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Comment s'organise la Fédération Française de Voile face aux mesures de confinement ? « Très vite, nous avions anticipé les annonces du gouvernement afin de protéger les collaborateurs avec la mise en place du télétravail. Nous nous sommes posé les questions sur les réactions à avoir en tant que fédération. Nous sommes avant tout une fédération de clubs et nous avons monté une équipe et une sorte de guide d’entretien pour mener une enquête auprès des 1100 clubs de la Fédération. L’idée est de garder le contact, expliquer les réglementations et faire remonter les différentes difficultés rencontrées, qui ont justement abouti à cette enquête qui s’est terminée dans les premiers jours d’avril. En plus des questions et difficultés, cela doit nous permettre de remonter des chiffres également car nous avons des projets à mettre en place, du matériel à acheter… Il faut évaluer les dégâts.
Notre deuxième réaction a été de mettre en ligne en parallèle toutes les infos Covid-19 ainsi qu’une page avec des idées d’occupation liées à notre activité (régates virtuelles, entraînement physique, etc.) afin d’occuper nos « voileux », de tous les âges.
Désormais nous sommes plus « dans le dur ». Nous sommes en train de regarder les conséquences de tout cela. Et notamment pour les Jeux Olympiques de Tokyo, qui ont été reportés en juillet 2021.»
Quels sont les impacts de ce report, notamment pour les athlètes sélectionnés pour les JO ? « La mission de la Fédération est de s’assurer que les athlètes qui vont aller aux JO, en 2021 donc, soient les meilleurs dans leur catégorie. Par exemple, un tandem qui serait déjà sélectionné et qui ne le sera plus dans un an (blessure, séparation), évidemment que la question se pose… Plein de choses peuvent arriver en un an. Il n’y aura pas de règle absolue : le but est d’emmener les meilleurs athlètes français dans toutes les catégories. De toute évidence, un équipage déjà sélectionné pour 2020, n’aura qu’un seul objectif : atteindre un niveau encore plus élevé pour 2021, c’est pour eux l’occasion de travailler et de progresser encore plus. Ce qui est une réaction saine. »
Les courses et tous les évènements nautiques sont annulés jusqu’en mai ? « Oui, nous avons recommandé aux clubs de ne pas accueillir de public jusqu’au 3 mai. Certains gros clubs font de la réparation actuellement, de matériel par exemple, et ils continuent cette activité avec quelques collaborateurs en respectant les consignes sanitaires. Mais les clubs sont fermés évidemment. En tant que Fédération, nous ne souhaitons pas aller trop loin et annoncer l’annulation des compétitions pour l’année entière, mais nous sommes plutôt glissants sur un mois. Nous avançons prudemment mais nous faisons en sorte que les clubs puissent s’organiser pour reporter des budgets par exemple, annuler des réservations hôtelières pour un événement, des sponsors, etc. »
Quelles seront d'après vous les leçons de cette crise ? L'après-confinement ? « Actuellement, nous échangeons tous les soirs afin de prendre les bonnes décisions et d’informer au mieux nos collaborateurs. Comme on dit en bateau, on est au taquet ! Cela fait réfléchir sur énormément de choses… Avons-nous besoin de nous voir physiquement aussi souvent ? De prendre des avions pour une réunion ? Avons-nous besoin de locaux qui au final ne sont occupés que 20% du temps ? J’espère que cela va changer le comportement des gens, il y a des choses à réfléchir et j’espère que les organisations vont également évoluer en conséquence.
Nous sommes dans l’économie sociale et solidaire, et il va y avoir des dégâts. Nous devons réfléchir à demain pour continuer à développer notre sport, qui est un sport de nature, compétitif avec de nombreuses vertus. Il y aura un après et il faudra que dans cet après, on arrive à développer autant, si ce n’est plus, notre sport.
En bateau, en équipage, c’est le collectif qui prime mais l’individu impacte le collectif si l’un va mal. Ce sont des valeurs que les marins ont en eux et savent, ce sont de vrais bons comportements de société. C’est la solidarité des gens de mer ! »
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