The Ocean Race Europe : Allagrande Mapei Racing s'impose à Gênes, suivi de Paprec Arkéa

Course au large
Par Le Figaro Nautisme / The Ocean Race

Le voilier battant pavillon italien a résisté aux attaques soutenues de la concurrence durant les dernières 24 heures de course dans le golfe de Gênes, avant de creuser un écart décisif et imprenable...

©Jean Louis CARLI / The Ocean Race
Le voilier battant pavillon italien a résisté aux attaques soutenues de la concurrence durant les dernières 24 heures de course dans le golfe de Gênes, avant de creuser un écart décisif et imprenable...

Bogi » Beccaria et son équipage 100 % français composé de Thomas Ruyant, vainqueur de la Route du Rhum et double vainqueur de la Transat Jacques Vabre avec Morgan Lagravière, lui aussi à bord pour cette victoire, ainsi que de Manon Peyre, championne du monde junior 49erFX 2023 et du reporter Pierre Bouras, ont franchi la ligne d’arrivée à Gênes à 1h42 heure locale, après 2 jours, 8 heures, 41 minutes et 14 secondes de course depuis Nice.

Pour le skipper italien, c’est la réalisation d’un rêve de victoire qu’il avait exprimé sans détour au départ de France, lorsqu’il avait fixé comme objectif prioritaire à son équipe d’être la première à entrer dans le port de Gênes - une ville qu’il considère un peu comme sa maison depuis la construction de son Class40 en 2022.

« Je veux gagner chaque étape », a-t-il déclaré après avoir mis pied à terre. « Mais celle-ci est spéciale, car l’arrivée est en Italie. Nous progressons de façon continue en tant qu’équipe. Lors de l’étape précédente (Carthagène-Nice), nous avions terminé troisièmes avec le sentiment que nous pouvions encore faire mieux. Alors pourquoi ne pas rêver grand et viser la victoire d'étape ? »
Son co-skipper Thomas Ruyant a aussi commenté cette réussite : « Je suis surtout content pour Bogi, on arrive en vainqueurs en Italie, c'est important. C'était aussi la dernière course sur le bateau de Morgan (Lagravière) et c'est super de terminer sur une victoire. Nous avons eu notre accident à Kiel puis ce sont aussi des bateaux complexes à appréhender et on sent que l'on fait de plus en plus corps avec la machine. C'était aussi une étape avec du portant un peu fort et cela nous va bien. »

Deuxième à franchir la ligne, l’équipage du Team Paprec Arkéa, mené par Yoann Richomme, est arrivé à 2h32 (heure locale). Le leader actuel du classement général - Biotherm, mené par Paul Meilhat - est attendu à la troisième place.

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© Jean Louis CARLI / The Ocean Race

Le skipper de Paprec Arkéa, Yoann Richomme, a déclaré que lui et son équipage étaient satisfaits de cette deuxième place, surtout après une lutte aussi serrée pendant la majeure partie du parcours.

« C’était une super bagarre avec les trois autres, » a-t-il reconnu. « Nous avons fait une course incroyable, je crois que chacun a mené à un moment donné. [Allagrande Mapei] s’est envolé dans une petite risée hier après-midi et a continué à creuser l’écart. Ensuite, il y a eu cette énorme différence de vent. Je pense que personne ne peut être plus heureux qu’Ambrogio de gagner chez lui, alors nous sommes contents pour lui, et contents de notre deuxième place aussi. »

Le parcours de la 4e étape a vu la flotte de sept bateaux quitter Nice au près, longeant la Côte d’Azur en direction d’une « Scoring Gate » située au large de Monaco. Biotherm y a pris la tête et empoché deux points, suivi de l’équipage suisse de Team Holcim-PRB, skippé sur cette étape par Nicolas Lunven, qui a récolté un point. La flotte a ensuite connu une nuit difficile dans des vents faibles, progressant groupée le long de la côte ouest de la Corse, en restant bien au large pour éviter l’ombre du vent créée par les montagnes de l’île.

Holcim-PRB a franchi les Bouches de Bonifacio en leader et a été le premier à profiter d’un flux de sud plus fort et plus stable, propulsant alors les IMOCA à foils vers le nord à plus de 20 nœuds.

Alors que les quatre premiers - Holcim-PRB, Biotherm, Paprec Arkéa et Allagrande Mapei Racing - passaient rapidement le détroit, les trois autres équipages - Team Malizia de Boris Herrmann, Canada Ocean Racing - Be Water Positive de Scott Shawyer, et Team AMAALA d’Alan Roura - sont restés englués dans des vents plus légers et ne pouvaient que regarder le groupe de tête s’échapper.

