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Traditionnellement, Nautitech construit des voiliers multicoques destinés à un public averti pour un programme de longues croisières. Mais ses clients sont de plus en plus internationaux et de moins en moins marins. Le chantier a choisi de s'adapter.
Nautitech est une entreprise qui se porte bien. Pour soutenir une stratégie offensive, elle a investi trois millions d’euros sur deux ans et elle recrute actuellement 25 nouveaux salariés. Mais la crise a obligé le chantier à se repositionner. « Avec la crise, notre marché traditionnel - la Grèce, l’Italie et l’Espagne qui représentaient 40 % du marché en 2007 – s’est écroulé », explique le PDG Bruno Voisard. Nautitech s’est donc positionné sur le grand export en investissant 34 pays et en signant ses derniers accords de distribution avec la Turquie, l’Australie, le Brésil et la Corée. Le chantier a réalisé 80% de son chiffre d’affaires à l’export pour la saison 2012-2013.
C’est également le premier constructeur français à avoir vendu un catamaran à la Chine, en 2005. Mais ces nouveaux plaisanciers du grand export ne cherchent pas forcément à larguer les amarres. « En Chine, les clients achètent un statut avant tout », confirme le patron, Bruno Voisard. Difficile donc de vanter à un tel prospect les subtilités du rail d’écoute ou de la table à cartes. Or c’est l’ADN même des voiliers Nautitech : 70% des propriétaires des 500 unités en service ont conçu un programme de grande croisière. L'entreprise a donc décidé de faire le grand écart entre la modularité des aménagements intérieurs pour séduire à l’autre bout du monde - « au risque de faire hurler nos habitués », admet Bruno Voisard - et les qualités maritimes indispensables pour le chantier. D'autant que Nautitech poursuit depuis plusieurs années un autre challenge: séduire les anciens propriétaires de yachts à moteurs tentés par les économies. « Lorsque l’on parle d’un coût de 3.000 euros de carburant pour un aller-retour Antibes-Corse, contre une trentaine d’euros à la voile, les chiffres interpellent », insiste Bruno Voisard. Le chantier français a donc compris qu’il fallait jouer sur les deux tableaux.
Deux nouveaux modèles pour tous
Les réflexions stratégiques nées de la crise financière commencent à porter leurs fruits avec les nouveaux modèles. Le Nautitech 542 dispose d'une version X.O destinée aux marchés asiatiques avec une table à carte réduite à portion congrue et de grands espaces de réception. Le carré est un espace aménagé sur-mesure. Ainsi, sur les neuf premiers Nautitech 542, huit unités disposent d'une cuisine et d'un carré différent. Le Nautitech 541 Fly a également été pensé pour le grand export, vers le Brésil, l'Inde ou la Turquie, avec un salon sur le roof. L'élément le plus clivant pour la clientèle traditionnelle. Avec l'Open 40, qui sera présenté pour la première fois au public au Salon du multicoque de la Grande Motte, en avril prochain, Nautitech pousse encore plus loin le concept de modularité en proposant une redistribution complète des espaces intérieurs et extérieurs. Le carré et le cockpit se fondent en un seul open space grâce à un système de vitrage et de baie coulissante. L'Open 40 a su conserver sa première cible, les amoureux du large : les premières ventes à des clients privés se partagent à parts égales entre des programmes de voyage en zone Caraïbes et de navigation en Europe du Nord