Mini Transat : escales improvisées, flotte sécurisée, course préservée

Course au large
Par Le Figaro Nautisme

Neuf jours déjà que La Boulangère Mini Transat est partie ; et c’est un scénario à rebondissements, qu’ont connu les 90 concurrents. Après un magnifique départ et un début de course prometteur, l’annonce, jeudi, de l’annulation de l’étape a sonné un coup d’arrêt brutal. Elle sifflait la fin de la partie entre Les Sables d’Olonne et les Canaries, sommant les concurrents en mer de se diriger au plus vite vers la terre ferme. L’ensemble de la flotte se déroute alors vers les ports de la péninsule ibérique.

©Vincent Olivaud
Neuf jours déjà que La Boulangère Mini Transat est partie ; et c’est un scénario à rebondissements, qu’ont connu les 90 concurrents. Après un magnifique départ et un début de course prometteur, l’annonce, jeudi, de l’annulation de l’étape a sonné un coup d’arrêt brutal. Elle sifflait la fin de la partie entre Les Sables d’Olonne et les Canaries, sommant les concurrents en mer de se diriger au plus vite vers la terre ferme. L’ensemble de la flotte se déroute alors vers les ports de la péninsule ibérique.

Samedi midi, à l’exception de Benoît Marie (1067-Nicolatic Petit Bateau) et Alexandre Demange (DMG Mori Sailing Academy II) - aux avant-postes et suffisamment rapides pour échapper à l’ex-ouragan Gabrielle -, les skippers avaient rejoint un port sûr, éparpillés entre Portimao, Baiona, Cascais, Peniche... Sur les 90 skippers au départ, seuls manquaient à l’appel, Hajime Kokumai (1046-DMG Mori, Sailing Academy I), rescapé à bord d’un cargo suite à une collision avec un OFNI, ainsi que Thomas Biasse (880-Un Spondy en Mini), victime d’un démâtage et resté aux Sables d'Olonne.

Phénomène Gabrielle : une trajectoire rare

« Nous avions parlé de cet ouragan, lors du briefing d’avant départ. Tous les modèles le faisaient monter vers l’Angleterre ou vers l’Irlande, ce qui est une route assez standard. Il y a en général un ou deux ouragans par an qui traversent l’Atlantique, pas plus, et c’est très rare qu’ils descendent aussi bas », explique Christian Dumard, météorologue de la course (...) Et Gabrielle est effectivement passé ; avec des vagues de 6 à 7 mètres et des rafales de 55 à 60 noeuds... C’est beaucoup pour un Mini » !
« Jeudi matin, j’ai eu un coup de fil de la direction de course, qui me disait qu’il fallait prendre la décision d’annuler immédiatement pour sauver l’intégrité de la flotte et garantir la sécurité des coureurs. Deux-tiers d'entre eux se trouvaient menacés », confirme Emmanuel Versace. « Notre objectif a été de les mettre dans les meilleures dispositions possibles tout au long de ces escales forcées, et de répondre à notre mission de rassurer les familles, les partenaires. Cela fait partie des aléas de la course, on se devait de réagir avec les moyens qu’on a. On a reçu beaucoup de soutiens suite à cette décision », poursuit l’organisateur de la course.

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Course contre l'ouragan

Sur l’eau, c’est la stupéfaction, suivie de sentiments mitigés, où se mêlent la déception de se voir freiner dans son élan, et la peur à l’idée d’affronter de telles conditions à bord d’un bateau de 6.50 mètres. Au bout du compte, c'est le soulagement qui l’emporte. C’est notamment le cas pour Louis Hulet (630-James Caird), qui avait choisi une option au large. À 180 milles des côtes jeudi, il fait part d’un retour à terre « stressant » . « Pendant deux jours, plutôt que la course contre des concurrents, j’ai fait la course contre l’ouragan », raconte celui dont le sens marin lui a fait imaginer le pire, anticipant se mettre en configuration pour l’affronter.
« On fait un sport où l’on joue avec la météo, c’est ce qui fait que la voile n’est pas un sport comme un autre », rappelle Quentin Mocudet (986-Saveurs et Délices), qui ne cache pourtant pas la déception de voir sonner le glas d’un parcours qu’il avait bien entamé. Au moment du cout d'arrêt, Louis était en effet 3ème dans la catégorie série. Même sentiments, entre frustration et acceptation, pour Paul Cousin (981-AFP Groupe Biocombustibles). « C’est dur quand ça s’arrête. J’ai eu un gros coup de mou après l’annulation, j’étais au fond du trou pendant une journée. Mais c’est la vie, il faut rebondir (...) Après ce qu’on vient de vivre, tout va désormais nous paraître normal » convient celui qui pointait deuxième des bateaux de série derrière un Amaury Guérin en parfait maîtrise. « Faire le deuil » d’un premier parcours qui a tourné court ; et capitaliser sur les enseignements et la confiance engrangés dessinant une première hiérarchie, c’est tout l’enjeu de la suite de cette La Boulangère Mini Transat 2025, déjà vécue comme une aventure humaine et maritime hors normes.

