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Un voilier laboratoire 100 % innovant a été lancé cette année par 17 entreprises et 5 centres de recherche. C’est un nouveau pas pour l’utilisation des écotechnologies.
Le projet est à la fois utopiste et solidement construit. 17 entreprises et 5 centres de recherche se sont associés pour mettre en place un voilier laboratoire des éco-matériaux et écotechnologies du nautisme. « Pour chaque étape ou brique du chantier, nous avons un partenariat recherche et entreprise qui nous permet de développer nos connaissances, pour une plus grande maîtrise des matériaux, puis de transférer ces compétences au sein d’une entreprise, nous explique le chercheur breton Gwenaël Le Maguer. L’idée est d’engager une réflexion de fond sur les bateaux de plaisance de demain et le potentiel économique de la dimension écologique. Gwenaël Le Maguer travaille ainsi sur les matériaux recyclables et bio-sourcés. Le jeune homme travaille sur les matériaux recyclables, biodégradables et bio-sourcés. « Nous avons comme mission de concevoir les aménagements intérieurs du bateau. Nous allons aussi travailler sur la coque mais il n’est pas forcément réaliste, dans le temps imparti, de prévoir une coque entièrement bio-sourcée. » Un quinzaine de partenariats, ou briques, ont été élaborés autour de l’électronique embarqué, pour optimiser la gestion de l’énergie à bord, ou encore du développement d’un antifooling biodégradable. Le projet, porté par Catherine Chabaud et Julian Stone, doit rassembler ces différents acteurs de la façade atlantique pendant six ans. Après sa mise à l’eau, le voilier du futur assumera son rôle d’ambassadeur du développement durable maritime à travers des missions scientifiques, des actions de sensibilisation et des actions de promotion de l’éco-innovation française.
La troisième marche de l’éco-innovation
Tout a commencé en Bretagne avec le Navecomat, labellisé en novembre 2006. Le projet avait pour ambition de proposer au nautisme des réponses aux questions d’élimination, en fin de vie, des bateaux en plastique et composites traditionnels. « Il a pris la forme d’un kayak conçu en pommes de terre et en lin, pour faire simple », présente Gwenaël Le Maguer. Les fibres de lin remplacent les fibres de verre, avec un tissage à froid contrairement à la méthode habituelle. « Cet exemplaire unique de cinq mètres est une première mondiale », insiste le chercheur. Lors de sa construction, le fossé entre la recherche et l’industrie était très élevé. « Nous avons conçu des matériaux uniquement pour cet usage et nous étions loin des procédés de transformation industrielle», précise-t-il. Alors que la deuxième marche de l’éco-innovation, le voilier Gwalaz, est issue du processus industriel de Tricat. Ce trimaran de sept mètres est né de l’imagination de trois surfeurs bretons et de l’union du chantier nautique, de l’écurie de course au large de Roland Jourdain, de l’Ifremer et de l’Université de Bretagne Sud. Son tour de Bretagne, l’été dernier, est venu concrétiser trois années de recherches et développement sur les composites développés avec de la fibre de lin, du liège, du balsa et des résines partiellement bio-sourcées à partir du colza. Le bateau navigue actuellement aux îles Salomon. « Le projet est parti du processus industriel de Tricat en changeant les matières », résume Gwenaël. La seconde marche était donc plus réaliste en matière de développement industriel et moins ambitieuse sur les matériaux bio-sourcés. La troisième marche, celle du Voilier du Futur, se veut ambitieuse sur ces deux facettes.