Les jumelles, incontournables à bord

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Bien que cet équipement ait disparu de la liste du matériel imposé, les jumelles restent incontournables à bord. Repérer un autre bateau, une bouée ou encore une entrée de port est bien souvent impossible à l’œil nu. Les jumelles sont là pour y remédier.

Bien que cet équipement ait disparu de la liste du matériel imposé, les jumelles restent incontournables à bord. Repérer un autre bateau, une bouée ou encore une entrée de port est bien souvent impossible à l’œil nu. Les jumelles sont là pour y remédier.

Comprendre les chiffres

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Grossissement 7 et 10

Les jumelles sont toujours définies par deux chiffres par exemple 10 x 50. Le chiffre le plus petit correspond au grossissement, le plus grand au diamètre de l’objectif. Dans notre exemple (10 x 50), le grossissement est de 10 et le diamètre de l’objectif de 50 mm. Les opticiens vous diront que ce terme de grossissement n’est pas correct, il faut plutôt utiliser rapprochement. En pratique, un objet placé à 1000 mètres, avec des jumelles d’un grossissement de 10, apparaît pour l’œil comme s’il était à 100 mètres (1000/10). Le diamètre de l’objectif détermine la quantité de lumière captée. A lui seul, il n’est pas significatif, il faut l’associer au grossissement pour connaître le diamètre théorique de la lumière au niveau de l’objectif c’est-à-dire de l’œil. Pour connaître ce chiffre, il faut faire le rapport entre le diamètre de l’objectif et le grossissement. Pour des 7 x 50, il est de 50/7 = 7,14 mm. Il faut toutefois prendre ce chiffre avec réserve car la qualité de l’optique joue un rôle important. La pupille de l’œil a un diamètre voisin de 7 mm lorsqu’elle est complètement dilatée. Avec l’âge, cette valeur diminue, elle n’est plus que de 5 mm à 50 ans. Pour que l’œil puisse capter un maximum de lumière, il faut que le rapport diamètre-objectif et grossissement soit du même ordre ce qui est le cas sur des 7 x 50. Une autre valeur, donnée dans les caractéristiques, est le champ visuel. Il correspond à la portion d’espace qu’un œil humain peut voir à 1000 mètres. Des jumelles 7 x 50 ont un champ, suivant les modèles, compris entre 120 et 130 mètres. Certains constructeurs donnent cette valeur en degrés, il faut savoir qu’un degré est égal à 17,50 mètres. Des jumelles qui ont un champ visuel de 7°, en donnent un de 122,5 mètres à 1000 mètres.

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Différence de diamètre

Revenons à l’œil, pour que la lumière qui sort des jumelles y pénètre, il faut que les yeux soient placés juste au point où se situe la pupille de sortie des jumelles.

Pour déterminer ce point et supprimer toute lumière parasite, les oculaires sont munis d’œillères. La distance comprise entre la dernière lentille de l’oculaire et la pupille de sortie, appelée distance pupillaire, caractérise l’aptitude des jumelles a être utilisées ou non par des porteurs de lunettes. La majorité des jumelles dispose de dioptries intégrées à chaque oculaire qui permettent de corriger la netteté sans avoir à porter de lunettes. Si votre vue ne permet pas une vision dans les jumelles sans que vous portiez vos lunettes, sachez qu’il existe des oculaires spéciaux.

Comprendre les différents composants : objectif, oculaire, prisme

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Jumelles en H

Trois éléments essentiels constituent la base des jumelles : un objectif, un oculaire tourné vers l’œil et un prisme chargé de redresser l’image.