Peu après que le peloton de tête ai dépassé l’île d’Elbe, avant minuit lundi soir, Allagrande Mapei Racing a pris les commandes - et ce malgré une panne électrique qui a privé le bateau de ses instruments pendant une heure, contraignant l’équipage à naviguer « à l’aveugle ».

Ensuite, bien que soumis à de vives attaques de ses trois rivaux les plus proches, l’équipage du bateau italien a gardé son sang-froid dans les vents erratiques du golfe de Gênes, passant la marque occidentale d’Alassio avec deux milles d’avance sur Paprec Arkéa et Biotherm.

Le vent est ensuite retombé sur la traversée retour du golfe vers la dernière marque de parcours avant l’arrivée, ralentissant les leaders quasiment jusqu’à l’arrêt. Toujours en tête, "Mapei" a été le premier à profiter d’un souffle bienvenu généré par une dépression méditerranéenne voisine, et a commencé à creuser rapidement l’écart en tête de flotte.

À la dernière marque, son avance atteignait 20 milles sur Paprec Arkéa, filant vers le nord à plus de 25 nœuds au portant sous foils. Malgré cette avance considérable, la victoire n’était pas encore assurée pour l’équipage italien : une vaste zone de vents faibles barrait la route de l’arrivée.

La tension est montée en fin de soirée lorsque la progression d’Allagrande Mapei Racing a ralenti près de la côte, permettant à Paprec Arkéa - encore dans un vent plus soutenu - de revenir inexorablement. À minuit, l’écart n’était plus que de huit milles.

Finalement, Ambrogio Beccaria et son équipage ont réussi à rester concentrés et à maintenir suffisamment de vitesse pour capter un souffle d’air côtier, qui leur a permis de reprendre le large dans les derniers milles et de valider leur victoire d’étape en empochant sept précieux points.

Bogi a reconnu que la course avait été intense du début à la fin, les quatre premiers étant constamment à portée les uns des autres, et encore plus lorsqu’une panne de moteur les empêcha de recharger les batteries, les forçant à redémarrer tout le système. « Les quatre premiers sont toujours restés très proches, jusqu’à la dernière transition où il y a eu un peu de séparation. Avant cela, après deux jours de course, nous étions tous dans un rayon de deux à trois milles.

Nous avons connu un moment charnière dans le grand portant entre Bonifacio et La Spezia, quand nous avons essayé de recharger nos batteries et que le moteur n’a pas démarré. Nous avons dû couper tout le bateau et barrer sans instruments - de nuit. Morgan a réussi à réparer l’alternateur et nous avons pu continuer ; mais ce moment aurait pu signer la fin de notre course. »

Après avoir abandonné dès la première étape suite à une collision avec Holcim-PRB peu après le départ de Kiel, Ambrogio a estimé que cette victoire dans l’étape 4 récompensait en partie le travail colossal de toute son équipe pour revenir dans la compétition.

« Je suis vraiment heureux pour toutes les personnes qui ont travaillé sur ce projet, c’est magnifique, » a-t-il dit. « Tout le monde pensait que nous étions hors course, mais maintenant nous avons même gagné l’étape de Gênes. C’est énorme, c’est formidable. »

