
Les accidents en mer ne sont pas si rares. Considérer l'espace comme une vaste zone de jeu sans contrainte serait une erreur. Les trajectoires se croisent, les vitesses diffèrent, les sens comme la vue et l'ouïe peuvent être affectées par le milieu... Oui les abordages peuvent arriver. Selon un rapport 2023 du Bureau d'enquêtes sur les événements en mer (ou BEAmer pour Bureau Enquêtes Accidents mer), le nombre total d'accidents a dépassé les 530, occasionnant 23 décès ou disparus (rapport_d_activite_2023.pdf). Les navires les plus touchés sont les chalutiers et les causes sont multiples parmi lesquelles la vétusté grandissante de la flotte.
Même s'ils font figure d’épiphénomène, les abordages mettant en cause des plaisanciers ne sont pas à négliger. La bonne application du RIPAM, le Règlement international pour prévenir les abordages en mer, doit permettre de les éviter au maximum. Si le permis n'est pas obligatoire pour manœuvrer un voilier, nulle n'est censé ignorer ce "code de la mer". « Il est obligatoire d’en avoir un à bord ou un condensé présent dans différents ouvrages de référence comme Le Bloc Marine », indique Yann Lenotte, le responsable technique national de l'association reconnue d’utilité publique Les Glénans. En cas de contrôle il faut être capable de produire le document ou un extrait tel que celui-ci : https://www.ecologie.gouv.fr/sites/default/files/documents/texte-colreg.pdf
Obligation de veille
La première des règles dites « de barre et de route » consiste à assurer une veille à 360 degrés, visuelle et auditive, jour et nuit, sur son navire. Quitte bien sûr à organiser des rotations au sein de l'équipage en cas de longue traversée. « Le risque est de n'assurer qu'une veille partielle, si la voile d'avant empêche d’avoir une vision globale du plan d'eau par exemple. Il est préconisé de faire un point complet tous les quarts d'heure. En mer les situations changent vite », ajoute Yann Lenotte dont l’association possède cinq bases (Concarneau, Vannes, Paimpol, Marseillan et Bonifacio), compte 15 000 adhérents et forme des navigateurs débutants à professionnels. Afin de conforter leurs analyses sensorielles, s'offrir un peu d'anticipation et de sécurité, « de plus en plus de plaisanciers s'équipent d'outils de détection complémentaire : radar ou transpondeur AIS. »
Les voiliers ont le privilège sur les moteurs
Il faut considérer le RIPAM comme un guide officiel qui détaille les obligations des navigateurs en termes de visibilité, de feux de signalisation notamment. Il établit aussi les principes de base en matière de priorité lorsque deux bateaux sont amenés à se croiser. En mer, on préfère le terme de "privilège". « Le RIPAM pose en principe de base le privilège des voiliers sur les bateaux motorisés. Une règle qui souffre tout de même de quelques exceptions : « lorsque l’on se trouve sur une route de cargos ou de supertankers, là, on n’est plus du tout prioritaire ! Idem face à un chalutier au travail... ces navires sont peu manœuvrant. » Avant d’en arriver à ces situations problématiques, les gros navires, obligatoirement équipés de radar par exemple, décident parfois d’anticiper et d’infléchir leur route. « Voilà pourquoi je conseille aux plaisanciers de ne pas changer de cap constamment dans cette situation pour ne pas gêner l’éventuelle manœuvre d’évitement du cargo. »
Privilège à tribord amure
Plus simplement, lorsque deux voiliers se croisent, le RIPAM indique la règle importante de de privilège : le tribord amure. Explication : « Quand l’on regarde vers l’avant de son bateau, si le vent nous vient de la droite et gonfle les voiles sur la gauche, on est prioritaire sur un homologue naviguant bâbord amure (le vent venant de sa gauche ». L’autre bateau, s’il suit bien le règlement est tenu de se dérouter, de ralentir ou s’arrêter pour éviter la collision. « Si l’on constate que l’autre navire ne change pas de cap, il faut agir bien sûr. Certains, malheureusement, ne connaissent pas bien les règles ou s’en soucient peu. »
Les cas de figure sont nombreux et les guides proposent des illustrations pour bien comprendre les situations qu’il vaut mieux avoir en tête avant de se retrouver face au danger. « Si les voiliers sont tous les deux sur la même amure (tribord ou bâbord) en route de collision, c’est celui qui est le plus proche du vent, "au vent", qui doit changer de trajectoire, précise encore Yann Lenotte qui ajoute : Lorsque l’on est amené à se dérouter, on s’arrange pour ne pas passer devant l’autre. Il faut que la manœuvre soit franche, large et passer de préférence derrière le bateau. »
Les situations analogues peuvent se présenter entre bateaux à moteur. Si deux navires se font face et ont des trajectoires dangereuses, chacun doit partir vers tribord et croiser l’autre à bâbord. Ici, l’amure, le vent, ne sont plus en jeu.
Avant de sortir en mer, pensez à vous équiper du Bloc Marine Méditerranée ou Atlantique, et pour les plus connectés d'entre vous à télécharger l'application mobile gratuite Bloc Marine. Autre indispensable de vos sorties en mer : la météo, à consulter sur METEO CONSULT Marine.