Sam Goodchild : « être solide et le plus zen possible »

Course au large
Par Le Figaro Nautisme / The Ocean Race

Au lendemain de l’arrivée à Carthagène, la voix de Sam Goodchild semble déjà reposée. Le skipper britannique est revenu sur le début d’aventure avec Biotherm, impressionnant leader depuis le départ.

©Gauthier Lebec / The Ocean Race
Au lendemain de l’arrivée à Carthagène, la voix de Sam Goodchild semble déjà reposée. Le skipper britannique est revenu sur le début d’aventure avec Biotherm, impressionnant leader depuis le départ.

Il évoque surtout la façon dont Paul Meilhat a fédéré l’équipage et trouvé la bonne formule pour être performant en permanence. Malgré l’enthousiasme, Sam rappelle qu’il reste encore plus de la moitié de la course et démontre, déjà, à quel point toute l’équipe est concentrée pour la suite afin de ne pas relâcher la pression. Vous avez remporté le maximum de points possibles en deux étapes...

Comment l’avez-vous vécu de l’intérieur ?

"Nous avons abordé la course avec ambition mais on ne va pas le cacher : le bilan est beaucoup mieux qu’espéré ! On savait que l’on avait la capacité de faire quelque chose de bien mais pas autant... C’est génial !"

Pascal Bidégorry (Paprec Arkéa) assure que vous êtes « un cran au-dessus » depuis le début de la course...

"Je ne dirais pas ça. On a vu que Paprec Arkéa était très fort, que Holcim-PRB est également dans le match. En course au large, il y a des choix tactiques, des choix de voile : parfois ça marche comme prévu, parfois ce n’est pas le cas. Parfois tu enchaînes les décisions, parfois pas. Dans une course aussi longue, de nombreux éléments entrent aussi en compte : la gestion de la fatigue, la rotation des équipages... On est content de notre avance mais on est loin d’avoir gagné."

Est-ce qu’il y a une « méthode Paul Meilhat » qui explique vos performances ?

"Ce qui est exceptionnel avec Paul, c’est qu’il arrive à faire en sorte que toute l’équipe performe facilement, même avec peu d’entraînement au préalable. Il trouve toujours le bon dosage et le bon compromis : il sait quand on doit échanger des options, il sait quand il faut trancher. Il a cette capacité impressionnante à savoir où mettre l’énergie, sans jamais s’éparpiller et donc à être toujours très efficace dans son mode de fonctionnement. Et puis, il a constitué une équipe solide et solidaire à terre qui n’a pas connu que des choses faciles depuis la mise à l’eau de Biotherm (en 2022) mais qui leur a permis d’être toujours plus soudés".

À bord, Amélie Grassi disait qu’une « amitié était en train de se créer au sein de l’équipe ». Tu as la même impression ?

"Oui clairement. On se côtoyait sur les pontons mais on se connaissait peu avant. Le fait de gagner, ça engendre une dynamique constructive et positive. Et bien entendu, ça renforce les liens qui perdureront après la course."

Biotherm est davantage à l’aise dans le medium, le petit temps... Le parcours était-il avantageux jusque-là ?

"C’est sûr que le bateau est optimisé pour ce type de régate. On sait que les plans Verdier sont performants sur mer plate et c’est aussi le cas pour Holcim-PRB. D’ailleurs, ils étaient favoris avant le départ et pour moi ils le sont toujours. C’est clair qu’on a pu tirer notre épingle du jeu dans ces conditions, mais on a aussi vu que les deux plans Koch (Paprec Arkéa et Allagrande Mapei Racing) avaient profité du portant au large du Portugal pour revenir dans le match. Après, il n’y a pas que ça qui entre en ligne de compte. L’expérience de l’équipe technique, sa gestion des escales qui nous permet d’être frais à chaque étape, cela compte aussi. En course au large, la réussite s’explique toujours par de multiples facteurs."

Toute la suite de la compétition se déroule en Méditerranée où les conditions peuvent être très changeantes. Comment s’y adapte-t-on ?