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89 skippers , attendus au départ de La Palma

Sur les 90 skippers au départ des Sables d’Olonne, la course est marquée par l’abandon d’Hajime Kokumai. Deuxième à La Palma, Alexandre Demange donne des nouvelles de son partenaire de l’écurie DMG Mori, portée par Kojiro Shiraishi, skipper du Vendée Globe, et le directeur sportif, Jacques Caraës : « Hajime a eu une collision avec un OFNI, ce qui a complètement arraché le puits de quille, qui ne tenait plus que sur l’une des charnières. Quand il a évacué le bateau, il était plein d’eau. Avec l’ouragan, la quille a dû lâcher, le bateau se retourner (...) Le plus important, c’est que Hajime va bien. Il a été secouru par un cargo russe-philippin qui l’a accosté vers le cap Finisterre, en direction du Ghana. Ce n’est pas facile pour lui, mais cela fait cinq jours qu’il est à bord, il commence à prendre un peu de recul par rapport à ce qui s’est passé. Il a été exemplaire dans sa manière d’alerter les secours. Merci à tous les briefing sécu pour toutes les procédures. Il ne s’est jamais senti en danger. En espérant tous vous retrouver très vite à La Palma, en espérant que cet abandon soit le seul de cette semi-étape... »

Longtemps aux Sables d’Olonne après avoir démâté dans les premières 24 heures de course, Thomas Biasse, a, quant à lui, repris les chemins qui mènent aux Canaries. Mardi matin, il pointait au large de La Corogne. Il est attendu d’ici quelques jours à La Palma pour rejoindre la flotte de cette Mini 2025.

