
Figaro Nautisme : Comment devient-on le directeur d’une marque aussi prestigieuse que Lagoon ? Thomas Gailly : J’ai un parcours finalement assez classique : durant mes études en école de commerce à Lyon, je devais faire un stage de 6 mois en entreprise. Etant originaire de Bordeaux, j’ai cherché dans ma ville natale et plutôt dans un domaine qui me plaisait et j’ai décroché mon stage chez Lagoon. En 1998, ce n’était pas encore le chantier que l’on connait aujourd’hui, mais j’ai adoré. L’ambiance, les personnes, le milieu du nautisme… J’ai toujours navigué, d’abord avec mon père étant enfant puis en régates à l’adolescence et enfin, en louant des bateaux avec des copains dès mes 21 ans. Après mon stage, j’ai poursuivi mes études en Australie. Diplôme en poche, nous sommes partis avec trois amis autour du monde. Non pas en bateau, mais dans un antique 4x4 dans lequel nous vivions… 37 pays visités en une année et demie. Il s’agissait d’un projet important autour de l’environnement et du développement durable, soutenu par de nombreux partenaires. En 2001, c’était assez novateur. Notre voyage a eu un retentissement suffisamment important pour qu’un éditeur nous offre de publier un livre « Des idées plein la terre » suivi d’une tournée de conférences. Un très beau projet, qui continue d’avoir une influence sur mes actions aujourd’hui.Après cette aventure, j’ai commencé à travailler chez Véolia. Puis l’envie de retourner dans le nautisme à commencer à me « titiller ». J’ai recontacté mon maître de stage de l’époque et j’ai rejoint le groupe Bénéteau en 2004. 21 ans après, j’y suis toujours. J’ai commencé chez Wauquiez puis CNB et enfin aujourd’hui Lagoon depuis 2017.
Figaro Nautisme : Comment expliqueriez-vous à un néophyte les avantages et les inconvénients de la navigation en catamaran ? Thomas Gailly : S’il y avait des inconvénients, je dirais que ce sont ceux de la navigation en général : un bateau, cela semble compliqué à gérer au premier abord. Quant aux avantages du catamaran ? Il rend justement le nautisme plus facile à appréhender. C’est un navire qui ne gîte pas, très stable donc sécurisant. Vous avez de l’espace et, je dirais, des espaces avec de nombreuses zones de vie bien séparées. L’intimité est réelle dans un catamaran de croisière. C’est une vraie valeur ajoutée pour les propriétaires ou locataires de nos bateaux. Depuis de très nombreuses années maintenant, le chantier Lagoon innove dans l’objectif de proposer des bateaux confortables et qui offrent une navigation « smooth », (littéralement lisse et onctueuse).
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Figaro Nautisme : Quelle est l’actualité du chantier ? Thomas Gailly : L’année dernière a été particulièrement riche, puisque nous avons fêté le quarantième anniversaire du chantier. Nous avons fait le choix de le fêter toute l’année avec de nombreux évènements, dont surtout la « World Escapade Lagoon ». Sur un même week-end ; partout dans le monde, depuis l’Australie jusqu’au Mexique, plus de 400 Lagoon ont navigué ensemble ! Plus de 2000 personnes pour fêter l’anniversaire de la marque, de manière ultra conviviale. Seul Lagoon, à mes yeux, est capable de proposer telle expérience. En 2025, l’année s’annonce aussi très intense avec la mise à l’eau et la livraison des premiers Lagoon 43 et 60 à nos clients. Nous présentons aussi deux versions innovantes des Lagoon 46 et 51 baptisées Iconic avec de nouvelles touches graphiques et un cockpit avant entièrement réimaginé, proposant un accès direct à la baignade. Enfin, nous lançons deux tout nouveaux catamarans : le Eighty 2, le vaisseau amiral de la flotte Lagoon avec ses presque 24 m de longueur qui sera dévoilé au public à Cannes en septembre 2025, et le Lagoon 38 qui a la lourde charge de remplacer dans le cœur des passionnés, l’emblématique 380. Il sera visible pour la première fois au salon international du multicoque de La Grande Motte fin avril 2025. Avec ces deux catamarans, nous sommes sur deux extrêmes : le plus petit et le plus grand, une production d’une centaine de bateaux pour le 38 et 6 à 7 unités pour le 82 avec une customisation totale et une finition de yacht. Tout le savoir-faire Lagoon…