"C’est clair que cela rajoute un niveau de stress supplémentaire. On n'étudie plus les fichiers météo comme dans l’océan Atlantique ou la mer du Nord. On a vu plein de fois des bateaux en tête dans la baie avant l’arrivée qui se faisait doubler par toute la flotte ! Paprec Arkéa est d’ailleurs resté bloqué pendant six heures dans une zone de molle alors qu’aucun fichier météo ne le prévoyait ! Tout est toujours possible et cela peut aller très vite. Il va falloir être solide et le plus zen possible."

Le fait d’aborder la suite en étant leader, cela aide justement à être plus serein ?

"On est trop tôt dans la course pour penser à protéger notre position au classement. Nous ne sommes pas encore à la mi-course, il reste plus de la moitié des points à distribuer. On peut vite se faire des nœuds au cerveau inutilement. À nous de prendre les étapes les unes après les autres."

À quel scénario peut-on s’attendre lors de l’étape de Nice ?

"Pour l’instant, il est encore un peu trop tôt pour se prononcer. Nous avons appris que l’organisateur allait prolonger le parcours afin que l’on puisse arriver vendredi. A priori, il y a une dépression qui circule donc on pourrait avoir pas mal de vent au fil du parcours mais cela reste à affiner."

Plus globalement, après deux étapes, est-ce que tu apprécies ce format de course ?

"Moi, j’adore la nouveauté. Le fait de faire partie d’un équipage avec Paul, Jack et Amélie, réfléchir ensemble, comprendre leur façon de fonctionner, s’enrichir des autres... Je n’ai pas besoin d’être skipper n°1 pour m’amuser sur une course ! Déjà parce que je dors mieux (rire) mais aussi parce que c’est passionnant de découvrir de nouvelles manières de faire. Et puis ces étapes très courtes, très intenses, c’est vraiment agréable. Et ce n’est pas fini !"

