Paddle en eau douce : un autre voyage sur l’eau est possible

Glisse

De plus en plus de plaisanciers troquent la houle pour les courants intérieurs. Sur les grands fleuves comme sur les rivières plus confidentielles, le stand up paddle devient une vraie manière de naviguer, entre micro-aventure, glisse et exploration. Matériel, technique, sécurité : le SUP en rivière peut-il vraiment rivaliser avec le paddle en mer, et constitue-t-il une alternative crédible aux autres navigations fluviales ?

De plus en plus de plaisanciers troquent la houle pour les courants intérieurs. Sur les grands fleuves comme sur les rivières plus confidentielles, le stand up paddle devient une vraie manière de naviguer, entre micro-aventure, glisse et exploration. Matériel, technique, sécurité : le SUP en rivière peut-il vraiment rivaliser avec le paddle en mer, et constitue-t-il une alternative crédible aux autres navigations fluviales ?

Longtemps cantonné aux plages, le stand up paddle s’impose désormais au cœur même des terres. En Europe, le secteur progresse de près de 6 % par an depuis 2023, porté par l’essor des pratiques nautiques légères et la recherche d’expériences accessibles. En France, la tendance est encore plus visible : les loueurs signalent une hausse marquée des réservations, avec une pratique qui migre progressivement vers les rivières et les grands fleuves. Loire, Dordogne, Allier, Ardèche : ces terrains de jeu s’inscrivent dans la logique des micro-aventures qui séduisent les plaisanciers entre deux navigations en mer.

Pour ceux qui vivent la mer au quotidien ou à la belle saison, l’usage du paddle en rivière ne relève pas du simple dérivatif. Il offre une continuité de navigation, un moyen de rester « sur l’eau » même loin de la côte. La différence majeure vient de la lecture du milieu. Sur une rivière, le navigateur en paddle scrute les variations de courant, les zones de turbulence sous les ponts, les cailloux affleurants. Debout, il gagne une vision que n’offrent ni un kayak chargé ni une annexe ou une petite embarcation à rame ou à moteur. Les témoignages des pratiquants engagés dans de longues descentes - comme les 210 kilomètres de Dordogne réalisés en cinq jours entre Argentat et Bergerac - décrivent tous ce rapport direct avec la rivière, mélange de randonnée et de navigation lente.

En termes de performance pure, la comparaison avec les embarcations fluviales traditionnelles mérite d’être nuancée. Un paddle de randonnée avance à 3 à 5 km/h, rythme proche de celui d’un kayak. Sur une journée, parcourir 15 à 25 kilomètres reste réaliste, à condition d’être correctement équipé et préparé. La limitation principale vient du volume d’emport et de l’impossibilité de remonter durablement à contre-courant. Le SUP en rivière n’a pas vocation à remplacer un bateau fluvial ; il propose plutôt une autre façon de voyager, plus légère et plus épurée.

Les enjeux de sécurité diffèrent nettement de la mer. Là où le leash est indispensable en milieu côtier ou sur plan d’eau fermé, il devient un facteur potentiel de risque en rivière dès qu’il y a du courant. Le ministère des Sports le rappelle : sur un fleuve, la lanière qui vous relie à la planche peut coincer un pratiquant sous un obstacle...

Gilet d’aide à la flottabilité, chaussures fermées, vigilance accrue et maîtrise du largage rapide deviennent indispensables. Les rivières imposent aussi une lecture hydrologique précise : niveaux, débits, seuils, barrages, zones réglementées. Le pratiquant en paddle doit conjuguer météo classique - pour laquelle METEO CONSULT reste un réflexe évident - et données de niveau pour anticiper les conditions du parcours.

Le matériel évolue lui aussi. Si les planches polyvalentes conviennent aux balades simples, la pratique en rivière demande un aileron plus court, parfois multiple ou amovible, pour éviter les chocs sur les galets. Les modèles dédiés à l’eau vive adoptent un rocker prononcé et de nombreuses poignées, pour faciliter les remontées à bord en cas de chute. La combinaison néoprène légère, voire un casque sur les sections les plus engagées, complète l’équipement des pratiquants expérimentés. Pour un plaisancier déjà habitué au paddle en mer, l’adaptation est simple : seules quelques spécificités techniques viennent s’ajouter.

