Transat Café L'Or : l’odeur de la terre, le goût du large
ULTIM : L’heure des dauphins
Mis à part sans doute Actual Ultim 4 à bord duquel Anthony Marchand et Julien Villion disputaient leur première transat en double, ils étaient tous partis pour gagner dans cette catégorie. Derrière l’amertume, ils diront sans doute la fierté que procure une belle trace à travers l’Atlantique sur ces monstres qui réclament un don physique et mental absolu. Maintenir l’intégrité de ces trimarans après 10 jours menés à 25 noeuds de moyenne réclame aussi un sacré savoir-faire que partagent les huit marins engagés sur cette TRANSAT CAFE L’OR Le Havre Normandie.
Alors que Sodebo Ultim 3 vient de couper la ligne à 7 h 40, Fort de France attend désormais Actual Ultim 4, à encore 300 milles de la Martinique.
Ocean Fifty : Dénouement en fin d’après-midi
Quel sera le deuxième multicoque à remporter la TRANSAT CAFÉ L’OR Le Havre Normandie ?
Hier à la même heure, Viabilis Oceans menait la flotte avec 30 milles d’avance. C’est à peu de choses près son retard ce matin sur Wewise. Que s’est-il passé ? En fin de matinée, (la fin de nuit pour les marins), des grains ont manifestement gêné Baptiste Hulin et Thomas Rouxel, obligés d’empanner quatre fois alors que Pierre Quiroga et Gaston Morvan filaient tout droit en tribord amures. Ces derniers prenaient la tête en début d’après-midi et creusaient leur avance toute le reste de la journée, poussant moins loin leurs bords pour rester entre leur adversaire et la Martinique. « Depuis le Cap Vert, on essaie de naviguer assez centrés avec Gaston, pour se laisser l’opportunité de dégager dans un grain si besoin. Les autres étaient souvent plus loffés que nous et on a grappillé mille après mille en descendant un peu mieux » confiait Pierre Quiroga ce matin à la vacation. La vie n’est pas un long fleuve tranquille non plus pour le tandem leader au large de la Barbade dans une nuit où l’activité est très soutenue : « Cette nuit c’est l’enfer avec des grains très forts. C’est stressant pour le classement mais aussi pour la sécurité. Ce n’est pas parce qu’il fait chaud qu’un trimaran ne chavire pas ! » ajoutait le skipper.
Wewise qui avait déjà mené la course du Havre jusqu’aux Canaries est donc le mieux placé pour l’emporter mais le match risque d’être serré jusqu’au bout : « Je ne l’espère pas, mais ça peut très bien finir en match race dans la baie de Fort de France. Tout est possible, on est tous très fatigués. Cette transat est déjà très positive et on a envie de terminer de la meilleur des manières ».
Verdict autour de 16 heures françaises entre le rocher du diamant et Fort de France.
IMOCA : Charal impérial
Charal continue de creuser son avance et contrôle désormais totalement la partie qui pourrait se terminer en milieu de nuit prochaine. Petit résumé d’une traversée express : Jérémie Beyou et Morgan Lagravière ont doublé 11th Hour Racing dans la nuit du 2 au 3 novembre à mi-chemin entre les Canaries et le Cap Vert, au moment d’obliquer franchement vers les Antilles pour prendre la tête. Ils ont conservé une avance réduite jusqu’au 4 novembre dans un match très indécis avec le retour de Macif Santé Prévoyance. Sam Goodchild et Lois Berrehar n’étaient encore qu’à 25 milles derrière les leaders il y a 48 heures. Depuis, Charal n’a fait qu’accroitre son écart et contrôle ce matin la course avec 112 milles d’avance à moins de 500 milles du but. « Tout se passe bien. Toute la journée d’hier, l’alizé était très stable, la mer un peu croisée mais là, elle s’est bien rangée et ça déroule. On suit notre trajectoire. On attaque la journée tant qu’on y voit clair et la nuit, on essaie de caler notre vitesse sur celles de nos poursuivants » disait Jérémie la voix enrouée mais les idées claires ce matin à la vacation. Une stratégie qui paye avec la à la clef la récompense des efforts investis : « On travaille beaucoup depuis trois jours avec Morgan. Lorsqu’on se croise, il y a les échanges factuels et un ou deux sourires, pas plus. Nous sommes dans notre bulle ! » ajoutait Jérémie qui avouait ne rien avoir suivi de l’arrivée de SVR Lazartigue cette nuit. « On regarde juste la trajectoire d’Actual pour voir le vent qu’il a car il n’est pas loin devant, mais pour le reste, on n’a rien suivi de la course dans les autres classes » Une concentration et une soif de vaincre qui devrait payer en Martinique. Ce serait la deuxième victoire pour Jérémie dans la Route du Café (première aux côtés de Jean-Pierre Dick en 2011) et la troisième consécutive pour Morgan Lagravière !
Class40 : La météo ne fait pas de cadeau, SNSM Faites un don non plus !
Ils souffrent les petits monocoques de la TRANSAT CAFE L’OR Le Havre Normandie. Cinq bateaux ont abandonné, deux font route vers les côtes européennes et plusieurs autres bricolent ce qui est réparable après 72 heures bien chahutées, pour continuer à faire route.
Pour les commentateurs, l’exercice auquel se livrent les Class40 n’en est pas moins passionnant. Avec l’Atlantique grand ouvert ou presque au départ de la Corogne, c’est une belle leçon de stratégie océanique que donnent les marins. Un groupe de de huit bateaux est parti avec piolets et crampons sur la route la plus Nord possible autorisée par la Direction de course qui a été bien inspirée de maintenir un way-point à laisser à tribord aux Açores.
Emmenés par SNSM Faites un don, ce groupe franchit en ce moment son troisième front ce qui explique sans doute le silence radio ce matin. Ils pourraient plonger ensuite quasiment sur la route directe vers les Antilles dans un flux de Nord-ouest sur son arrière. Comme au bon vieux temps des routes Nord et Sud, le gros des troupes emmené ce matin par Seafrigo Sogestran a d’abord accéléré loin de la route directe dans le bas des fronts et se retrouve depuis hier à traverser une dorsale sous laquelle ils peuvent commencer à rêver d’une amorce d’alizé.
Dispersée de plus de 600 milles en latéral, l’écart entre les leaders des deux groupes est de 300 milles ce matin. SNSM Faites un Don est donc toujours le solide leader de cette course. Avant de se projeter sur le résultat du match Nord-Sud qui pourrait mettre près d’une semaine à se décanter, le tandem Corentin Douguet-Axel Tréhin tient en respect un groupe de quatre bateaux qui va de Legallais (Fabien Delahaye-Pierre Leboucher) à TrimControl (Alexandre Le Gallais-Michel Desjoyeaux). Ces cinq là se tiennent en un peu plus de 60 milles. Au Sud, Guillaume Pirouelle et Cédric Château (Seafrigo-Sogestran) ont pris un léger avantage sur Amarris (Achille Nebout-Gildas Mahé) et Bleu Blanc Planètre Location (Quentin Le Nabour-Thierry Chabagny)
Autant dire qu’entre les 30-35 noeuds que subissent les leaders au Sud d’Horta et le filet de vent portant du groupe qui fait route sur les Canaries et a déjà fait tomber bottes et cirés, le contraste météo est total.