L'équipe
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau est l’atout voyage et évasion de l’équipe, elle est passionnée de croisières et de destinations nautiques. En charge du planning rédactionnel du site figaronautisme.com et des réseaux sociaux, Nathalie suit de très près l’actualité et rédige chaque jour des news et des articles pour nous dépayser et nous faire rêver aux quatre coins du monde. Avide de découvertes, vous la croiserez sur tous les salons nautiques et de voyages en quête de nouveaux sujets.
Gilles Chiorri
Gilles Chiorri
Gilles Chiorri
Associant une formation d’officier C1 de la marine marchande et un MBA d’HEC, Gilles Chiorri a sillonné tous les océans lors de nombreuses courses au large ou records, dont une victoire à la Mini Transat, détenteur du Trophée Jules Verne en 2002 à bord d’Orange, et une 2ème place à La Solitaire du Figaro la même année. Il a ensuite contribué à l’organisation de nombreux évènements, comme la Coupe de l’America, les Extreme Sailing Series et des courses océaniques dont la Route du Rhum et la Solitaire du Figaro (directeur de course), la Volvo Ocean Race (team manager). Sa connaissance du monde maritime et son réseau à l’international lui donnent une bonne compréhension du milieu qui nous passionne.
Il collabore avec les équipes de METEO CONSULT et Figaro Nautisme depuis plus de 20 ans.
Sophie Savant-Ros
Sophie Savant-Ros
Sophie Savant-Ros
Sophie Savant-Ros, architecte de formation et co-fondatrice de METEO CONSULT est entre autres, directrice de l’édition des « Bloc Marine » et du site Figaronautisme.com.
Sophie est passionnée de photographie, elle ne se déplace jamais sans son appareil photo et privilégie les photos de paysages marins. Elle a publié deux ouvrages consacrés à l’Ile de Porquerolles et photographie les côtes pour enrichir les « Guides Escales » de Figaro Nautisme.
Albert Brel
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Albert Brel
Albert Brel, parallèlement à une carrière au CNRS, s’est toujours intéressé à l’équipement nautique. Depuis de nombreuses années, il collabore à des revues nautiques européennes dans lesquelles il écrit des articles techniques et rend compte des comparatifs effectués sur les divers équipements. De plus, il est l’auteur de nombreux ouvrages spécialisés qui vont de la cartographie électronique aux bateaux d’occasion et qui décrivent non seulement l’évolution des technologies, mais proposent aussi des solutions pour les mettre en application à bord des bateaux.
Jean-Christophe Guillaumin
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Jean-Christophe Guillaumin
Journaliste, photographe et auteur spécialisé dans le nautisme et l’environnement, Jean-Christophe Guillaumin est passionné de voyages et de bateaux. Il a réussi à faire matcher ses passions en découvrant le monde en bateau et en le faisant découvrir à ses lecteurs. De ses nombreuses navigations il a ramené une certitude : les océans offrent un terrain de jeu fabuleux mais aussi très fragile et aujourd’hui en danger. Fort d’une carrière riche en reportages et articles techniques, il a su se distinguer par sa capacité à vulgariser des sujets complexes tout en offrant une expertise pointue. À travers ses contributions régulières à Figaro Nautisme, il éclaire les plaisanciers, amateurs ou aguerris, sur les dernières tendances, innovations technologiques, et défis liés à la navigation. Que ce soit pour analyser les performances d’un voilier, explorer l’histoire ou décortiquer les subtilités de la course au large, il aborde chaque sujet avec le souci du détail et un regard expert.
Charlotte Lacroix
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Charlotte est une véritable globe-trotteuse ! Très jeune, elle a vécu aux quatre coins du monde et a pris goût à la découverte du monde et à l'évasion. Tantôt à pied, en kayak, en paddle, à voile ou à moteur, elle aime partir à la découverte de paradis méconnus. Elle collabore avec Figaro Nautisme au fil de l'eau et de ses coups de cœur.
Max Billac
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Max est tombé dedans quand il était petit ! Il a beaucoup navigué avec ses parents, aussi bien en voilier qu'en bateau moteur le long des côtes européennes mais pas que ! Avec quelques transatlantiques à son actif, il se passionne pour le monde du nautisme sous toutes ses formes. Il aime analyser le monde qui l'entoure et collabore avec Figaro Nautisme régulièrement.
Denis Chabassière
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Naviguant depuis son plus jeune âge que ce soit en croisière, en course, au large, en régate, des deux côtés de l’Atlantique, en Manche comme en Méditerranée, Denis, quittant la radiologie rochelaise en 2017, a effectué avec sa femme à bord de PretAixte leur 42 pieds une circumnavigation par Panama et Cape Town. Il ne lui déplait pas non plus de naviguer dans le temps avec une prédilection pour la marine d’Empire, celle de Trafalgar …
Michel Ulrich
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Après une carrière internationale d’ingénieur, Michel Ulrich navigue maintenant en plaisance sur son TARGA 35+ le long de la côte atlantique. Par ailleurs, il ne rate pas une occasion d’embarquer sur des navires de charge, de travail ou de services maritimes. Il nous fait partager des expériences d’expédition maritime hors du commun.
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METEO CONSULT est un bureau d'études météorologiques opérationnel, qui assiste ses clients depuis plus de 30 ans. Les services de METEO CONSULT reposent sur une équipe scientifique de haut niveau et des moyens techniques de pointe. Son expertise en météo marine est reconnue et ses prévisionnistes accompagnent les plaisanciers, les capitaines de port et les organisateurs de courses au large depuis ses origines : Route du Rhum, Transat en double, Solitaire du Figaro…
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Titulaire d'un doctorat en Climatologie-Environnement, Cyrille est notre expert METEO CONSULT. Après avoir enseigné la climatologie et la géographie à l'université, il devient l'un des météorologues historiques de La Chaîne Météo en intégrant l'équipe en 2000. Spécialiste de la météo marine, il intervient également en tant qu'expert météo marine pour des courses de renommée mondiale, comme la Route du Rhum, la Solitaire du Figaro, la Transat Paprec...