La différence se fait souvent dans la préparation. Sur la Loire ou la Dordogne, l’offre encadrée s’est professionnalisée : navettes organisées, repérage des zones de bivouac, briefings de sécurité, itinéraires adaptés au niveau de chacun. Pour les autonomes, la logistique étrangère à la mer peut surprendre : pas de « plan B » d’abri immédiat, ni de refuge derrière une jetée naturelle ou pas. Une fois engagé sur la rivière, il faut rejoindre le point de sortie suivant, parfois à plusieurs heures de distance.

Reste la question centrale : le paddle en rivière est-il aussi intéressant que le paddle en mer ? Sur la glisse pure, la mer conserve son avantage, notamment lorsque le vent et le courant vous portent, ou lors des sessions matinales sur une légère houle... Mais côté voyage, la rivière rivalise sans peine. Les vallées encaissées, les méandres isolés, les villages perchés et les berges sauvages offrent une richesse que l’on ne rencontre pas toujours à proximité immédiate des côtes. Beaucoup de plaisanciers le reconnaissent : le SUP en rivière complète parfaitement une saison de navigation maritime. Il entretient la lecture de l’eau, l’équilibre et l’endurance, tout en ouvrant un champ d’exploration différent.

Au final, le paddle en rivière n’est ni un concurrent de la mer ni un substitut aux embarcations fluviales. C’est une pratique à part entière, exigeante, accessible et riche en sensations. Une navigation lente, attentive, qui réconcilie glisse, observation et voyage. Pour les plaisanciers en quête de nouvelles expériences sur l’eau, elle constitue aujourd’hui l’une des alternatives les plus crédibles et les plus stimulantes.

