The Ocean Race Europe : une nuit sous tension au large d’Ouessant

Course au large
Par Le Figaro Nautisme

Après un départ spectaculaire dans le Solent, les sept IMOCA se sont retrouvés piégés par une zone de calmes au large de la Bretagne. La flotte s’est entièrement regroupée avant de repartir vers le golfe de Gascogne, laissant entrevoir une course haletante jusqu’à Porto.

©Pierre Bouras / The Ocean Race
Après un départ spectaculaire dans le Solent, les sept IMOCA se sont retrouvés piégés par une zone de calmes au large de la Bretagne. La flotte s’est entièrement regroupée avant de repartir vers le golfe de Gascogne, laissant entrevoir une course haletante jusqu’à Porto.

Dimanche, le départ depuis Cowes offrait des conditions idéales pour lancer la deuxième étape de The Ocean Race Europe. Sous spinnaker, les IMOCA ont avalé le Solent à grande vitesse, poussés par un vent d’est et portés par la marée. Biotherm s’est montré une nouvelle fois incisif en raflant les deux points maximum au Needles scoring gate, avec Paprec Arkéa juste derrière.
« Nous avons choisi une voile différente de celle de certains concurrents, et c’était la bonne option. Le bateau filait à toute vitesse dans le Solent », expliquait Sam Goodchild à bord de Biotherm. « Tout s’est parfaitement enchaîné pour décrocher les deux points. Exactement ce qu’il nous fallait. »
Le moral était également au beau fixe sur Allagrande Mapei Racing. « Nous avons eu de superbes conditions pour quitter le Solent et traverser la Manche, on s’est régalés », confiait Morgan Lagravière, heureux de retrouver le rythme après la première étape.
À la tombée de la nuit, les leaders dépassaient les 20 nœuds. « C’était intense, avec un vent d’est soutenu et un peu de mer - nous allions même plus vite que ce que le routage prévoyait », ajoutait Goodchild.

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© Patrick Condy / The Ocean Race


Ouessant, la bascule inattendue

Mais à la pointe nord-ouest de la Bretagne, tout s’est figé. Comme prévu, le vent a brutalement laissé place à une zone de transition, transformant la course de vitesse en lutte pour ne pas rester collé.
Paprec Arkéa a alors tenté le coup du goulet d’Ouessant, une option intérieure qui pouvait rapporter gros. Mais la brise s’est éteinte trop tôt. « On est passés de premiers à derniers. Un peu rude, mais c’est ainsi », reconnaissait Yoann Richomme. « On y a cru, mais ça n’est pas passé. Toute la nuit, on a bataillé pour s’en sortir. Au lieu de nous pousser vers le sud, le courant nous ramenait vers le nord. Au final, on a dû faire comme les autres et contourner. On est maintenant à cinq milles du leader. Ce n’est pas la fin du monde, mais si on s’extrait d’ici sans reculer pendant six heures, ce sera déjà bien. »
Pendant ce temps, Biotherm, Team Malizia et Canada Ocean Racing restaient au nord, choix plus sage qui leur permettait de conserver un léger avantage. Canada s’offrait même un court passage en tête, une première symbolique pour l’équipage de Scott Shawyer.
La compression a été totale : à l’aube, les sept IMOCA étaient bord à bord. « On n’a pas dormi de la nuit », admettait Thomas Ruyant, co-skipper d’Allagrande Mapei. Alan Roura sur Team AMAALA affichait un certain pragmatisme : « Tous les bateaux sont regroupés, c’est un nouveau départ pour tout le monde. L’enjeu, c’est de sortir de cette zone au plus vite pour accrocher le nouveau vent. »
Pour Lagravière, ce fut un « vrai changement de décor ». « On cherche tous la solution pour s’en extraire. On pensait pouvoir passer en douce, mais non. On va travailler dur toute la matinée pour retrouver de la pression et du vent. On sait que c’est l’un des gros obstacles de cette étape. » Même constat pour Alan Roberts (Holcim-PRB) : « Traverser ces calmes et atteindre la nouvelle pression - ceux qui s’en sortiront en sortiront grands gagnants. »

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© Jean-Louis Carli / The Ocean Race Europe 2025



Cap sur Porto avant Carthagène

En milieu de matinée, le vent de nord-ouest regagnait enfin en intensité. Les IMOCA retrouvaient des vitesses à plus de dix nœuds, relançant la course vers le cap Finisterre. À 12h00 UTC, Team Malizia, Biotherm et Holcim-PRB menaient la danse, filant à près de 20 nœuds sous 13 nœuds de vent. Huit petits milles seulement séparaient le premier du dernier, Team AMAALA fermant la marche.
Désormais, le golfe de Gascogne s’annonce comme un long sprint avant le passage de Porto mercredi, où des points seront distribués. Ensuite, les bateaux mettront le cap directement sur Carthagène, port d’arrivée de cette deuxième étape. Les prévisions annoncent des flux de nord-ouest soutenus, de quoi transformer cette descente de l’Atlantique portugais en véritable cavalcade.
La bataille reste totalement ouverte : après une nuit marquée par un regroupement inattendu, chaque décision stratégique pourra faire basculer la hiérarchie.

