
Dans dix jours, Emilia Holé finira ses études de commerce et prendra les commandes de son navire, un élégant voilier construit en 1914. D'ici là, elle passe trois jours par semaine sur les quais de Granville, à le briquer et à le poncer.
Tout s’est passé très vite. Il y a un mois et demi, Emilia Holé, étudiante en licence de commerce à la Rouen Business School, apprend la mise en vente du Lys Noir, un yacht construit à la veille de la première guerre mondiale. La jeune femme est une habituée des quais de Granville où ses parents sont armateurs. « Je n’avais pas imaginé acquérir un tel voilier mais quand j’ai appris sa mise en vente, je me suis dit que c’était une opportunité à saisir ». Ni une, ni deux, la jeune femme dépose une offre d’achat. « Mais une première personne l’a acheté avant moi, explique Emilia Holé. J’étais très déçue car je commençais déjà à faire des projets. Cependant, ce premier propriétaire a dû renoncer à la vente. » La jeune femme prend donc possession du navire après avoir conclu un prêt échelonné sur dix ans à la banque. « Mon banquier a trouvé qu’il s’agissait d’un bon projet. » A Rouen, ses copains de promotion sont plus surpris. « Ils ont été étonnés par la rapidité de cet achat », précise-t-elle. La jeune femme n'avait pas évoqué son projet avant de signer.
Briquer, poncer et organiser
Emilia Holé passe quatre jours par semaine à Rouen, où ses partiels de fin d’études approchent, et trois jours au chevet du Lys Noir qu’elle bichonne. « Lorsque je suis montée à bord la première fois, j’ai commencé par le nettoyer, le briquer, le poncer. » Son compagnon et plusieurs amis sont rapidement arrivés en renfort. Il faut préparer cette vieille dame du large pour sa première saison, en baie du Mont-Saint-Michel, à Chausey et vers les îles Anglo-normandes. « J’ai embauché un skipper, précise Emilia Holé. De mon côté, je me consacrerai à la communication et à la gestion. Mais je souhaite également être formée à la navigation. » La jeune femme n’a encore jamais navigué sur le Lys Noir mais elle évoque cet achat avec une certaine évidence, comme la suite logique d’une enfance sur les quais normands et bretons, de rassemblements de vieux gréements en fêtes maritimes. « J’aime beaucoup les bateaux avec une histoire. C’est un certain cadre, une atmosphère, beaucoup de charme… », énumère-t-elle. Avec le Lys Noir, elle s’inscrit dans une longue histoire commencée en 1914, selon les souhaits d’un riche prince allemand. Un premier propriétaire qui verra la première guerre mondiale s’interposer entre lui et son dernier projet. Le Lys Noir est l’un des rares voiliers créé pour la plaisance, en yacht de luxe, et toujours en navigation. Il accueillera dès ce printemps des sorties à la journée ou au week-end, pour les particuliers comme les entreprises. La nouvelle propriétaire précise que les bénévoles, qui ont veillé sur le Lys Noir ces dernières années, sont les bienvenus au sein de sa nouvelle structure.
LIRE AUSSI: