The Ocean Race Europe : depuis la Corse, ça s’est corsé !

Course au large
Par Le Figaro Nautisme / The Ocean Race

Alors que la flotte était regroupée hier matin, tout a basculé lors du contournement de la Corse et la remontée jusqu’en Italie.

©Pierre Bouras / The Ocean Race
Alors que la flotte était regroupée hier matin, tout a basculé lors du contournement de la Corse et la remontée jusqu’en Italie.

La flotte est désormais divisée en deux avec une avance conséquente pour un quatuor. Aux côtés des habitués des avant-postes (Biotherm, Holcim-PRB et Paprec Arkéa), c’est Allagrande Mapei Racing qui a pris légèrement les commandes de la course.

Le sprint final jusqu’à Gênes, où les bateaux sont attendus demain matin, s’annonce intense ! À l’heure de la rentrée et du retour du quotidien, The Ocean Race est une bouffée d’air frais, de large et d’aventure. Le parcours de l’étape du moment est en effet propice à l’évasion et aux images de carte postale.

En l’espace de 24 heures, les skippers ont multiplié les bords au large de Propriano, traversé les bouches de Bonifacio, se sont rapprochés de l’archipel de Maddalena avant de dépasser l’île d’Elbe et de longer la côte ouest de l’Italie.

Ce matin, le groupe de tête progresse entre La Spezia et Sestri Levante, en Ligurie, et ce périple donne décidément envie de ressortir crème solaire, casquette pour suivre la cartographie sur une serviette depuis une plage italienne.

Un sacré chamboule-tout

Pourtant, à bord, l’heure n’est pas vraiment à la détente. Le parcours est un trompe-l’œil : les équipages se rendent coup sur coup dans un sacré sprint. Manon Peyre (Allagrande Mapei Racing) évoque une course « hyper intense », Nicolas Lunven (Holcim-PRB) une « journée bien remplie », surtout au passage de Bonifacio.

« On est resté longtemps sur le pont sans dormir et on a accumulé une sacrée dette de sommeil », ajoute Manon. « C’était physique et fatigant d’enchaîner les virements de bord et les changements de voile », poursuit Paul Meilhat (Biotherm).

L’intensité de la régate a donc été prégnante d’autant que tout a changé lors des 24 dernières heures. Hier matin, la flotte se « tenait » en une vingtaine de milles au large de Propriano. Ce mardi matin, tout a changé : un groupe de quatre s’est échappé avec Allagrande Mapei Racing, Biotherm, Holcim-PRB et Paprec Arkéa.

La scission avec les trois autres (Team Malizia, Canada Ocean Racing Be Water Positive et Team Amaala) s’est faite au sud de la Corse et l’écart s’est creusé dans la nuit.

Allagrande Mapei Racing, retour en fanfare

Longtemps, c’est Team Holcim-PRB qui menait les équipages de tête. Dès le début d’après-midi, entre la Corse et la Sardaigne, la bande de Rosalin Kuiper avait pris les commandes et a accentué son avance dans le long bord menant jusqu’en Italie. « Il y a eu moins de dévent prévu sous la Corse et ça a permis à Holcim-PRB de faire une option osée mais payante », décrypte Paul Meilhat (Biotherm).

La suite, c’est « une grande descente au portant dans du vent soutenu le long des côtes italiennes », poursuit Paul. Dans la soirée, le contournement de l’île d’Elbe a obligé à se positionner. Biotherm l’a dépassé dans son est, Holcim-PRB a dû empanner pour le contourner par l’ouest.

Déjà positionné à l’ouest, Allagrande Mapei Racing n’a pas eu besoin de virer de bord pour dépasser l’île. Une stratégie qui a permis aux hommes d’Ambrogio Beccaria de recoller avec la tête de course avant de prendre les commandes au large de Livourne.

« Nous sommes revenus en tête après ce bord de portant, explique Pierre Bourras, l’OBR du team italien. On a été assez surpris parce qu’on a eu un problème d’énergie à bord du bateau qui nous a obligé à économiser l’énergie pour résoudre le problème ».

