Barrage de la Rance : un anniversaire qui fait parler de lui

On a l’impression que depuis 50 ans, date de mise en service du barrage de la Rance, tout s’écoulait comme un long fleuve tranquille. Mais ce n’est pas tout à fait le cas. Les associations ont pris conscience des problèmes dont certains deviennent suffisamment préoccupants pour qu’elles sortent de l’ombre et se manifestent auprès des riverains, des plaisanciers, des communes… et des élus.

Le mois de novembre a été l’occasion d’une série de conférences principalement orientées sur l’envasement et ses conséquences, d’émissions sur France 3 Bretagne sur l’usine marémotrice et l’estuaire, d’articles dans la presse, et pour conclure, le 26 novembre date d’anniversaire, d’une manifestation sur le barrage suivie d’une conférence de presse. Deux articles ont déjà été consacrés à ce sujet, cependant une dernière mise au point prenant en compte l’avis des associations, des élus et de l’EDF ne me parait pas inutile.

Les associations : un travail de fond très documenté
Rance Environnement a organisé une série de conférences (4 en novembre), réunissant près de 500 personnes. Pour avoir assisté à l’une d’elle, je dois reconnaître que cette association est très bien documentée et propose depuis 2008 un projet global d’aménagement de l’estuaire et de gestion des sédiments. Le texte qui suit émane de cette association, je lui laisse la responsabilité des dires et des chiffres donnés.

« L’usine marémotrice retient 50 000 m3 de sédiments dans l’estuaire chaque année. Les limons et sédiments déversés par la Rance sont bloqués et ne sont pas diffusés par la mer : d’une part du fait de la barrière artificielle créée dans sa partie la plus large par le barrage et d’autre part à cause du mode de fonctionnement du barrage avec le blocage de l’eau pendant plusieurs heures qui favorise l’accumulation des sédiments. Elle demande avec le soutien des communes riveraines de l’estuaire, la mise en œuvre dès 2017 d’un dévasement annuel d’urgence de 150 000 m3 pendant 5 ans et de 100 000 m3 par an pendant 20 ans, un engagement et un financement de ce plan sur 25 ans par l’état et EDF. Pendant 20 ans (1996-2005) le contrat de la baie avait pour objectif d’extraire 1 million de m3 de vase. Seuls 193.000 m3 ont été enlevés. Depuis 2005 aucun plan d’envergure n’a été déployé. Le piège à sédiment du Lyvet a été réactivité en 2014-2015 avec une extraction de 65 000 m3. L’état actuel et sa projection dans l’avenir : 70% des surfaces envasées contre moins de 30% il y a 50 ans, 1 million de m3 de vase accumulée. Un impact sur la qualité de l’eau et sur la biodiversité, les vasières étant des écosystèmes très pauvres. A l’horizon de 30 ans et sans plan d’action, l’estuaire sera victime d’une double peine, son comblement au deux tiers, les zones marines transformées en vasières ou prés-salés. La cessation de l’usine marémotrice du fait (non tenable fin de concession/juridique). »

A la conférence de presse, les différents intervenants ont rappelé tous ces points. Certaines personnes sont pessimistes d’autre optimistes. C’est le cas de Didier Lechien maire de Dinan, président de Cœur Emeraude (Comité Opérationnel des Elus et Usagers de la Rance et de la côte d’Emeraude). Selon lui, un accord n’est pas loin d’être trouvé, on n’a jamais été aussi près du but. Il reste à discuter sur la quantité à extraire, la nature du plan pérenne des sédiments et du financement. C’est à l’Etat de prendre ses responsabilités pour que ce plan voit le jour et que son financement soit assuré. Je ne suis pas certain que ces paroles suffisent, entre autre, aux plaisanciers qui, plusieurs jours par mois, ne peuvent plus naviguer, s’envasent régulièrement et même s’échouent.

Un dossier de presse EDF sur lequel on peut s’interroger
Dans le dossier de presse de 16 pages que nous a remis EDF, on peut relever les points suivants que chacun pourra interpréter, en particulier, ceux qui naviguent en Rance.

« Augmentation de la fréquentation de l’estuaire depuis la construction du barrage grâce à la constitution d’un plan d’eau. 2 000 mouillages en 2015 contre 200 en 1959. Augmentation du trafic à l’écluse 20 000 bateaux en 2015 contre 6 000 en 1963. L’usine fonctionne au rythme des marées. L’ouvrage laissant passer les poissons, la richesse du peuplement piscicole de la Rance est supérieure à celle d’autres estuaires et baies y compris celle du Mont Saint Michel. Plus de 70 espèces de poissons et plus de 20.000 oiseaux de 230 espèces différentes ont été recensés. On retrouve les mêmes espèces que celles identifiées avant la construction du barrage. L’estuaire de la Rance ne présente pas plus de sédimentation que les estuaires voisins. Certaines parties de l’estuaire se sont érodées et ont vu la disparition des sédiments alors que d’autres parties, notamment celles situées en queue d’estuaire, ont vu s’épaissir la couche de sédiments de façon sensible. L’estuaire de la Rance jouit d’un plan d’eau abrité de 22 km² propice à la pratique de nombreux loisirs (plongée, voile, natation…) et la présence du barrage permet d’assurer un niveau minimal pour naviguer même à marée basse ».

