
Le mythique chantier Multiplast qui l’a vu naître, il y a donc un quart de siècle, nous a habitué à produire de grands oiseaux de course au large dont on tombe facilement amoureux. Il est beaucoup moins fréquent de tomber immédiatement sous le charme d’un multicoque de croisière offrant le confort d’un hôtel 5 étoiles. C’est pourtant le cas pour tout amateur de multicoque moderne quand il croise le sillage de Magic Cat. L’épure et la discrétion de ses lignes séduisent au premier regard. La bôme frôle le roof, comme un symbole de performance ultime. "Il semble que la perfection soit atteinte non quand il n’y a plus rien à ajouter, mais quand il n’y a plus rien à retrancher", disait St-Exupéry. Un aphorisme qui pourrait aurait pu être le mantra de Magic Cat tant il semble avoir inspiré sa conception et sa réalisation frisant la perfection. A l'arrière de chaque coque, un cockpit de barre et de manœuvres pour marins exigeants. Au centre, un espace de farniente au luxe simple et discret.

L’aileron qui réunit les trois bossoirs illustre l’attention toute aéronautique qui a été portée à chaque détail de conception, à commencer par une chasse presque obsessionnelle du poids. Le respect du devis initial, 24 tonnes lège, était ambitieux, mais crucial. C’est le secret de cette réussite. Même en condition tour du monde (30 à 35 tonnes) – réservoirs pleins, et indispensables pièces de rechange nécessaires à un long voyage en toute autonomie –, le comportement marin est remarquable. De quoi séduire au premier coup de barre novices ou connaisseurs qui se relaient à bord, heureux invités d’un gentleman propriétaire ou clients avisés de ce charter hors mouillages battus. Souplesse des mouvements, absence de chocs disent combien ce bateau est un véritable marin.

Si à l’extérieur on se croirait sur les légendaires catamarans de course de Bruno Peyron ou Grant Dalton, à l’intérieur, le changement d’univers est saisissant. Le meilleur de deux mondes réunis, en quelque sorte. A la barre, on se prend à rêver surfer dans le sillage de Jules Verne. Une hiloire enjambée, et quelques mètres parcourus, on se trouve à la table d’un Relais & Château. L’immense cuisine, de plain-pied avec le carré, permet aux heureux passagers de partager la dextérité du chef. Les tons du mobilier sont sobres et harmonieux. Le designer d’intérieur Franck Darnet a supervisé une mise à jour heureuse en 2009. Le mobilier allie esthétique du dessin et fonctionnalité en mer. Le Speedo affichant régulièrement entre 20 et 25 nœuds, d’autres repères d’espace-temps doivent se mettre en place : aller à Minorque depuis Sète le temps d’un week-end, faire un aller-retour Panama-Tahiti en 4 mois…Pour l’équipage professionnel présent en permanence à bord, préserver le bateau est un leitmotiv quotidien. Cela se voit, il est comme neuf et les milles qui défilent sans accroc, jusqu’à cumuler l’équivalent de quatre tours du monde !