L’oculaire est en fait une loupe qui permet de regarder à courte distance un objet. Mais, comme cet objet, n’est pas toujours à la même distance, pour que l’image formée par l’objectif soit nette, il faut que la distance objectif/oculaire soit réglable. Ce réglage, appelé focalisation, peut se faire de deux façons : par déplacement de l’oculaire par rapport à l’objectif ou par déplacement d’une lentille interne. En pratique, elle se fait par la rotation d’une bague moletée simultanément pour les deux yeux ou indépendamment. Simple comme principe mais qui demande une grande précision dans la réalisation. Les prismes redresseurs sont là pour retourner l’image. Sans eux, elle serait à l’envers comme dans une lunette astronomique. Deux solutions ont été retenues pour leurs dispositions internes soit le système Porro soit celui en toit. Les plus courantes utilisent les prismes dits de Porro, inventés par l’Italien Iglazio Porro vers le milieu de XIXe siècle. La réalisation est relativement simple et pour l’utilisateur, le réglage est pratique, leurs seuls défauts sont un encombrement relativement important et un manque de légèreté. Les modèles à prismes en toit encore appelés de « type H » n’ont pas ces défauts. Elles sont compactes, élégantes et plus légères. En revanche, la fabrication et l’alignement des prismes lors du montage sont délicats.

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Jumelles Porro

S’équiper à bord

Les jumelles sont des instruments optiques qui demandent, si l’on désire un produit de qualité et utilisable sur un bateau, de prendre en considération un certain nombre de points qui sont entre autres l’étanchéité pour une utilisation tout temps, la facilité de réglage, le grossissement, l’ouverture et le type de prismes.

Les jumelles étanches à l’immersion sont toujours remplies d’un gaz comme l’azote qui évite la condensation interne et la corrosion due à l’oxygène. Même par forte chaleur l’air chaud ne pénètre pas à l’intérieur, phénomène qui aurait pour conséquences de déformer la vision en la rendant trouble.

Des jumelles, dites étanches au ruissellement, ont une construction plus soignée que des jumelles standards, joint torique, mécanique mieux ajustée mais en aucun cas, elles ne sont étanches si elles ne sont pas remplies de gaz. Pour une utilisation terrestre, c’est un bon choix, pour une utilisation marine où les embruns sont souvent plus proches de l’immersion que du ruissellement, c’est moins évident.

Pour le réglage, tous les modèles possèdent des oculaires avec dioptries intégrées mobiles. Le déplacement des optiques agit comme une pompe et provoque une aspiration d’air qui peut contenir des impuretés. Lorsque la focalisation se fait par le déplacement d’une lentille interne, il n’y a pas ce phénomène de pompe mais le prix est plus élevé. On peut aussi s’orienter vers des modèles sans mise au point ou plus exactement à mise au point fixe (autofocus) ; là, pas de problèmes et ce type de jumelles est immédiatement disponible pour observer un événement rapide ; en contrepartie, cette mise au point automatique a une distance minimale qui se situe entre 10 et 20 mètres ; une mise au point manuelle permet de descendre à 5 mètres.

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Modèle standard avec compas

Un compas de relèvement intégré aux jumelles permet de faire un relèvement précis dans la mesure où l’on grossit l’amer relevé. Par contre, ce compas prend environ ¼ de la surface de l’oculaire ce qui limite la visibilité et, sur certains modèles, réduit le champ de vision à 1000 mètres de quelques mètres. Elles offrent l’avantage de pouvoir faire des relèvements lorsque la luminosité ne permet pas de faire des relevés avec un compas classique ; de plus, sur beaucoup de modèles, le compas interne est éclairé.

Les prismes, comme nous l’avons vu, sont de Porro ou en toit. Les deuxièmes permettent d’obtenir des jumelles plus compactes et, si on met le prix, d’excellente qualité.

Reste le grossissement et la luminosité. Un bateau ça bouge, il faut donc se limiter en grossissement entre 7 et 10. Pour la luminosité, un objectif de 50 mm est bien adapté. Il faut savoir que l’on trouve sur le marché des jumelles à stabilisateur d’image, bien utile lorsque les conditions de mer sont difficiles.

En résumé, des jumelles 7 x 50 étanches sont un bon compromis pour une utilisation marine.

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Commander 2024 7 x 50 sans compas

Deux tests pour bien choisir

Pour les sélectionner, ce n’est pas évident en particulier de jour voire dans un catalogue. Les jumelles doivent être testées de nuit. On vise un objet lointain, par exemple, une étoile, si l’image se dédouble orientez-vous vers un autre modèle. Vous pouvez également regarder la forme de la pupille dans les oculaires en tenant les jumelles à distance. Elle doit être ronde. Une grande marque vous évitera de faire une erreur.