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Nathalie Moreau
Nathalie Moreau
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Nathalie Moreau est l’atout voyage et évasion de l’équipe, elle est passionnée de croisières et de destinations nautiques. En charge du planning rédactionnel du site figaronautisme.com et des réseaux sociaux, Nathalie suit de très près l’actualité et rédige chaque jour des news et des articles pour nous dépayser et nous faire rêver aux quatre coins du monde. Avide de découvertes, vous la croiserez sur tous les salons nautiques et de voyages en quête de nouveaux sujets.
Gilles Chiorri
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Associant une formation d’officier C1 de la marine marchande et un MBA d’HEC, Gilles Chiorri a sillonné tous les océans lors de nombreuses courses au large ou records, dont une victoire à la Mini Transat, détenteur du Trophée Jules Verne en 2002 à bord d’Orange, et une 2ème place à La Solitaire du Figaro la même année. Il a ensuite contribué à l’organisation de nombreux évènements, comme la Coupe de l’America, les Extreme Sailing Series et des courses océaniques dont la Route du Rhum et la Solitaire du Figaro (directeur de course), la Volvo Ocean Race (team manager). Sa connaissance du monde maritime et son réseau à l’international lui donnent une bonne compréhension du milieu qui nous passionne.
Il collabore avec les équipes de METEO CONSULT et Figaro Nautisme depuis plus de 20 ans.
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Sophie Savant-Ros, architecte de formation et co-fondatrice de METEO CONSULT est entre autres, directrice de l’édition des « Bloc Marine » et du site Figaronautisme.com.
Sophie est passionnée de photographie, elle ne se déplace jamais sans son appareil photo et privilégie les photos de paysages marins. Elle a publié deux ouvrages consacrés à l’Ile de Porquerolles et photographie les côtes pour enrichir les « Guides Escales » de Figaro Nautisme.
Albert Brel
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Albert Brel, parallèlement à une carrière au CNRS, s’est toujours intéressé à l’équipement nautique. Depuis de nombreuses années, il collabore à des revues nautiques européennes dans lesquelles il écrit des articles techniques et rend compte des comparatifs effectués sur les divers équipements. De plus, il est l’auteur de nombreux ouvrages spécialisés qui vont de la cartographie électronique aux bateaux d’occasion et qui décrivent non seulement l’évolution des technologies, mais proposent aussi des solutions pour les mettre en application à bord des bateaux.
Jean-Christophe Guillaumin
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Journaliste, photographe et auteur spécialisé dans le nautisme et l’environnement, Jean-Christophe Guillaumin est passionné de voyages et de bateaux. Il a réussi à faire matcher ses passions en découvrant le monde en bateau et en le faisant découvrir à ses lecteurs. De ses nombreuses navigations il a ramené une certitude : les océans offrent un terrain de jeu fabuleux mais aussi très fragile et aujourd’hui en danger. Fort d’une carrière riche en reportages et articles techniques, il a su se distinguer par sa capacité à vulgariser des sujets complexes tout en offrant une expertise pointue. À travers ses contributions régulières à Figaro Nautisme, il éclaire les plaisanciers, amateurs ou aguerris, sur les dernières tendances, innovations technologiques, et défis liés à la navigation. Que ce soit pour analyser les performances d’un voilier, explorer l’histoire ou décortiquer les subtilités de la course au large, il aborde chaque sujet avec le souci du détail et un regard expert.
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Charlotte est une véritable globe-trotteuse ! Très jeune, elle a vécu aux quatre coins du monde et a pris goût à la découverte du monde et à l'évasion. Tantôt à pied, en kayak, en paddle, à voile ou à moteur, elle aime partir à la découverte de paradis méconnus. Elle collabore avec Figaro Nautisme au fil de l'eau et de ses coups de cœur.
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Max est tombé dedans quand il était petit ! Il a beaucoup navigué avec ses parents, aussi bien en voilier qu'en bateau moteur le long des côtes européennes mais pas que ! Avec quelques transatlantiques à son actif, il se passionne pour le monde du nautisme sous toutes ses formes. Il aime analyser le monde qui l'entoure et collabore avec Figaro Nautisme régulièrement.
Denis Chabassière
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Naviguant depuis son plus jeune âge que ce soit en croisière, en course, au large, en régate, des deux côtés de l’Atlantique, en Manche comme en Méditerranée, Denis, quittant la radiologie rochelaise en 2017, a effectué avec sa femme à bord de PretAixte leur 42 pieds une circumnavigation par Panama et Cape Town. Il ne lui déplait pas non plus de naviguer dans le temps avec une prédilection pour la marine d’Empire, celle de Trafalgar …
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Après une carrière internationale d’ingénieur, Michel Ulrich navigue maintenant en plaisance sur son TARGA 35+ le long de la côte atlantique. Par ailleurs, il ne rate pas une occasion d’embarquer sur des navires de charge, de travail ou de services maritimes. Il nous fait partager des expériences d’expédition maritime hors du commun.
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Titulaire d'un doctorat en Climatologie-Environnement, Cyrille est notre expert METEO CONSULT. Après avoir enseigné la climatologie et la géographie à l'université, il devient l'un des météorologues historiques de La Chaîne Météo en intégrant l'équipe en 2000. Spécialiste de la météo marine, il intervient également en tant qu'expert météo marine pour des courses de renommée mondiale, comme la Route du Rhum, la Solitaire du Figaro, la Transat Paprec...
Irwin Sonigo
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Capitaine 200 et ancien embarqué dans la Marine nationale, Irwin Sonigo a exploré toutes les facettes de la navigation. Des premiers bords sur un cotre aurique de 1932 à la grande plaisance sur la Côte d’Azur, en passant par les catamarans de Polynésie, les voiliers des Antilles ou plusieurs transatlantiques, il a tout expérimenté. Il participe à la construction d’Open 60 en Nouvelle-Zélande et embarque comme boat pilote lors de la 32e America’s Cup. Aujourd’hui, il met cette riche expérience au service de Figaro Nautisme, où il signe des essais et reportages ancrés dans le réel.