
Les mots d’Alexia :
"La première nuit, vous savez, c'est une nuit où la mer vous parle plus fort que la radio. On ne sait plus très bien si c'est le vent qui souffle ou si c'est vous qui respirez trop fort, ou peut-être mon cœur qui bat encore trop fort. La lune était là, grande dame bienveillante qui nous éclaire sans juger, et j'avais l'impression qu'elle nous disait « Allez, avancez, je suis là, je surveille ». Et puis les étoiles, elles, elles ne disent rien, mais elles regardent et elles nous guident.
Et parfois j'ai l'impression qu'elles connaissent la route mieux que nous. C'est sans doute vrai. On était encore un peu secouées cette nuit par les émotions du départ, les embrassades trop serrées, les encouragements trop beaux, les souvenirs encore chauds et fatigués aussi.
La semaine avait été longue, pleine de petites choses à régler, comme avant un grand voyage. La mer, elle n'avait rien oublié, elle nous attendait, énorme, puissante, vivante. Et entre deux vagues énormes, on s'est rapproché un peu trop, pour moi, du phare de Créach, mais c'est passé, comme si le bateau lui-même voulait dire au revoir à Ouessant.
Et puis nous voilà au cap Finistère. C'est le bout du monde, la mer s'est calmée, le vent aussi. On a pris notre rythme à bord.
Ça grondait très fort depuis le départ, comme des gros chiens, trop contents de jouer, et du vent qui nous arrachait l'idée de la tête. Et avec tout ça, on a juste cassé une petite poulie, donc ça va. L'équipage, on a vu des ventres encore noués du stress, des mâchoires serrées du départ, et puis petit à petit, à force, d'avancer, et du sel, le rire lâché sans prévenir, le rythme revient, le sourire aussi, la camaraderie.
En gros, on se remet à faire ce qu'on sait faire, avancer ensemble, comme une bande, comme une famille improvisée, qui traverse la nuit, parce qu'au fond, c'est là qu'on se sent mieux. ( Voilà notre première nuit, un peu folle, un peu immense, mais c'est tellement beau!"
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