La navigation en Rance
Comme je le signalais dans mon précédent article, l’envasement dans la partie entre Plouer et Le Lyvet rend la navigation difficile voire impossible lorsque le niveau à Saint-Suliac est à la cote 10 m pour un bateau calant 1,50 m ou plus. Depuis un an, l’envasement est de plus en plus important et à échéance rapprochée, la navigation deviendra impossible entre Mordreuc et le Lyvet.
 

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Nathalie Moreau
Nathalie Moreau
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Nathalie Moreau est l’atout voyage et évasion de l’équipe, elle est passionnée de croisières et de destinations nautiques. En charge du planning rédactionnel du site figaronautisme.com et des réseaux sociaux, Nathalie suit de très près l’actualité et rédige chaque jour des news et des articles pour nous dépayser et nous faire rêver aux quatre coins du monde. Avide de découvertes, vous la croiserez sur tous les salons nautiques et de voyages en quête de nouveaux sujets.
Gilles Chiorri
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Associant une formation d’officier C1 de la marine marchande et un MBA d’HEC, Gilles Chiorri a sillonné tous les océans lors de nombreuses courses au large ou records, dont une victoire à la Mini Transat, détenteur du Trophée Jules Verne en 2002 à bord d’Orange, et une 2ème place à La Solitaire du Figaro la même année. Il a ensuite contribué à l’organisation de nombreux évènements, comme la Coupe de l’America, les Extreme Sailing Series et des courses océaniques dont la Route du Rhum et la Solitaire du Figaro (directeur de course), la Volvo Ocean Race (team manager). Sa connaissance du monde maritime et son réseau à l’international lui donnent une bonne compréhension du milieu qui nous passionne.
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Sophie Savant-Ros, architecte de formation et co-fondatrice de METEO CONSULT est entre autres, directrice de l’édition des « Bloc Marine » et du site Figaronautisme.com.
Sophie est passionnée de photographie, elle ne se déplace jamais sans son appareil photo et privilégie les photos de paysages marins. Elle a publié deux ouvrages consacrés à l’Ile de Porquerolles et photographie les côtes pour enrichir les « Guides Escales » de Figaro Nautisme.
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Albert Brel, parallèlement à une carrière au CNRS, s’est toujours intéressé à l’équipement nautique. Depuis de nombreuses années, il collabore à des revues nautiques européennes dans lesquelles il écrit des articles techniques et rend compte des comparatifs effectués sur les divers équipements. De plus, il est l’auteur de nombreux ouvrages spécialisés qui vont de la cartographie électronique aux bateaux d’occasion et qui décrivent non seulement l’évolution des technologies, mais proposent aussi des solutions pour les mettre en application à bord des bateaux.
Jean-Christophe Guillaumin
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Journaliste, photographe et auteur spécialisé dans le nautisme et l’environnement, Jean-Christophe Guillaumin est passionné de voyages et de bateaux. Il a réussi à faire matcher ses passions en découvrant le monde en bateau et en le faisant découvrir à ses lecteurs. De ses nombreuses navigations il a ramené une certitude : les océans offrent un terrain de jeu fabuleux mais aussi très fragile et aujourd’hui en danger. Fort d’une carrière riche en reportages et articles techniques, il a su se distinguer par sa capacité à vulgariser des sujets complexes tout en offrant une expertise pointue. À travers ses contributions régulières à Figaro Nautisme, il éclaire les plaisanciers, amateurs ou aguerris, sur les dernières tendances, innovations technologiques, et défis liés à la navigation. Que ce soit pour analyser les performances d’un voilier, explorer l’histoire ou décortiquer les subtilités de la course au large, il aborde chaque sujet avec le souci du détail et un regard expert.
Charlotte Lacroix
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Naviguant depuis son plus jeune âge que ce soit en croisière, en course, au large, en régate, des deux côtés de l’Atlantique, en Manche comme en Méditerranée, Denis, quittant la radiologie rochelaise en 2017, a effectué avec sa femme à bord de PretAixte leur 42 pieds une circumnavigation par Panama et Cape Town. Il ne lui déplait pas non plus de naviguer dans le temps avec une prédilection pour la marine d’Empire, celle de Trafalgar …
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Après une carrière internationale d’ingénieur, Michel Ulrich navigue maintenant en plaisance sur son TARGA 35+ le long de la côte atlantique. Par ailleurs, il ne rate pas une occasion d’embarquer sur des navires de charge, de travail ou de services maritimes. Il nous fait partager des expériences d’expédition maritime hors du commun.
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