Barthélemy deviennent autant de zones d’ombre et de turbulences où chaque décision peut faire basculer le classement.

Trois navigateurs, trois approches du même défi
En 2025, trois navigateurs s’étaient particulièrement illustrés : Alexis Loison (Albator, NM43), Nikki Henderson (El Ocaso, J/122) et Will Oxley (Summer Storm, TP52). Tous évoquent une course exigeante, où intuition et rigueur doivent cohabiter.
Vainqueur de classe avec Albator et auteur d’une saison exceptionnelle, Alexis Loison décrit la Caribbean 600 comme « la quintessence des effets de vent ». Selon lui, « analyser les détails topographiques de chaque île avant le départ offre des gains décisifs, car le comportement des ombres change selon l’heure ».
La Britannique Nikki Henderson, engagée avec un équipage majoritairement amateur, insiste sur l’importance de la préparation : « Passer Guadeloupe dans de bonnes conditions influence énormément le temps final. Il faut savoir rester rapide sur les bords de reaching tout en gardant le bon angle de VMG. »
Quant à Will Oxley, navigateur australien chevronné, il alerte sur un autre ennemi : le Sargasse. « Ces algues s’enroulent autour des appendices et obligent parfois à faire marche arrière pour les décrocher. C’est devenu un vrai fléau. »

L’art de lire le ciel et la mer
Oxley explique aussi comment les formations nuageuses deviennent des indices cruciaux. Les nuages convergents peuvent annoncer des zones d’ascendance, tandis que des bases sombres et compactes signalent parfois des vents d’aspiration soudains. « Tout est une question d’interprétation, dit-il, car les deux phénomènes peuvent coexister dans un même nuage. »
Squalls violents, sargasses, effets de relief, changements de lumière : la Caribbean 600 met les sens à rude épreuve. Pour Loison, « aucune course au large ne peut se dérouler à la perfection : c’est une succession de compromis et de microdécisions ». Henderson résume l’esprit de l’épreuve : « C’est une course où il y a toujours quelque chose à améliorer. C’est presque une addiction, on a envie d’y revenir sans cesse. »
Entre la précision tactique de la Nelson’s Cup Series et la résistance demandée par la RORC Caribbean 600, Antigua offre en février l’un des plus beaux spectacles nautiques de l’année. Une scène où les meilleurs marins mesurent leurs talents face aux caprices du vent, de la mer et du relief, un condensé de ce que la course au large a de plus pur et de plus passionnant.