
EN IMAGES - Chaque été, l’arrivée des vacanciers sur les plages coïncide avec le débarquement de créatures bien plus mollassonnes, composées à plus de 90% d’eau. Les colonies de méduses, à la brûlure parfois cuisante, se laissent dériver au gré des courants marins. Portraits de ces squatteurs estivaux.
On compte environ mille espèces de méduses dans toutes les mers, de la surface aux abysses, en eau salée mais aussi, plus rarement, en eau douce. Elles mesurent de quelques dixièmes de millimètre à plus de deux mètres pour les méduses à crinière de lion qui s’échouent parfois sur les plages australiennes ou japonaises. Mais les espèces des côtes françaises sont beaucoup moins extrêmes et en grande majorité peu urticantes. La plus grosse menace pour les baigneurs reste la Pelagia Noctulica.
La plus crainte: la Pelagia Noctulica
Sans doute l'avez-vous déjà rencontrée en vous baignant en Méditerranée. Elle arrive sur nos côtés, poussée par les vents d'est et donne depuis plusieurs années du fil à retordre à nombre de stations balnéaires en Méditerranée, qui organisent des ramassages et installent des filets anti-méduses dans les zones de baignade. Les mauvais jours font flotter des drapeaux à leur effigie sur les plages pour prévenir les baigneurs. Des programmes de réintroduction de tortues ont même été lancés pour tenter de réguler les invasions…
Alors rien de tel que d’avoir un masque et un tuba pour se baigner en toute sérénité : une surveillance circulaire et régulière de la surface vous permet de voir de loin l’apparition d’une méduse, de repérer l’orientation de son ombrelle et de prévoir la position et le sens de ses tentacules.
Pour la reconnaître, sachez que son ombrelle dépasse rarement les 15 centimètres. Par contre, ses huit tentacules armés peuvent, par extension, mesurer jusqu’à 10 mètres. Très fins et translucides, ils sont difficiles à distinguer.
Les piqures de la plus dangereuse des méduses françaises provoquent des brûlures pouvant laisser des marques persistantes. Elles sont susceptibles d'entraîner des vomissements, voire des malaises. La blessure, le plus souvent bénigne, peine à cicatriser. Des contacts répétés peuvent entraîner de sérieuses allergies.
On trouve la pélagie aussi bien en bord de côtes que plus au large. Le réchauffement de la Méditerranée, dont la température ne descend plus en dessous de 14 °C depuis plusieurs années, fait craindre à la communauté scientifique une prolifération permanente de la méduse, connue jusqu’alors pour pulluler de manière cyclique. D'autant qu’elle est un carnivore insatiable, friande de larves et d'œufs de poissons, et une reproductrice efficace, capable de pondre des millions d'œufs en quelques mois.
En cas de brûlure, n’utilisez pas d’eau douce. Préférez l’eau de mer pour vous débarrasser des cellules urticantes projetées par la méduse et n’ayant pas encore libéré leur venin. Il s'agit ensuite de recouvrir la partie brûlée de sable ou de talc puis de désinfecter et assécher les petites cloques. Avant la dernière étape: la crème à base de cortisone.
Très dangereuse mais exceptionnelle: La physalie ou galère portugaise d’Atlantique (Physalia physalis)
Attention, danger. La physalie traîne derrière elle ses tentacules très urticants, longs parfois de plusieurs dizaines de mètres. Sa piqûre inflige surtout de sérieuses lésions cutanées, mais elle peut être mortelle (la douleur est si vive que le cœur peut lâcher). Rarement amenée jusqu’à nos côtes par le Gulf Stream (son signalement en Atlantique et en Manche est surtout le fait d’échouages accidentels), elle préfère les eaux chaudes de Floride, des Bahamas ou des Caraïbes. De 10 à 20 cm, son flotteur violacé se trouve au-dessus de la surface : gonflé, il sert de voile, dégonflé, elle plonge complètement.
Fréquente mais sans danger: La méduse œuf au plat (Cotylorhiza tuberculata)
Elle est très peu urticante et inoffensive pour l’homme. Présente dans tout le bassin méditerranéen, la méduse œuf au plat se rencontre fréquemment près du rivage en été, proche de la surface. Ses courts tentacules sont terminés par de petits boutons violets. Son ombrelle plane, relevée au centre, peut mesurer jusqu’à 40 cm de diamètre.
La reine des aquariums: L’aurélie ou méduse lune (Aurelia aurita)
Très peu à craindre de la douce Aurélie, une méduse commune que l’on rencontre à proximité de la surface, dans toutes les mers du globe. Sa piqûre est diversement ressentie mais le plus souvent indolore. Elle est identifiable à ses quatre organes sexuels en forme de fer à cheval (de couleur blanche ou jaune chez les mâles, rose ou violacée chez les femelles). Son ombrelle, qui peut mesurer jusqu’à 40 cm de diamètre, est bordée de centaines de fins tentacules (jusqu’à 1 200). Les aquariums publics l’adorent et elles peuvent même être adoptées par des particuliers.
Le poids lourd des méduses: Le rhizostome ou poumon de mer (Rhizostoma pulmo)
Une méduse poids lourd, qui peut atteindre 80 kg pour un mètre de diamètre, mais qui reste inoffensive. Le rhizostome fréquente les eaux peu profondes du monde entier, souvent à proximité des côtes. Il a une ombrelle très bombée, aux bords finement dentelés soulignés d’un liseré bleu ou mauve. Ses quatre bras buccaux cachent souvent des bébés poissons (chinchards, bogues, etc.) : parasitisme ou symbiose, la question n’est pas tranchée.
Beauté fatale: La chrysaore ou méduse rayonnée (Chrysaora hysoscella)
Cette jolie méduse est urticante. Présente en Atlantique comme en Méditerranée, elle se rencontre généralement de mars à juin. C’est une grosse méduse dotée de vingt-quatre tentacules longs de deux mètres, et de quatre bras buccaux en forme de guirlande. Son ombrelle aux rayons bruns caractéristiques mesure de 10 à 30 cm et cache souvent de petits poissons.
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