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Nathalie Moreau
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Nathalie Moreau est l’atout voyage et évasion de l’équipe, elle est passionnée de croisières et de destinations nautiques. En charge du planning rédactionnel du site figaronautisme.com et des réseaux sociaux, Nathalie suit de très près l’actualité et rédige chaque jour des news et des articles pour nous dépayser et nous faire rêver aux quatre coins du monde. Avide de découvertes, vous la croiserez sur tous les salons nautiques et de voyages en quête de nouveaux sujets.
Gilles Chiorri
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Associant une formation d’officier C1 de la marine marchande et un MBA d’HEC, Gilles Chiorri a sillonné tous les océans lors de nombreuses courses au large ou records, dont une victoire à la Mini Transat, détenteur du Trophée Jules Verne en 2002 à bord d’Orange, et une 2ème place à La Solitaire du Figaro la même année. Il a ensuite contribué à l’organisation de nombreux évènements, comme la Coupe de l’America, les Extreme Sailing Series et des courses océaniques dont la Route du Rhum et la Solitaire du Figaro (directeur de course), la Volvo Ocean Race (team manager). Sa connaissance du monde maritime et son réseau à l’international lui donnent une bonne compréhension du milieu qui nous passionne.
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Sophie Savant-Ros, architecte de formation et co-fondatrice de METEO CONSULT est entre autres, directrice de l’édition des « Bloc Marine » et du site Figaronautisme.com.
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Albert Brel, parallèlement à une carrière au CNRS, s’est toujours intéressé à l’équipement nautique. Depuis de nombreuses années, il collabore à des revues nautiques européennes dans lesquelles il écrit des articles techniques et rend compte des comparatifs effectués sur les divers équipements. De plus, il est l’auteur de nombreux ouvrages spécialisés qui vont de la cartographie électronique aux bateaux d’occasion et qui décrivent non seulement l’évolution des technologies, mais proposent aussi des solutions pour les mettre en application à bord des bateaux.
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Journaliste, photographe et auteur spécialisé dans le nautisme et l’environnement, Jean-Christophe Guillaumin est passionné de voyages et de bateaux. Il a réussi à faire matcher ses passions en découvrant le monde en bateau et en le faisant découvrir à ses lecteurs. De ses nombreuses navigations il a ramené une certitude : les océans offrent un terrain de jeu fabuleux mais aussi très fragile et aujourd’hui en danger. Fort d’une carrière riche en reportages et articles techniques, il a su se distinguer par sa capacité à vulgariser des sujets complexes tout en offrant une expertise pointue. À travers ses contributions régulières à Figaro Nautisme, il éclaire les plaisanciers, amateurs ou aguerris, sur les dernières tendances, innovations technologiques, et défis liés à la navigation. Que ce soit pour analyser les performances d’un voilier, explorer l’histoire ou décortiquer les subtilités de la course au large, il aborde chaque sujet avec le souci du détail et un regard expert.
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Naviguant depuis son plus jeune âge que ce soit en croisière, en course, au large, en régate, des deux côtés de l’Atlantique, en Manche comme en Méditerranée, Denis, quittant la radiologie rochelaise en 2017, a effectué avec sa femme à bord de PretAixte leur 42 pieds une circumnavigation par Panama et Cape Town. Il ne lui déplait pas non plus de naviguer dans le temps avec une prédilection pour la marine d’Empire, celle de Trafalgar …
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Titulaire d'un doctorat en Climatologie-Environnement, Cyrille est notre expert METEO CONSULT. Après avoir enseigné la climatologie et la géographie à l'université, il devient l'un des météorologues historiques de La Chaîne Météo en intégrant l'équipe en 2000. Spécialiste de la météo marine, il intervient également en tant qu'expert météo marine pour des courses de renommée mondiale, comme la Route du Rhum, la Solitaire du Figaro, la Transat Paprec...