Steiner 70 ans d’expérience

Depuis des dizaines d’années, Steiner a su s’imposer avec ses jumelles marines Commander qui sont reconnues parmi les meilleurs jumelles du marché dédiées au nautisme. Le nouveau modèle Commander 7 x 50 2024 intègre une nouvelle technologie optique de très haute résolution permettant d’obtenir : précision, contraste et prise en main quel que soit l’état de la mer. Parmi les principales caractéristiques, nous en avons retenu sept :

- Un champ de vision de 140 m à 1000 m.

- Les œilletons ErgoFlex qui protègent les yeux du vent et de la lumière latérale. Trois positions sont possibles : ergonomique, position droite façon cylindre ou position repliée pour les porteurs de lunettes.

- Le compas analogique de 40 mm. Gradué tous les 5 degrés, sa lecture est facilitée par le fluide exclusif Steiner qui permet un amortissement efficace même dans des conditions de mer difficiles. La taille XL du compas, associée à un éclairage très confortable à l’œil, permet une prise de relèvement rapide et très précise.

- Le poids, extrêmement résistantes et légères, grâce au boîtier Makrolon® (aluminium pour la légèreté et polycarbonate renforcé pour la résistance).

- La protection aux chocs grâce au gainage en caoutchouc NR-Longlife. Le boitier résiste à l’eau et à la poussière grâce à la Nano-Protection Steiner qui facilite également l’entretien. Les jumelles Commander sont résistantes aux hydrocarbures, à l’acide et à l’eau de mer.

- Elles sont pressurisées à l’azote, rendant impossible la formation de buée ou de condensation : étanches jusqu’à 10 m de profondeur, elles peuvent être utilisées dans une plage de température de -40 à +80°C.

- Les accessoires : les jumelles sont livrées avec une valisette rigide, des capuchons de protection pour les objectifs, une housse anti-pluie, une lanière flottante et une lanière de transport en néoprène avec système de fixation exclusif ClicLoc.

Elles sont importées par Plastimo. Prix 1 710 € TTC avec compas, 1 590 € TTC sans compas (garantie 30 ans).