Figaro Nautisme : Le nautisme est en pleine mutation, comment seront les bateaux sur lesquels nous naviguerons dans dix ou quinze ans ?Thomas Gailly : Le bateau de demain sera plus durable et plus responsable. Le groupe Bénéteau travaille vraiment dans ce sens, avec l’ambition d’embarquer toute la profession derrière lui. Lagoon est le seul chantier au monde à la fois certifié ISO 14001, 50001 et 9001 (normes environnement, énergie et qualité). L’idée est de concevoir et de construire des bateaux de plus en plus respectueux de l’environnement : avec des process de fabrication mesurés et moins énergivores, avec des matériaux bio-sourcés, recyclés, recyclables (résine, fibres, bois, selleries, etc). C’est aussi travailler à la longévité de nos bateaux, avec un effort permanent sur la qualité, voire même en les relançant pour une seconde vie, comme nous le faisons avec notre nouveau programme « NEO, le Refit by Lagoon ».Un bateau durable et responsable, c’est aussi un bateau qui propose des équipements qui permettent un usage responsable, et respectueux des zones où il navigue. Cela concerne aussi bien la motorisation que la gestion de l’énergie ou des déchets. Un aspect qui va de pair avec la sensibilisation des usagers en question, ce que nous travaillons à travers le Club Lagoon, qui rassemble les propriétaires. Et quand on parle d’usage responsable, il y a un autre sujet qui pour moi est primordial : celui des qualités véliques de nos catamarans. Si vous naviguez à la voile et y prenez plaisir, vous ferez moins tourner vos moteurs… Cela passe par la simplification des manœuvres, avec une ergonomie optimisée autour des postes de barre, ou avec des équipements innovants : c’est dans cet esprit que nous avons développé notre propre système de bôme enrouleur, disponible sur les Lagoon 46 et 51. Cela passe aussi par le travail sur les carènes, avec les architectes navals. Pour Lagoon et depuis plus de 40 ans maintenant, avec le cabinet VPLP aux multiples trophées, nous concevons nos catamarans pour qu’ils puissent emmener leurs équipages aussi loin qu’ils ont envie d’aller. Nos bateaux doivent vous permettre de transater confortablement, en toute sécurité, avec un comportement marin exemplaire et en étant… chargés de tout ce dont vous avez besoin à bord. Et ça marche : dans les mouillages les plus reculés à l’autre bout du monde, on tombe souvent sur un Lagoon, qui aura navigué jusque-là, à la voile. Et chaque année, sur la Transat ARC, nous avons quasiment systématiquement un de nos bateaux sur le podium…

Le bateau de demain sera aussi plus facile à utiliser, et donc ouvert à davantage de monde, que ce soit à l’achat ou en location. Nous venons d’évoquer l’usage à la voile, mais nous travaillons aussi à rendre les manœuvres de port plus facile, comme par exemple avec les systèmes de caméras que nous installons, très similaires à ce qu’on trouve sur les voitures aujourd’hui pour se garer. D’une manière générale, les bateaux seront de plus en plus connectés, c’est dans l’air du temps, et cela doit viser à faciliter l’usage : depuis quelques années, tous les Lagoon sont équipés de l’application Seanapps, système très abouti développé par le groupe Bénéteau, qui permet au propriétaire de suivre à distance les différents états de ses équipements à bord, et d’organiser la maintenance en lien avec son centre de service agréé.Enfin, je pense que les catamarans de demain seront de plus en plus personnalisables, afin de répondre aux attentes des utilisateurs, qui passent de plus en plus de temps à bord. Nous avons des propriétaires qui n’achètent plus un appartement mais un catamaran pour y vivre mais aussi y travailler. Certains font du télétravail, d’autres organisent leur vie en proposant des croisières à thèmes. Cuisine avec un grand chef, plongée, kite ou planche… Chez Lagoon, c’est quelque chose que nous maitrisions de manière historique sur nos grandes unités, avec une gestion en interne de la customisation selon les desiderata des clients. Mais nous le développons aussi sur le reste de la gamme avec des prestataires agréés pouvant répondre à ces attentes.
Figaro Nautisme : Lagoon en chiffres ?Thomas Gailly : Deux chiffres : 7000 et 233. 7000 ; Plus de 7000 Lagoon naviguent dans le monde. Nous sommes les leaders incontestés du catamaran de croisière. 233, c’est le nombre des points de services que vous trouverez aux quatre coins du globe, pour assurer une assistance rapide et répondre à tous les besoins de nos propriétaires.
Figaro Nautisme : question subsidiaire : quel sera votre prochaine navigation ?Thomas Gailly : L’année dernière, nous étions en famille à Minorque. Cet été, ce sera la Grèce, en famille et avec des amis. A priori, sur un Lagoon 46…