5 animaux marins qui explosent s’ils remontent trop vite

Culture nautique
Par Le Figaro Nautisme

Sous la surface, la pression est une force qu’on ne soupçonne pas. À 1000 mètres de fond, elle dépasse les 1000 kg par centimètre carré, de quoi écraser n’importe quel objet. Pourtant, une multitude d’animaux s’y sont parfaitement adaptés. Leur problème, c’est la remontée. Car là où l’homme risque un accident de décompression, eux n’ont aucune chance : leurs organes gonflent, leurs tissus éclatent, et certains se désintègrent littéralement. Voici cinq espèces pour lesquelles une remontée rapide est une condamnation instantanée.

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Sous la surface, la pression est une force qu’on ne soupçonne pas. À 1000 mètres de fond, elle dépasse les 1000 kg par centimètre carré, de quoi écraser n’importe quel objet. Pourtant, une multitude d’animaux s’y sont parfaitement adaptés. Leur problème, c’est la remontée. Car là où l’homme risque un accident de décompression, eux n’ont aucune chance : leurs organes gonflent, leurs tissus éclatent, et certains se désintègrent littéralement. Voici cinq espèces pour lesquelles une remontée rapide est une condamnation instantanée.

1. Le bar des profondeurs (Sebastes mentella)
Ce poisson rouge orangé vit dans l’Atlantique Nord, souvent entre 300 et 1000 mètres de profondeur. Sa vessie natatoire, qui régule sa flottabilité, devient un piège mortel dès qu’il est remonté trop vite. Sous la pression de surface, les gaz qu’elle contient se dilatent brutalement : l’abdomen gonfle, les yeux ressortent, et la vessie finit parfois par sortir de la bouche. Les pêcheurs l’appellent alors "poisson ballon", mais l’image est bien moins drôle dans la réalité. C’est l’exemple typique du barotraumatisme, une décompression explosive qui illustre la fragilité des organismes des grands fonds.

2. Le mérou de Nassau
Ce grand chasseur des Caraïbes, pourtant robuste, ne supporte pas non plus les variations brutales de pression. Sa vessie natatoire se gonfle à toute allure lorsqu’il est ramené des profondeurs par un pêcheur ou un plongeur, au point de déformer complètement son corps. Sa bouche s’entrouvre sous la pression, l’abdomen enfle, et ses organes internes peuvent se déplacer. Certains scientifiques ont mis au point des techniques de "décompression assistée" pour le relâcher vivant, mais le taux de survie reste faible. Le mérou, comme beaucoup de poissons de récif vivant entre 30 et 100 mètres, est simplement calibré pour rester là où il est.

3. Le calmar colossal
Découvert dans les eaux glacées de l’Antarctique, ce géant peut atteindre plus de 10 mètres et vivre à plus de 1000 mètres de profondeur. Sa chair est gélatineuse et remplie d’eau, une structure parfaite pour résister à la pression extrême. Mais en remontant, ses tissus se distendent et se déchirent, son corps se dilate et perd toute forme. Les rares spécimens remontés à la surface par des filets profonds ressemblent à des masses difformes, sans lien avec le prédateur redouté des abysses. Chez lui, l’explosion n’est pas due à des gaz, mais à la simple incapacité de ses tissus à supporter un changement de pression aussi brutal.

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4. Le poisson-globe (ou fugu)
Célèbre pour sa capacité à se gonfler volontairement lorsqu’il est menacé, le poisson-globe est paradoxalement vulnérable lorsqu’il est soumis à une remontée rapide. Sa peau et ses organes sont élastiques, mais jusqu’à un certain point seulement. Coincé dans un filet ou tiré trop vite, il peut se dilater au-delà de ce que son corps peut supporter. Ce n’est plus un mécanisme de défense, mais une réaction incontrôlée : il enfle jusqu’à éclater. Ce phénomène est rare, mais il illustre bien la différence entre un gonflement naturel, contrôlé par le poisson et une dilatation brutale imposée par la physique.

5. Le grenadier abyssal (Coryphaenoides rupestris)
Long et fin, avec une grosse tête et une queue étroite, ce poisson vit à plusieurs kilomètres de fond. Dans cet environnement, la pression écrase tout, et ses organes sont conçus pour fonctionner dans un équilibre parfait. Lorsqu’il est capturé par des filets remontés en quelques minutes, il subit une décompression fulgurante : la vessie natatoire éclate, les tissus se distendent et parfois se déchirent. Certains spécimens explosent littéralement en arrivant à la surface, réduits à une masse informe. C’est pour étudier ce type d’espèces que les scientifiques utilisent désormais des "ascenseurs pressurisés", capables de maintenir une pression constante pendant la remontée.

Tous ces animaux prouvent à quel point la vie des profondeurs dépend d’un équilibre fragile. Leur organisme n’est pas faible : il est simplement adapté à un autre monde. La pression y est telle que l’eau devient presque solide, et la moindre variation provoque des effets spectaculaires. Si certains poissons explosent, ce n’est pas par fragilité, mais parce qu’ils appartiennent à un univers qui n’a rien à voir avec le nôtre.
Les abysses ne sont pas seulement un territoire inconnu : ce sont des mondes à part, où la biologie se plie à la physique. Et quand ces mondes se rencontrent, la nature rappelle, avec brutalité, que chaque espèce a sa profondeur limite.