L'équipe
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau est l’atout voyage et évasion de l’équipe, elle est passionnée de croisières et de destinations nautiques. En charge du planning rédactionnel du site figaronautisme.com et des réseaux sociaux, Nathalie suit de très près l’actualité et rédige chaque jour des news et des articles pour nous dépayser et nous faire rêver aux quatre coins du monde. Avide de découvertes, vous la croiserez sur tous les salons nautiques et de voyages en quête de nouveaux sujets.
Gilles Chiorri
Gilles Chiorri
Gilles Chiorri
Associant une formation d’officier C1 de la marine marchande et un MBA d’HEC, Gilles Chiorri a sillonné tous les océans lors de nombreuses courses au large ou records, dont une victoire à la Mini Transat, détenteur du Trophée Jules Verne en 2002 à bord d’Orange, et une 2ème place à La Solitaire du Figaro la même année. Il a ensuite contribué à l’organisation de nombreux évènements, comme la Coupe de l’America, les Extreme Sailing Series et des courses océaniques dont la Route du Rhum et la Solitaire du Figaro (directeur de course), la Volvo Ocean Race (team manager). Sa connaissance du monde maritime et son réseau à l’international lui donnent une bonne compréhension du milieu qui nous passionne.
Il collabore avec les équipes de METEO CONSULT et Figaro Nautisme depuis plus de 20 ans.
Sophie Savant-Ros
Sophie Savant-Ros
Sophie Savant-Ros
Sophie Savant-Ros, architecte de formation et co-fondatrice de METEO CONSULT est entre autres, directrice de l’édition des « Bloc Marine » et du site Figaronautisme.com.
Sophie est passionnée de photographie, elle ne se déplace jamais sans son appareil photo et privilégie les photos de paysages marins. Elle a publié deux ouvrages consacrés à l’Ile de Porquerolles et photographie les côtes pour enrichir les « Guides Escales » de Figaro Nautisme.
Albert Brel
Albert Brel
Albert Brel
Albert Brel, parallèlement à une carrière au CNRS, s’est toujours intéressé à l’équipement nautique. Depuis de nombreuses années, il collabore à des revues nautiques européennes dans lesquelles il écrit des articles techniques et rend compte des comparatifs effectués sur les divers équipements. De plus, il est l’auteur de nombreux ouvrages spécialisés qui vont de la cartographie électronique aux bateaux d’occasion et qui décrivent non seulement l’évolution des technologies, mais proposent aussi des solutions pour les mettre en application à bord des bateaux.
Jean-Christophe Guillaumin
Jean-Christophe Guillaumin
Jean-Christophe Guillaumin
Journaliste, photographe et auteur spécialisé dans le nautisme et l’environnement, Jean-Christophe Guillaumin est passionné de voyages et de bateaux. Il a réussi à faire matcher ses passions en découvrant le monde en bateau et en le faisant découvrir à ses lecteurs. De ses nombreuses navigations il a ramené une certitude : les océans offrent un terrain de jeu fabuleux mais aussi très fragile et aujourd’hui en danger. Fort d’une carrière riche en reportages et articles techniques, il a su se distinguer par sa capacité à vulgariser des sujets complexes tout en offrant une expertise pointue. À travers ses contributions régulières à Figaro Nautisme, il éclaire les plaisanciers, amateurs ou aguerris, sur les dernières tendances, innovations technologiques, et défis liés à la navigation. Que ce soit pour analyser les performances d’un voilier, explorer l’histoire ou décortiquer les subtilités de la course au large, il aborde chaque sujet avec le souci du détail et un regard expert.
Charlotte Lacroix
Charlotte Lacroix
Charlotte Lacroix
Charlotte est une véritable globe-trotteuse ! Très jeune, elle a vécu aux quatre coins du monde et a pris goût à la découverte du monde et à l'évasion. Tantôt à pied, en kayak, en paddle, à voile ou à moteur, elle aime partir à la découverte de paradis méconnus. Elle collabore avec Figaro Nautisme au fil de l'eau et de ses coups de cœur.
Max Billac
Max Billac
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Max est tombé dedans quand il était petit ! Il a beaucoup navigué avec ses parents, aussi bien en voilier qu'en bateau moteur le long des côtes européennes mais pas que ! Avec quelques transatlantiques à son actif, il se passionne pour le monde du nautisme sous toutes ses formes. Il aime analyser le monde qui l'entoure et collabore avec Figaro Nautisme régulièrement.
Denis Chabassière
Denis Chabassière
Denis Chabassière
Naviguant depuis son plus jeune âge que ce soit en croisière, en course, au large, en régate, des deux côtés de l’Atlantique, en Manche comme en Méditerranée, Denis, quittant la radiologie rochelaise en 2017, a effectué avec sa femme à bord de PretAixte leur 42 pieds une circumnavigation par Panama et Cape Town. Il ne lui déplait pas non plus de naviguer dans le temps avec une prédilection pour la marine d’Empire, celle de Trafalgar …
Michel Ulrich
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Après une carrière internationale d’ingénieur, Michel Ulrich navigue maintenant en plaisance sur son TARGA 35+ le long de la côte atlantique. Par ailleurs, il ne rate pas une occasion d’embarquer sur des navires de charge, de travail ou de services maritimes. Il nous fait partager des expériences d’expédition maritime hors du commun.
METEO CONSULT
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METEO CONSULT
METEO CONSULT est un bureau d'études météorologiques opérationnel, qui assiste ses clients depuis plus de 30 ans. Les services de METEO CONSULT reposent sur une équipe scientifique de haut niveau et des moyens techniques de pointe. Son expertise en météo marine est reconnue et ses prévisionnistes accompagnent les plaisanciers, les capitaines de port et les organisateurs de courses au large depuis ses origines : Route du Rhum, Transat en double, Solitaire du Figaro…