
Après la détection de deux objets dans le sud de l’océan Indien par les autorités australiennes, c’est une difficile phase de recherche qui commence dans les eaux glacées du sud de l'océan Indien.
Les recherches ont repris ce vendredi matin dans le sud de l’océan Indien, à la recherche d’objets flottants repérés par images satellitaires et qui pourraient être des débris du vol MH370 disparu il y a treize jours. Cette piste dévoilée jeudi a été qualifiée de « nouvelle et crédible » par le Premier ministre australien Tony Abbott et le responsable de l’Autorité australienne de sécurité maritime a ajouté que cette piste était « probablement la meilleure que nous ayons pour le moment ». Les objets détectés sur les images satellitaires datant de dimanche sont « d’une taille certaine, probablement dans l’eau, plongeant sous la surface et remontant ». Le plus grand des deux mesure 24 mètres (l’envergure d’un Boeing 777-200ER est de 60.90 mètres). Il pourrait s’agir d’une aile d'avion maintenue à la surface par les réservoirs remplis d’air, et non de carburant, après plusieurs heures de vol . Un dispositif de recherche a donc été lancé ce jeudi à 2.300 kilomètres au sud-ouest de la ville australienne de Perth. Les investigations dans le corridor nord, du nord de la Thaïlande à l’Asie centrale, autre chemin qu'aurait pu prendre le Boeing 777 après son changement de cap, sont menées en parallèle.
La météo complique les premières heures de recherche
Les deux objets ont été repérés dans une zone peu fréquentée par les bateaux. Le premier navire détourné sur zone fut un navire marchand norvégien qui ralliait Madagascar à Melbourne. Il est arrivé sur place peu avant 21 heures ce jeudi (midi en France). Le Britannique HMS Echo, spécialisé dans les opérations de recherche, et un avion militaire Orion, ont rapidement complété ce premier dispositif. L’objectif est de retrouver au plus vite les deux objets repérés par satellite pour vérifier leur provenance. Mais les premières heures de ces recherches ont été compliquées par les conditions météorologiques délicates sous un front de nord-ouest chaud et humide, provoquant des pluies et une mauvaise visibilité. Les recherches ont pris fin vers 23 heures (14 heures en France) et elles ont repris au petit jour ce vendredi. Heureusement la situation s’est améliorée avec l’orientation du vent de force 5 à 6 au secteur sud dans la nuit. L’air est plus froid, mais aussi plus clair et sec, et une houle de 3 à 4 mètres, assez longue, agite la surface. Les images des satellites montrent que les gros objets flottants étaient partiellement recouverts par les vagues ce dimanche.
Mais après l’amélioration des conditions météorologiques, il reste une autre difficulté de taille : la zone est tellement isolée que chaque appareil ne peut effectuer que deux heures d’observation sur place avant de rejoindre la terre. Cinq avions, venus d'Australie, de Nouvelle-Zélande et des Etats-Unis ont été mobilisés.
Une vaste étendue d’eau glacée
Les experts vont maintenant chercher à réduire la zone de recherche – actuellement estimée à 23.000 km2 – grâce à l’étude des courants. Pour le ministre australien de la Défense, David Johnston, c'est un "cauchemar logistique". "Nous sommes dans une région parmi les plus isolées de la planète. En fait, on peut difficilement faire plus isolé", a-t-il dit à la télévision australienne. "C’est une zone maritime qui peut être incroyablement dure et difficile, très venteuses avec des courants forts, mais elle peut tout autant être calme", souligne David Gallo, directeur des opérations spéciales de la Woods Hole Oceanographic Institution (WHOI) à Falmouth, dans le Massachusetts. "La zone de recherche est en bordure des 40e rugissants donc la mer n’est jamais calme mais les passages anticycloniques sont fréquents à cette période de l’année", résume Eric Mas, directeur de l’information météo chez Météo Consult. Cependant, les conditions vont empirer au fil des jours avec l'avancée de l'automne et le renforcement saisonnier des vents.
En surface, « le tapis roulant » qui tourne autour de la terre d’ouest en est reste, à ces latitudes, un courant modéré d’environ un nœud. Mais il faut aussi prendre en compte la dérive potentielle de l’épave avec les courants sous-marins.
Après le crash de l’A330 Rio-Paris, les modélisations de courants pour calculer les dérives avaient duré plusieurs mois et la zone avait finalement été restreinte 2.000 km2. Pour sélectionner les outils de recherche les plus adaptés il faut aussi déterminer la nature des fonds marins. Des experts océanographes, très prudents devant cette piste encore récente, évoquent une plaine abyssale au niveau des deux objets repérés par satellite. Il n’y aurait donc pas de fosse dans ce secteur du sud de l’océan Indien. La profondeur de l’eau est estimée entre 2.500 et 4.000 mètres. Des premiers indices rassurants, sachant que les boîtes noires résistent à une pression sous-marine de 6.000 mètres. Selon les premières informations recueillies, le relief serait moins accidenté au niveau des deux objets repérés par satellite que sur la zone de recherche du vol Rio-Paris. Les sonars pourraient donc être plus efficaces sur cette zone.