L'équipe
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau est l’atout voyage et évasion de l’équipe, elle est passionnée de croisières et de destinations nautiques. En charge du planning rédactionnel du site figaronautisme.com et des réseaux sociaux, Nathalie suit de très près l’actualité et rédige chaque jour des news et des articles pour nous dépayser et nous faire rêver aux quatre coins du monde. Avide de découvertes, vous la croiserez sur tous les salons nautiques et de voyages en quête de nouveaux sujets.
Gilles Chiorri
Gilles Chiorri
Gilles Chiorri
Associant une formation d’officier C1 de la marine marchande et un MBA d’HEC, Gilles Chiorri a sillonné tous les océans lors de nombreuses courses au large ou records, dont une victoire à la Mini Transat, détenteur du Trophée Jules Verne en 2002 à bord d’Orange, et une 2ème place à La Solitaire du Figaro la même année. Il a ensuite contribué à l’organisation de nombreux évènements, comme la Coupe de l’America, les Extreme Sailing Series et des courses océaniques dont la Route du Rhum et la Solitaire du Figaro (directeur de course), la Volvo Ocean Race (team manager). Sa connaissance du monde maritime et son réseau à l’international lui donnent une bonne compréhension du milieu qui nous passionne.
Il collabore avec les équipes de METEO CONSULT et Figaro Nautisme depuis plus de 20 ans.
Sophie Savant-Ros
Sophie Savant-Ros
Sophie Savant-Ros
Sophie Savant-Ros, architecte de formation et co-fondatrice de METEO CONSULT est entre autres, directrice de l’édition des « Bloc Marine » et du site Figaronautisme.com.
Sophie est passionnée de photographie, elle ne se déplace jamais sans son appareil photo et privilégie les photos de paysages marins. Elle a publié deux ouvrages consacrés à l’Ile de Porquerolles et photographie les côtes pour enrichir les « Guides Escales » de Figaro Nautisme.
Albert Brel
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Albert Brel
Albert Brel, parallèlement à une carrière au CNRS, s’est toujours intéressé à l’équipement nautique. Depuis de nombreuses années, il collabore à des revues nautiques européennes dans lesquelles il écrit des articles techniques et rend compte des comparatifs effectués sur les divers équipements. De plus, il est l’auteur de nombreux ouvrages spécialisés qui vont de la cartographie électronique aux bateaux d’occasion et qui décrivent non seulement l’évolution des technologies, mais proposent aussi des solutions pour les mettre en application à bord des bateaux.
Jean-Christophe Guillaumin
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Jean-Christophe Guillaumin
Journaliste, photographe et auteur spécialisé dans le nautisme et l’environnement, Jean-Christophe Guillaumin est passionné de voyages et de bateaux. Il a réussi à faire matcher ses passions en découvrant le monde en bateau et en le faisant découvrir à ses lecteurs. De ses nombreuses navigations il a ramené une certitude : les océans offrent un terrain de jeu fabuleux mais aussi très fragile et aujourd’hui en danger. Fort d’une carrière riche en reportages et articles techniques, il a su se distinguer par sa capacité à vulgariser des sujets complexes tout en offrant une expertise pointue. À travers ses contributions régulières à Figaro Nautisme, il éclaire les plaisanciers, amateurs ou aguerris, sur les dernières tendances, innovations technologiques, et défis liés à la navigation. Que ce soit pour analyser les performances d’un voilier, explorer l’histoire ou décortiquer les subtilités de la course au large, il aborde chaque sujet avec le souci du détail et un regard expert.
Charlotte Lacroix
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Charlotte est une véritable globe-trotteuse ! Très jeune, elle a vécu aux quatre coins du monde et a pris goût à la découverte du monde et à l'évasion. Tantôt à pied, en kayak, en paddle, à voile ou à moteur, elle aime partir à la découverte de paradis méconnus. Elle collabore avec Figaro Nautisme au fil de l'eau et de ses coups de cœur.
Max Billac
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Max est tombé dedans quand il était petit ! Il a beaucoup navigué avec ses parents, aussi bien en voilier qu'en bateau moteur le long des côtes européennes mais pas que ! Avec quelques transatlantiques à son actif, il se passionne pour le monde du nautisme sous toutes ses formes. Il aime analyser le monde qui l'entoure et collabore avec Figaro Nautisme régulièrement.
Denis Chabassière
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Naviguant depuis son plus jeune âge que ce soit en croisière, en course, au large, en régate, des deux côtés de l’Atlantique, en Manche comme en Méditerranée, Denis, quittant la radiologie rochelaise en 2017, a effectué avec sa femme à bord de PretAixte leur 42 pieds une circumnavigation par Panama et Cape Town. Il ne lui déplait pas non plus de naviguer dans le temps avec une prédilection pour la marine d’Empire, celle de Trafalgar …
Michel Ulrich
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Après une carrière internationale d’ingénieur, Michel Ulrich navigue maintenant en plaisance sur son TARGA 35+ le long de la côte atlantique. Par ailleurs, il ne rate pas une occasion d’embarquer sur des navires de charge, de travail ou de services maritimes. Il nous fait partager des expériences d’expédition maritime hors du commun.
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METEO CONSULT est un bureau d'études météorologiques opérationnel, qui assiste ses clients depuis plus de 30 ans. Les services de METEO CONSULT reposent sur une équipe scientifique de haut niveau et des moyens techniques de pointe. Son expertise en météo marine est reconnue et ses prévisionnistes accompagnent les plaisanciers, les capitaines de port et les organisateurs de courses au large depuis ses origines : Route du Rhum, Transat en double, Solitaire du Figaro…
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Titulaire d'un doctorat en Climatologie-Environnement, Cyrille est notre expert METEO CONSULT. Après avoir enseigné la climatologie et la géographie à l'université, il devient l'un des météorologues historiques de La Chaîne Météo en intégrant l'équipe en 2000. Spécialiste de la météo marine, il intervient également en tant qu'expert météo marine pour des courses de renommée mondiale, comme la Route du Rhum, la Solitaire du Figaro, la Transat Paprec...
Irwin Sonigo
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Irwin Sonigo
Capitaine 200 et ancien embarqué dans la Marine nationale, Irwin Sonigo a exploré toutes les facettes de la navigation. Des premiers bords sur un cotre aurique de 1932 à la grande plaisance sur la Côte d’Azur, en passant par les catamarans de Polynésie, les voiliers des Antilles ou plusieurs transatlantiques, il a tout expérimenté. Il participe à la construction d’Open 60 en Nouvelle-Zélande et embarque comme boat pilote lors de la 32e America’s Cup. Aujourd’hui, il met cette riche expérience au service de Figaro Nautisme, où il signe des essais et reportages ancrés dans le réel.