Transat Café L'Or : Le jour des retrouvailles
Class40 : Les tapas pour Douguet-Tréhin !
Lorsque Corentin Douguet et Axel Tréhin ont aperçu ce matin le feu de la Tour d’Hercule, ils ne cachaient pas leur satisfaction « On arrive dans un endroit qu’on connait et qu’on aime bien. Le paysage est typique de la Galice, de beaux reliefs, un peu de pluie et encore du vent pour franchir la ligne ! » disait à moins d’une heure de l’arrivée Corentin Douguet.
Le phare romain qui balise l’entrée de la baie de la Corogne sonnait comme la délivrance d’une première étape au contact où il a fallu être à la fois physique et cérébral. Après avoir perdu la tête hier au pointage de 11 heures, le tandem de SNSM faites un don a accepté de prolonger un peu plus longtemps son bord au sortir de la dorsale pour cravacher ensuite toute la journée en profitant sans doute d’un peu plus de pression au Sud que ses concurrents. « Chacun a fait avec ce qu’il avait. Dans ces conditions, il faut regarder les copains mais aussi croire en tes choix. Avec Axel, on est heureux que ça se soit bien goupillé ». SNSM faites un don reprenait le lead en début d’après-midi devant Seafrigo Sogestran pour creuser toute la fin de journée et la nuit et se retrouver à contrôler la flotte qui louvoie maintenant vers la Corogne pour ses derniers milles.
Axel et Corentin seront les premiers à goûter aux mythiques tapas du Yacht club de la Corogne où les attend un dispositif d’arrivée dans cette TRANSAT CAFE L’OR qui se courra donc en deux étapes pour les petits monocoques.
Les pointages de premiers ne doivent pas faire oublier la queue de flotte encore au Nord du golfe de Gascogne alors que la dépression et son front très marqué frappera dès demain midi à la pointe de l’Espagne. « Nous surveillons de près 7 à 8 bateaux qui n’arriveront pas avant demain midi mais il y a des échappatoires, notamment Gijón dont l’entrée est bien protégée de la houle disait ce matin le directeur de course Francis Le Goff. S’ils naviguent tous en bons marins, ça devrait bien se passer »
ULTIM : Ça s’en va et ça revient
Intraitable au près, une allure où il avait déjà démontré son aisance il y a deux ans, SVR Lazartigue continue de creuser l’écart sur les poursuivants. Au prix de beaucoup de manoeuvres le long du centre de la dépression, il est allé caler un dernier virement en milieu de nuit pour piquer ensuite au Sud du phénomène et accélérer au reaching : « Là, on est à 40 noeuds, c’est super disait Tom Laperche à la vacation. La nuit a été active et on a eu pas mal d’orages en sortant de la dépression. D’un coup, il fait jour tout autour du bateau, c’est impressionnant. Le jour se lève maintenant, il fait grand beau. Après un petit dévent au niveau de Madère, on a ré-accéléré et on doublera les Canaries à midi »
Tout semble fluide lorsqu’on entend la voix posée et unie du jeune skipper mais on veut bien croire que le menu depuis le départ n’a pas laissé beaucoup de répit : « C’est vrai que l’on commence à avoir mal aux bras avec tous les virements. C’est chaque fois 20 à 30 minutes d’efforts à deux. Nous allons profiter des heures qui viennent sur un bord pour rattraper un peu de sommeil »
Le menu météo pas simple depuis le départ a aussi exigé de passer plus de temps qu’avant à la table à cartes et ce n’est pas fini car il va falloir désormais aller chercher « l’alizé profond » comme dit Tom Laperche, qu’il ne faut pas espérer avant la latitude du Cap Vert. « On en a fini avec le plus fort en termes de force de vent mais la route est encore très longue et les écarts sont faibles au regard de nos vitesses. Chacun peut avoir ses petits pépins » En disant celà, le skipper de SVR Lazartigue parle bien entendu de ses poursuivants directs Sodebo Ultim 3 et Actual Ultim 4, respectivement à 65 et 97 milles au pointage de 6 heures, mais il ne faut pas oublier le Maxi Banque Populaire XI qui a rattrapé 80 milles du retard qu’il avait lorsqu’il est reparti de Lorient. En passant dans l’ouest de la dépression qui s’était décalée, Armel Le Cléac’h et Sébastien Josse ont fait un bon coup, et sont à moins de 90 milles derrière Actual Ultim 4. Mais leur problème va être de se réaligner aujourd’hui sans trop perdre et gagner dans l’Est dans du vent qui va faiblir au fil de la journée.
IMOCA : Charal se rebiffe
Toujours dans le bon paquet depuis le départ, le tandem Jérémie Beyou-Morgan Lagravière s’est emparé de la première place hier après-midi, au contournement par le Nord de la dépression. « Dans le médium, on a tiré les bons bords et on allait clairement plus vite ce qui est de bon augure pour les alizés si on les attrape un jour... »
A la vacation ce matin, on retrouvait Jérémie comme on le connait, enthousiaste de se bagarrer au plus haut niveau et un peu bougon de ce parcours qui envoie les IMOCA virer les Canaries où il n’y aura pas grand chose à se mettre sous la dent la nuit prochaine et demain. « Ça va mollir à la mi-journée et on va tomber dans la dorsale qui est en travers de la piste. Je sais pas comment on va la traverser ... Bref, on se serait bien passé d’aller là bas ! »
En attendant ce contournement qui pourrait sonner comme un nouveau départ pour tout le monde, la bataille d’empannages fait rage chez les IMOCA et elle est spécialement belle.
« Ça va vite et il faut trouver les bons angles, les bons dosages. Parfois on barre, mais à plus de 30 noeuds, c’est difficile de rester sur le pont, alors avec Morgan, on affine les réglages de pilote » confiait encore Jérémie. Les milles défilent en tous cas, y compris pour le second paquet dont les IMOCA à dérives qui peuvent tendre leur trajectoire avec le délitement de la dépression orageuse.
Loin dans le golfe de Gascogne en revanche, MSIG Europe et Paprec Arkéa progressent péniblement et risquent de passer de sales heures à partir de demain. Ils ne pourront pas éviter le plus fort du front très marqué de la dépression à 970 hPa, qui va prendre son élan au large des Açores aujourd’hui...
Ocean Fifty : Edenred 5 fait cuicui aux Canaries !
On a sorti ce matin Emmanuel Le Roch de sa sieste mais le skipper d’Edenred 5 avait le sourire ce matin. « Quelle belle journée hier ! On nous avait prévu du vent fort , on s’y était préparé et ça été une journée de rêve ! On avait pour ambition de revenir sur nos copains de Wewise et bien c’ est chose faite ! » Avec un petit décalage dans l’Ouest qui lui a donné un peu plus de pression et un meilleur angle, Edenred V a « déboité » Wewise, profitant aussi de l’aisance du plan Neyhousser dans le medium : « On faisait des pointes à 28-30 noeuds sans jamais être sur le fil. Plusieurs fois depuis le départ avec Basile, on a temporisé, ce qu’on ne faisait jamais en Class40. Mais là, on profite vraiment de belles conditions. La nuit dernière était hyper étoilée avec une mer plate quelques pêcheurs et 8-10 noeuds de vent au près ».
La suite s’annonce moins simple. Les routages envoient les Ocean Fifty slalomer au bord des plages du Sahara occidental et il faudra être très vigilant, notamment au trafic et aux barques de pêche pas toujours éclairées. « La route est longue et sinueuse avant d’aller attraper l’alizé vers le Cap Vert » terminait Emmanuel avant d’aller relayer Basile Bourgnon à la barre de leur trimaran.