Conséquence : Ambrogio était à la barre « sans indication et sans instrument » pendant plus d’une heure. « Quand on a tout rallumé, on a été assez surpris de la trajectoire qu’on avait et de notre dynamique », poursuit Pierre.

« Le vent fait un peu n’importe quoi »

Si le bateau italien a pris une légère avance, on constate un regroupement ce matin puisque les quatre bateaux ne sont séparés par moins de trois milles à sept heures ! Le parcours final s’annonce donc décisif.

Car avant de franchir la ligne d’arrivée à Gênes, les skippers devront atteindre une marque du parcours au niveau de l’île Gallinera (au large d’Alassio), revenir vers Livourne puis mettre le cap sur la capitale de la Ligurie.

« Depuis qu’on est arrivé dans le golfe de Gênes, il y a des orages, le vent fait un peu n’importe quoi », atteste Nicolas Lunven. « Tactiquement, cela va être tendu avec beaucoup de nuage, peu de vent, abonde Pierre Bourras. L’OBR a une expression qui dit tout : « c’est la foire dans la cuvette ! »

Les quatre premiers sont en effet dans un mouchoir de poche. « Nous sommes toujours bord à bord, sourit Paul Meilhat. On va passer la journée et la nuit à tricoter dans le golfe de Gênes et il va falloir rester au contact ».

Un sprint à couper le souffle s’annonce et l’enjeu est crucial : il s’agit de l’avant-dernière étape donc prendre des points est capital afin d’aborder l’ultime round dans les meilleures dispositions.

« Avec des conditions piégeuses et pas mal de renversement de situations à venir, c’est loin d’être fini, conclut Nicolas Lunven. À nous de saisir les opportunités ! »

Suivez tous les skippers grâce à la cartographie en direct.