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Nathalie Moreau
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Nathalie Moreau est l’atout voyage et évasion de l’équipe, elle est passionnée de croisières et de destinations nautiques. En charge du planning rédactionnel du site figaronautisme.com et des réseaux sociaux, Nathalie suit de très près l’actualité et rédige chaque jour des news et des articles pour nous dépayser et nous faire rêver aux quatre coins du monde. Avide de découvertes, vous la croiserez sur tous les salons nautiques et de voyages en quête de nouveaux sujets.
Gilles Chiorri
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Associant une formation d’officier C1 de la marine marchande et un MBA d’HEC, Gilles Chiorri a sillonné tous les océans lors de nombreuses courses au large ou records, dont une victoire à la Mini Transat, détenteur du Trophée Jules Verne en 2002 à bord d’Orange, et une 2ème place à La Solitaire du Figaro la même année. Il a ensuite contribué à l’organisation de nombreux évènements, comme la Coupe de l’America, les Extreme Sailing Series et des courses océaniques dont la Route du Rhum et la Solitaire du Figaro (directeur de course), la Volvo Ocean Race (team manager). Sa connaissance du monde maritime et son réseau à l’international lui donnent une bonne compréhension du milieu qui nous passionne.
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Sophie Savant-Ros
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Sophie Savant-Ros, architecte de formation et co-fondatrice de METEO CONSULT est entre autres, directrice de l’édition des « Bloc Marine » et du site Figaronautisme.com.
Sophie est passionnée de photographie, elle ne se déplace jamais sans son appareil photo et privilégie les photos de paysages marins. Elle a publié deux ouvrages consacrés à l’Ile de Porquerolles et photographie les côtes pour enrichir les « Guides Escales » de Figaro Nautisme.
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Albert Brel, parallèlement à une carrière au CNRS, s’est toujours intéressé à l’équipement nautique. Depuis de nombreuses années, il collabore à des revues nautiques européennes dans lesquelles il écrit des articles techniques et rend compte des comparatifs effectués sur les divers équipements. De plus, il est l’auteur de nombreux ouvrages spécialisés qui vont de la cartographie électronique aux bateaux d’occasion et qui décrivent non seulement l’évolution des technologies, mais proposent aussi des solutions pour les mettre en application à bord des bateaux.
Jean-Christophe Guillaumin
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Journaliste, photographe et auteur spécialisé dans le nautisme et l’environnement, Jean-Christophe Guillaumin est passionné de voyages et de bateaux. Il a réussi à faire matcher ses passions en découvrant le monde en bateau et en le faisant découvrir à ses lecteurs. De ses nombreuses navigations il a ramené une certitude : les océans offrent un terrain de jeu fabuleux mais aussi très fragile et aujourd’hui en danger. Fort d’une carrière riche en reportages et articles techniques, il a su se distinguer par sa capacité à vulgariser des sujets complexes tout en offrant une expertise pointue. À travers ses contributions régulières à Figaro Nautisme, il éclaire les plaisanciers, amateurs ou aguerris, sur les dernières tendances, innovations technologiques, et défis liés à la navigation. Que ce soit pour analyser les performances d’un voilier, explorer l’histoire ou décortiquer les subtilités de la course au large, il aborde chaque sujet avec le souci du détail et un regard expert.
Charlotte Lacroix
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Charlotte est une véritable globe-trotteuse ! Très jeune, elle a vécu aux quatre coins du monde et a pris goût à la découverte du monde et à l'évasion. Tantôt à pied, en kayak, en paddle, à voile ou à moteur, elle aime partir à la découverte de paradis méconnus. Elle collabore avec Figaro Nautisme au fil de l'eau et de ses coups de cœur.
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Denis Chabassière
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Naviguant depuis son plus jeune âge que ce soit en croisière, en course, au large, en régate, des deux côtés de l’Atlantique, en Manche comme en Méditerranée, Denis, quittant la radiologie rochelaise en 2017, a effectué avec sa femme à bord de PretAixte leur 42 pieds une circumnavigation par Panama et Cape Town. Il ne lui déplait pas non plus de naviguer dans le temps avec une prédilection pour la marine d’Empire, celle de Trafalgar …
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Après une carrière internationale d’ingénieur, Michel Ulrich navigue maintenant en plaisance sur son TARGA 35+ le long de la côte atlantique. Par ailleurs, il ne rate pas une occasion d’embarquer sur des navires de charge, de travail ou de services maritimes. Il nous fait partager des expériences d’expédition maritime hors du commun.
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Titulaire d'un doctorat en Climatologie-Environnement, Cyrille est notre expert METEO CONSULT. Après avoir enseigné la climatologie et la géographie à l'université, il devient l'un des météorologues historiques de La Chaîne Météo en intégrant l'équipe en 2000. Spécialiste de la météo marine, il intervient également en tant qu'expert météo marine pour des courses de renommée mondiale, comme la Route du Rhum, la Solitaire du Figaro, la Transat Paprec...
Irwin Sonigo
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Capitaine 200 et ancien embarqué dans la Marine nationale, Irwin Sonigo a exploré toutes les facettes de la navigation. Des premiers bords sur un cotre aurique de 1932 à la grande plaisance sur la Côte d’Azur, en passant par les catamarans de Polynésie, les voiliers des Antilles ou plusieurs transatlantiques, il a tout expérimenté. Il participe à la construction d’Open 60 en Nouvelle-Zélande et embarque comme boat pilote lors de la 32e America’s Cup. Aujourd’hui, il met cette riche expérience au service de Figaro Nautisme, où il signe des essais et reportages ancrés dans le réel.