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Nathalie Moreau
Nathalie Moreau
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Nathalie Moreau est l’atout voyage et évasion de l’équipe, elle est passionnée de croisières et de destinations nautiques. En charge du planning rédactionnel du site figaronautisme.com et des réseaux sociaux, Nathalie suit de très près l’actualité et rédige chaque jour des news et des articles pour nous dépayser et nous faire rêver aux quatre coins du monde. Avide de découvertes, vous la croiserez sur tous les salons nautiques et de voyages en quête de nouveaux sujets.
Gilles Chiorri
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Gilles Chiorri
Associant une formation d’officier C1 de la marine marchande et un MBA d’HEC, Gilles Chiorri a sillonné tous les océans lors de nombreuses courses au large ou records, dont une victoire à la Mini Transat, détenteur du Trophée Jules Verne en 2002 à bord d’Orange, et une 2ème place à La Solitaire du Figaro la même année. Il a ensuite contribué à l’organisation de nombreux évènements, comme la Coupe de l’America, les Extreme Sailing Series et des courses océaniques dont la Route du Rhum et la Solitaire du Figaro (directeur de course), la Volvo Ocean Race (team manager). Sa connaissance du monde maritime et son réseau à l’international lui donnent une bonne compréhension du milieu qui nous passionne.
Il collabore avec les équipes de METEO CONSULT et Figaro Nautisme depuis plus de 20 ans.
Sophie Savant-Ros
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Sophie Savant-Ros
Sophie Savant-Ros, architecte de formation et co-fondatrice de METEO CONSULT est entre autres, directrice de l’édition des « Bloc Marine » et du site Figaronautisme.com.
Sophie est passionnée de photographie, elle ne se déplace jamais sans son appareil photo et privilégie les photos de paysages marins. Elle a publié deux ouvrages consacrés à l’Ile de Porquerolles et photographie les côtes pour enrichir les « Guides Escales » de Figaro Nautisme.
Albert Brel
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Albert Brel, parallèlement à une carrière au CNRS, s’est toujours intéressé à l’équipement nautique. Depuis de nombreuses années, il collabore à des revues nautiques européennes dans lesquelles il écrit des articles techniques et rend compte des comparatifs effectués sur les divers équipements. De plus, il est l’auteur de nombreux ouvrages spécialisés qui vont de la cartographie électronique aux bateaux d’occasion et qui décrivent non seulement l’évolution des technologies, mais proposent aussi des solutions pour les mettre en application à bord des bateaux.
Jean-Christophe Guillaumin
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Jean-Christophe Guillaumin
Journaliste, photographe et auteur spécialisé dans le nautisme et l’environnement, Jean-Christophe Guillaumin est passionné de voyages et de bateaux. Il a réussi à faire matcher ses passions en découvrant le monde en bateau et en le faisant découvrir à ses lecteurs. De ses nombreuses navigations il a ramené une certitude : les océans offrent un terrain de jeu fabuleux mais aussi très fragile et aujourd’hui en danger. Fort d’une carrière riche en reportages et articles techniques, il a su se distinguer par sa capacité à vulgariser des sujets complexes tout en offrant une expertise pointue. À travers ses contributions régulières à Figaro Nautisme, il éclaire les plaisanciers, amateurs ou aguerris, sur les dernières tendances, innovations technologiques, et défis liés à la navigation. Que ce soit pour analyser les performances d’un voilier, explorer l’histoire ou décortiquer les subtilités de la course au large, il aborde chaque sujet avec le souci du détail et un regard expert.
Charlotte Lacroix
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Charlotte est une véritable globe-trotteuse ! Très jeune, elle a vécu aux quatre coins du monde et a pris goût à la découverte du monde et à l'évasion. Tantôt à pied, en kayak, en paddle, à voile ou à moteur, elle aime partir à la découverte de paradis méconnus. Elle collabore avec Figaro Nautisme au fil de l'eau et de ses coups de cœur.
Max Billac
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Max est tombé dedans quand il était petit ! Il a beaucoup navigué avec ses parents, aussi bien en voilier qu'en bateau moteur le long des côtes européennes mais pas que ! Avec quelques transatlantiques à son actif, il se passionne pour le monde du nautisme sous toutes ses formes. Il aime analyser le monde qui l'entoure et collabore avec Figaro Nautisme régulièrement.
Denis Chabassière
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Naviguant depuis son plus jeune âge que ce soit en croisière, en course, au large, en régate, des deux côtés de l’Atlantique, en Manche comme en Méditerranée, Denis, quittant la radiologie rochelaise en 2017, a effectué avec sa femme à bord de PretAixte leur 42 pieds une circumnavigation par Panama et Cape Town. Il ne lui déplait pas non plus de naviguer dans le temps avec une prédilection pour la marine d’Empire, celle de Trafalgar …
Michel Ulrich
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Après une carrière internationale d’ingénieur, Michel Ulrich navigue maintenant en plaisance sur son TARGA 35+ le long de la côte atlantique. Par ailleurs, il ne rate pas une occasion d’embarquer sur des navires de charge, de travail ou de services maritimes. Il nous fait partager des expériences d’expédition maritime hors du commun.
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METEO CONSULT est un bureau d'études météorologiques opérationnel, qui assiste ses clients depuis plus de 30 ans. Les services de METEO CONSULT reposent sur une équipe scientifique de haut niveau et des moyens techniques de pointe. Son expertise en météo marine est reconnue et ses prévisionnistes accompagnent les plaisanciers, les capitaines de port et les organisateurs de courses au large depuis ses origines : Route du Rhum, Transat en double, Solitaire du Figaro…
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Titulaire d'un doctorat en Climatologie-Environnement, Cyrille est notre expert METEO CONSULT. Après avoir enseigné la climatologie et la géographie à l'université, il devient l'un des météorologues historiques de La Chaîne Météo en intégrant l'équipe en 2000. Spécialiste de la météo marine, il intervient également en tant qu'expert météo marine pour des courses de renommée mondiale, comme la Route du Rhum, la Solitaire du Figaro, la Transat Paprec...
Irwin Sonigo
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Capitaine 200 et ancien embarqué dans la Marine nationale, Irwin Sonigo a exploré toutes les facettes de la navigation. Des premiers bords sur un cotre aurique de 1932 à la grande plaisance sur la Côte d’Azur, en passant par les catamarans de Polynésie, les voiliers des Antilles ou plusieurs transatlantiques, il a tout expérimenté. Il participe à la construction d’Open 60 en Nouvelle-Zélande et embarque comme boat pilote lors de la 32e America’s Cup. Aujourd’hui, il met cette riche expérience au service de Figaro Nautisme, où il signe des essais et reportages ancrés dans le réel.