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Nathalie Moreau
Nathalie Moreau
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Nathalie Moreau est l’atout voyage et évasion de l’équipe, elle est passionnée de croisières et de destinations nautiques. En charge du planning rédactionnel du site figaronautisme.com et des réseaux sociaux, Nathalie suit de très près l’actualité et rédige chaque jour des news et des articles pour nous dépayser et nous faire rêver aux quatre coins du monde. Avide de découvertes, vous la croiserez sur tous les salons nautiques et de voyages en quête de nouveaux sujets.
Gilles Chiorri
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Associant une formation d’officier C1 de la marine marchande et un MBA d’HEC, Gilles Chiorri a sillonné tous les océans lors de nombreuses courses au large ou records, dont une victoire à la Mini Transat, détenteur du Trophée Jules Verne en 2002 à bord d’Orange, et une 2ème place à La Solitaire du Figaro la même année. Il a ensuite contribué à l’organisation de nombreux évènements, comme la Coupe de l’America, les Extreme Sailing Series et des courses océaniques dont la Route du Rhum et la Solitaire du Figaro (directeur de course), la Volvo Ocean Race (team manager). Sa connaissance du monde maritime et son réseau à l’international lui donnent une bonne compréhension du milieu qui nous passionne.
Il collabore avec les équipes de METEO CONSULT et Figaro Nautisme depuis plus de 20 ans.
Sophie Savant-Ros
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Sophie Savant-Ros, architecte de formation et co-fondatrice de METEO CONSULT est entre autres, directrice de l’édition des « Bloc Marine » et du site Figaronautisme.com.
Sophie est passionnée de photographie, elle ne se déplace jamais sans son appareil photo et privilégie les photos de paysages marins. Elle a publié deux ouvrages consacrés à l’Ile de Porquerolles et photographie les côtes pour enrichir les « Guides Escales » de Figaro Nautisme.
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Albert Brel, parallèlement à une carrière au CNRS, s’est toujours intéressé à l’équipement nautique. Depuis de nombreuses années, il collabore à des revues nautiques européennes dans lesquelles il écrit des articles techniques et rend compte des comparatifs effectués sur les divers équipements. De plus, il est l’auteur de nombreux ouvrages spécialisés qui vont de la cartographie électronique aux bateaux d’occasion et qui décrivent non seulement l’évolution des technologies, mais proposent aussi des solutions pour les mettre en application à bord des bateaux.
Jean-Christophe Guillaumin
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Journaliste, photographe et auteur spécialisé dans le nautisme et l’environnement, Jean-Christophe Guillaumin est passionné de voyages et de bateaux. Il a réussi à faire matcher ses passions en découvrant le monde en bateau et en le faisant découvrir à ses lecteurs. De ses nombreuses navigations il a ramené une certitude : les océans offrent un terrain de jeu fabuleux mais aussi très fragile et aujourd’hui en danger. Fort d’une carrière riche en reportages et articles techniques, il a su se distinguer par sa capacité à vulgariser des sujets complexes tout en offrant une expertise pointue. À travers ses contributions régulières à Figaro Nautisme, il éclaire les plaisanciers, amateurs ou aguerris, sur les dernières tendances, innovations technologiques, et défis liés à la navigation. Que ce soit pour analyser les performances d’un voilier, explorer l’histoire ou décortiquer les subtilités de la course au large, il aborde chaque sujet avec le souci du détail et un regard expert.
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Charlotte est une véritable globe-trotteuse ! Très jeune, elle a vécu aux quatre coins du monde et a pris goût à la découverte du monde et à l'évasion. Tantôt à pied, en kayak, en paddle, à voile ou à moteur, elle aime partir à la découverte de paradis méconnus. Elle collabore avec Figaro Nautisme au fil de l'eau et de ses coups de cœur.
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Max est tombé dedans quand il était petit ! Il a beaucoup navigué avec ses parents, aussi bien en voilier qu'en bateau moteur le long des côtes européennes mais pas que ! Avec quelques transatlantiques à son actif, il se passionne pour le monde du nautisme sous toutes ses formes. Il aime analyser le monde qui l'entoure et collabore avec Figaro Nautisme régulièrement.
Denis Chabassière
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Naviguant depuis son plus jeune âge que ce soit en croisière, en course, au large, en régate, des deux côtés de l’Atlantique, en Manche comme en Méditerranée, Denis, quittant la radiologie rochelaise en 2017, a effectué avec sa femme à bord de PretAixte leur 42 pieds une circumnavigation par Panama et Cape Town. Il ne lui déplait pas non plus de naviguer dans le temps avec une prédilection pour la marine d’Empire, celle de Trafalgar …
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Après une carrière internationale d’ingénieur, Michel Ulrich navigue maintenant en plaisance sur son TARGA 35+ le long de la côte atlantique. Par ailleurs, il ne rate pas une occasion d’embarquer sur des navires de charge, de travail ou de services maritimes. Il nous fait partager des expériences d’expédition maritime hors du commun.
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Titulaire d'un doctorat en Climatologie-Environnement, Cyrille est notre expert METEO CONSULT. Après avoir enseigné la climatologie et la géographie à l'université, il devient l'un des météorologues historiques de La Chaîne Météo en intégrant l'équipe en 2000. Spécialiste de la météo marine, il intervient également en tant qu'expert météo marine pour des courses de renommée mondiale, comme la Route du Rhum, la Solitaire du Figaro, la Transat Paprec...
Irwin Sonigo
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Capitaine 200 et ancien embarqué dans la Marine nationale, Irwin Sonigo a exploré toutes les facettes de la navigation. Des premiers bords sur un cotre aurique de 1932 à la grande plaisance sur la Côte d’Azur, en passant par les catamarans de Polynésie, les voiliers des Antilles ou plusieurs transatlantiques, il a tout expérimenté. Il participe à la construction d’Open 60 en Nouvelle-Zélande et embarque comme boat pilote lors de la 32e America’s Cup. Aujourd’hui, il met cette riche expérience au service de Figaro Nautisme, où il signe des essais et reportages ancrés dans le réel.